Il est primordial d’établir une bonne communication, mais il est tout aussi vital de savoir se taire !
Quelle journée ! Ma fille de trois enfants est tombée malade, elle a vomi et pleuré sans arrêt, mon bébé aussi a souffert de maux de ventre. Ses cris ont fait trembler les murs. Et dans ce vacarme, les aînés sont devenus nerveux et se sont défoulés en se disputant sans discontinuer.
Lorsque j’ai songé à appeler une baby-sitter pour reprendre mon souffle et éviter une migraine carabinée, j’entendis de l’eau couler… Je découvris alors mon lave-linge en train de rejeter des quantités astronomiques d’eau.
Je respirai profondément et j’agis… J’appelai un réparateur, je baignai ma fille de trois ans pour la conduire chez le médecin, j’aidai mon bébé et je trouvai des occupations pour les plus grands, en essayant de créer une ambiance agréable.
Le soir, je m’affalai sur le canapé, épuisée, mais contente de moi. C’est alors que mon mari entra et tomba sur un papier important que je devais traiter depuis longtemps.
- « Tu as laissé ce dossier important en instance ? » me reprocha-t-il. « Comment est-ce possible que tu n’aies pas trouvé un instant cet après-midi pour t’y intéresser ? »
Puis, il leva les yeux sur la cuisine qui ressemblait à un vrai champ de bataille.
- « Comment se fait-il que la maison soit dans un tel état ? Pourquoi n’as-tu pas pensé à acheter du lait pour mon café ? » rajouta-t-il.
Je me suis tue, atterrée par ces remarques ! Je sentais une profonde douleur sourdre en moi.
Une pensée fugitive me traversa alors l’esprit :
« Cela ne lui ressemble tellement pas de parler ainsi ! Peut-être que quelqu’un l’a blessé au travail ! »
Mon silence a traduit mon jugement bienveillant à son égard…
Quand faut-il garder le silence ?
Nos Sages, de mémoire bénie, nous enseignent : « Ne tente pas d’apaiser ton ami lorsqu’il est en colère ! » (Traité de Avot 4,18)
Plus on tente de le consoler, plus l’homme devient irascible ! Etant donné que « le coléreux est tout à son courroux ! », il ne peut rien écouter d’autre ! Les mots d’apaisement créeront en lui une vive opposition et il s’enflammera encore plus !
C’est comme celui qui se trouve dans un tourbillon… Plus il lutte avec le courant, plus il s’aperçoit à quel point il est puissant. Il est préférable qu’il se laisse aller jusqu’à ce que le tourbillon cesse !
Il est insensé d’investir beaucoup d’efforts pour calmer celui qui se met en colère. Mieux vaut se taire, se garder d’agir jusqu’à ce qu’il retrouve seul ses esprits !
De plus, une fois rasséréné, l’individu éprouve des remords, des sentiments de culpabilité à s’être comporté ainsi !
A ce moment aussi il faut savoir se taire ! Il ne faut pas lui rappeler qu’il a le sang chaud et qu’il blesse trop souvent son entourage. Il le sait parfaitement même s’il semble l’occulter !
Des phrases telles que : « Tu ne sais pas combien j’ai souffert de ton attitude ! » ou « Quel comportement as-tu eu tout à l’heure ? » ou « Les enfants sont apeurés, il faut les réconforter… » ne font qu’ajouter de « l’huile sur le feu », car il se sent déjà fautif !
Il est conseillé d’avoir une conversation neutre sur ce qui ne va pas et essayer de résoudre le problème.
« Ce n’est pas facile ! Sûrement pas… C’est plutôt cornélien ! »
Celui qui agit ainsi ne s’imagine pas quelle récompense il mérite !
Nos Sages disent de lui (Traité de Chabbath 88b) : « Ceux qui ont été blessés et ne vexent pas en retour, écoutent les invectives sans répondre, la Torah les qualifie de : ceux qui L’aiment sont comparables au soleil levant dans toute sa puissance. »
Le silence, à ces instants, secoue terriblement le Ciel, ouvre les portes de la miséricorde et envoie le salut et les bénédictions à profusion !
Les invités s’étaient tus devant cette pluie d’injures…
Tous les yeux étaient rivés sur celui qui avait été attaqué, attendant la riposte… Il commençait d’ailleurs à ordonnancer ses idées pour mettre la situation au clair, une fois pour toutes… Mesure pour mesure !
Quelques instants avant qu’il ne se mette à l’insulter à son tour, quelqu’un posa une main sur son épaule et lui demanda de le suivre. C’est un inconnu qui se confia à lui :
« Je n’ai pas encore eu le bonheur d’avoir des enfants ! » lui dit-il, le visage larmoyant. J’ai tout essayé, mais en vain… Quand j’ai entendu cette personne vous insulter, une idée m’a traversé l’esprit : vous demander de garder le silence et de me donner le mérite de cet acte de bravoure. »
Attendri, il réfléchit et accepta de se taire. Un an plus tard, on lui annonça que cet inconnu serrait dans ses bras un petit bébé.
Lorsque tu serres les dents et ne sors aucun mot de ta bouche, tu acquiers le mérite de voir chacune de tes demandes exaucées par D.ieu