Dina a élevé une famille nombreuse avec un calme qui force l’admiration. Son sourire n’a jamais quitté son visage. Elle était toujours patiente, s’investissant corps et âme dans sa maison et ses enfants. Son mari jouissait aussi d’un traitement de faveur.

« Tu es une Echet ’Haïl (femme vertueuse) ! » la qualifia un jour sa voisine.

Dina l’a repris en disant :

« Si tu avais attendu comme moi dix ans pour te marier, tu aurais porté le joug de ta maison de la même façon que moi ! »

Rina suivit ’Haya des yeux. Cette dernière s’avançait doucement, ses trois petits marchaient à peine et elle allait bientôt accoucher. ’Haya était essoufflée et soupirait :

« C’est si pénible, ils sont tous en bas âge et je dois tout faire à leur place. Depuis qu’ils ouvrent les yeux jusqu’à ce qu’ils aillent dormir, je m’occupe d’eux, sans compter les courses et l’entretien de la maison. Je n’ai pas une seconde de répit et lorsqu’ils sont couchés, il y en a toujours un qui se lève. Je n’arrive pas à croire que dans une ou deux semaines, je vais devoir m’occuper en plus d’un nouveau bébé, qu’Hachem me vienne en aide ! »

Rina écouta tout le plaidoyer en silence, avec un regard compatissant.

« Ce sont des malheurs bien sympathiques ! » Pensa-t-elle, en son for intérieur.

Elle n’a pas encore eu le bonheur d’avoir des enfants et même si cela ne fait pas si longtemps qu’elle est mariée, elle ressent déjà la tension de l’attente.

« Quand j’aurai des enfants, rien ne m’incommodera ! Je sais avec certitude que je ne me plaindrai jamais. »
 

Lorsqu’un individu attend durant de nombreuses années, il arrive à estimer à sa juste valeur ses désirs et ses espérances. Il endure les épreuves comme les difficultés avec joie et sans se plaindre.

L’attente permet à l’individu d’intérioriser que rien ne va de soi. Il comprend qu’il ne peut pas avoir toujours ce qu’il veut.

Lorsqu’il finit par obtenir gain de cause, il prend conscience qu’il a reçu un cadeau inestimable et qu’il doit remercier D.ieu sans relâche !

Celui qui n’a pas eu cette épreuve d’attendre et d’espérer doit apprécier ce qu’il a et prendre du recul par rapport aux petites difficultés quotidiennes de la vie.

C’est à lui de chausser les bonnes lunettes qui lui permettront de voir ce qu’il détient déjà !
 

Le ’Hazon Ich nous enseigne : « Mieux vaut que l’homme prie et remercie D.ieu pour tous les bienfaits dont il bénéficie et qu’il n’ait pas besoin de L’invoquer en cas de malheurs qui l’inciteront à regarder d’un autre œil ce qu’il a ! »