Je ne suis pas de bonne humeur en vacances, ma femme peut en témoigner.
Privé de ma routine quotidienne, je deviens vite nerveux. Et lorsque je suis nerveux, je suis sur des charbons ardents. Et lorsque mes nerfs prennent le dessus, ma famille a tendance à me voir sous mon plus mauvais jour. Oui, je sais, je suis censé me détendre, me relaxer, et profiter de ces « moments féériques » immortalisés par les appareils photos et placés sur des sites Internet.

Mais, compte tenu de ce que je viens de dire, je me sens coupable d’être « mauvais » en vacances. Et du coup, les vacances sont bien moins relaxantes. D’où la conséquence : plus de nerfs. La relaxation n’est vraiment pas le domaine des hommes. Les hommes sont originaires de Mars. Nous aimons poursuivre des objectifs et résoudre des problèmes. Nous aimons nous rendre maîtres de toutes les situations. Nous ne nous accordons pas avec l’ambigüité. Lorsque nous sommes inactifs pour un bon moment, nous perdons le nord.

Dans cette situation, nous consultons une nouvelle fois nos mails et recherchons les investissements possibles de nos prétendus portefeuilles boursiers. Nous prenons un air occupé et ambitieux avec nos occupations en miniature.

Mais pourquoi, au juste ? Pourquoi nous renfermons-nous tant et devenons si distants justement à des moments où nous espérions être plus impliqués et présents ? Pourquoi sommes-nous agités et tracassés à des moments faits sur mesure pour le repos et la relaxation ?

L’anxiété est notre réaction naturelle à des perceptions de menace. Lorsque nous nous sentons anxieux, notre raisonnement est empreint de vulnérabilité.
Mais qu’y a-t-il de si menaçant dans une chaise longue et un peu de temps improductif ?
Croyez-moi ou non, bien plus que ce qu’il apparaît.

Le terme « vacances » provient du latin « vacare » qui signifie « vider. » Oui, les vacances, cela nous semble bien vacant. C’est toute l’idée, n’est-ce pas ? « Vider » nos cœurs du tourbillon d’activités, et goûter les joies plus profondes de l’existence ? Mais la liberté peut aussi être effrayante.

Pour les hommes, une fine ligne différencie le repos de l’agitation. Notre structure constitue notre santé mentale. Une menace à notre structure est une menace pour tout notre équilibre. Dans ce cas-là, nous devenons anxieux et détachés. Nous semblons distants, mais ce n’est qu’une coquille de macho, masquant notre crainte pas vraiment macho.

Ce que nous pensons alors : « À l’aide ! Où est ma routine ? Où est ma santé mentale ? »

Et notre réponse : « Rien. » Nous sommes des hommes, après tout. Nous n’avons pas vraiment appris à maitriser l’art de verbaliser nos vulnérabilités.

Au lieu de cela, nous attendons les vibrations de notre iPhone et les messages afin de nous sentir un peu utiles, mais, en vérité, pas assez utiles. Un peu de conscience de soi peut souvent faire la différence entre une pause hivernale et une dépression nerveuse hivernale. Voici quelques suggestions que je prescris pour moi-même et pour quiconque partage ma propension au trac des vacances…

1. APPRENEZ A CONNAITRE VOS RÉACTIONS

Certaines situations sont davantage génératrices d’anxiété que d’autres. Nous rencontrons tous des moments difficiles dans le domaine émotionnel. Vous savez, ces moments plus orageux de l’existence, lorsque nous brillons le moins et gémissons le plus.

S’il y a des « gendarmes couchés » devant nous, ils nous aident à nous préparer mentalement. Ralentissez le moteur. Plutôt que de dire : « Prêt ou non, le voilà devant nous », tentez plutôt ceci : « Le voilà devant nous, alors préparons-nous à sa venue ! »

2. PAS D’ACCUSATION, PAS DE HONTE

Il n’y a rien de mal à se sentir mal à l’aise lorsque le confort de notre routine quotidienne est brutalement remplacé par l’inconfort du vide.

Abandonnez le jeu des accusations. Laissez tomber le jeu de la mortification.
Les papas ont aussi le droit d’avoir peur parfois. C’est acceptable.

3. SOURIEZ, VOUS ÊTES EN VACANCES

Lorsque je cesse de combattre l’anxiété et commence à travailler avec elle, je peux diriger mon attention vers des choses plus importantes, comme ma femme et ma fille. Celles auxquelles je pense sans arrêt. A part maintenant, lorsque je suis vraiment avec elles !
Alors, j’effectue l’impensable…

J’éteins mon iPhone. Et mon iPad.
Je me déconnecte. Je ferme ma session. Je débranche.
Les e-mails peuvent attendre. Les tweets peuvent attendre. Les messages vocaux peuvent attendre.
Mais la vraie question est celle-ci : et moi, puis-je attendre ?
Puis-je sortir de mes écrans et pénétrer dans ma vraie vie ?
Pour reprendre une citation connue : « Je pense en être capable, je pense en être capable. »


Doni Joszef