Nous avons entendu de nombreuses histoires ces derniers jours, relatés par les nombreux élèves du vénérable Machguia’h, le Gaon Rav Dov Yafé, décédé il y a peu. L’histoire suivante, relatée par ‘Haïm Arié Weinberger, nous donne une leçon sur la conduite souhaitée envers une épouse qui s’investit toute la journée avec ses enfants, ainsi que sur la qualité d’humilité du Machguia’h et sur l’importance de l’étude de la Torah, et l’aide accordée au Ciel par ceux qui étudient la Torah.
Voici l’histoire relatée par ‘Haïm Arié Weinberger :
Il y a un peu plus de dix ans, mon maître et Rav, le Rav Dov Yafé, m’avait invité au festin de Pourim. Alors qu’il était de bonne humeur, et moi aussi, le Machguia’h s’adressa à moi : « ‘Haïm Arié, voudrais-tu me poser une question ? »
Et moi, comme un enfant insolent et un élève aimant et admirant son Rav, je répondis : « Oui. J’ai entendu une histoire, que j’aimerais raconter devant le Rav et la Rabbanite, et j’aimerais que vous me confirmiez l’authenticité ou non de ce récit ». Je commençai à parler :
« Il y a plusieurs dizaines d’années, quelques années après le mariage du Machguia’h avec son épouse, une querelle éclata entre eux. Ils organisèrent un jugement rabbinique devant l’oncle de la Rabbanite, le Gaon Rabbi Aharon Cohen, qui était devenu un père adoptif pour elle, et avait été aussi le Rav du Machguia’h dans sa jeunesse à la Yéchiva de ‘Hévron.
Ils exposèrent leurs arguments : "Chaque nuit, lorsque les bébés pleurent, nous nous disputons pour savoir qui va se réveiller cette nuit-là pour les bébés". Le Machguia’h Rav Dov prétend qu’il veut se lever et s’en occuper. Il soutient qu’il n’est jamais à la maison pendant la journée, et que sa femme est avec les enfants toute la journée, alors le soir, lorsqu’il rentre, il est souhaitable qu’il s’en occupe pour que son épouse se repose, c’est une véritable association !
La rabbanite Rivka, qu’elle ait une longue vie, prétend au contraire qu’il étudie toute la journée à la Yéchiva et est occupé avec les élèves et la Torah, et elle veut qu’il ait des forces dans la journée pour son œuvre sainte ; elle n’est donc pas d’accord qu’il se lève la nuit. Et ainsi, ils n’arrivent pas à s’entendre chaque nuit et se lèvent tous deux.
Rabbi Aharon Cohen écouta les arguments, réfléchit quelques minutes, puis annonça son Psak (décision halakhique) : « A compter d’aujourd’hui, vous faites une tournante, une nuit, tu te lèves, et la nuit suivante, le Machguia’h se lève. » C’était le compromis trouvé.
Tout était parfait, le soir où c’était le tour de la Rabbanite, les bébés pleurèrent et elle se leva, et le Machguia’h continua à dormir, comme prévu dans leur accord. La nuit suivante, une fois venu le tour du Machguia’h, il vit soudain sur sa montre que c’était déjà le matin, il n’avait pas tenu son engagement !
Le Machguia’h demanda à la Rabbanite pourquoi elle ne l’avait pas réveillé lorsque les bébés avaient pleuré. La Rabbanite démentit : elle ne s’était pas levée, aucun des deux petits ne s’était réveillé. Les bébés ne s’étaient pas réveillés du tout cette nuit-là !
Mais ce n’est pas fini, à partir de là, et ce pendant des années, le jour où c’était le tour de la Rabbanite, les enfants se réveillaient et elle se levait. En revanche, lorsque c’était son tour, les enfants ne se réveillaient jamais ! Il n’eut jamais besoin de s’en occuper la nuit ! »
J’ai achevé mon récit, et je demandai au Rav et à la Rabbanite si l’histoire était authentique.
Le Machguia’h me répondit en disant que ce n’est pas qu’ils ne pleuraient pas la nuit, ils ne se réveillaient tout simplement pas.
La Rabbanite, en revanche, se leva, et déclara : « C’est comme ça que ça s’est passé ! C’est exactement comme ça ! Pendant des années, lors de son tour la nuit, c’était le calme à la maison ! Et pendant mes nuits, le monde suivait son cours ! Voyez comme dans le Ciel on considère la Torah de mon mari ! »