Il est onze heures du soir. Photo aérienne de trois maisons :
Réouven revient du Collel du soir et trouve une femme abattue, affalée sur le canapé.
De nouveau, elle lui serine la même rengaine : « Je suis si fatiguée, tu ne peux pas savoir combien je suis épuisée ! »
« Tu es fatiguée ? Va dormir, » lui répond Réouven ; c’est la réponse qu’il lui a faite hier et avant-hier. Et vraisemblablement, ce sera la réponse qu’il lui fera encore demain devant sa fatigue persistante.
Mais pourquoi ne comprend-elle pas ? Elle continue à se plaindre, passe du canapé au fauteuil, parle de sa fatigue éternelle, mais ne se hâte pas vers le lit.***
Chimon revient chez lui après avoir fait des courses et rencontre une femme aux yeux rougis par la fatigue.
« Je suis si fatiguée, » se plaint-elle, comme elle le fait tous les soirs. Elle veut continuer et entrer dans les détails, mais il l’interrompt brutalement : « Moi aussi, je suis fatigué ! »
Ce genre de propos les laisse tous les deux fatigués, frustrés et incapables de se comprendre l’un l’autre.
***
Lévi revient de son cours et rencontre une femme qui ressemble à un appareil dont la batterie est à plat.
« Je suis si fatiguée, » lui dit-elle d’une voix enrouée.
« Bien entendu que tu es fatiguée ! Il y a de quoi… » Il lui dit justement ce qu’elle a besoin d'entendre. « Tu commences à travailler dès l’aube, tu passes sans cesse d’une tâche à l’autre. Je me sens si coupable de ne pas te donner un coup de main. À ta place, je serais sur les genoux depuis longtemps… »
À ces mots, ses joues reprennent des couleurs. Elle se dirige fièrement vers la cuisine, toute revigorée, afin de préparer un bon gâteau dont elle vient de découvrir la recette dans le journal…
Les mots ont le pouvoir d’engendrer des révolutions, d’insuffler de la force et de recharger les batteries.
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« J’ai mal à la tête, je me sens étourdie, » dit Rina à son mari.
« Oh, ma pauvre ! Le mal de tête est quelque chose de très pénible, lui répond son mari avec empathie. Quand ça nous prend, on n’a pas la force d’agir. » Il aurait voulu aussi lui donner un conseil du style : « Bois un verre d’eau ou prends peut-être un cachet d’aspirine », mais, au lieu de cela, il hoche la tête en silence et la regarde gentiment.
« Je suis allée me coucher hier soir très tard et, en plus, Sara m’a réveillée toutes les deux heures. »
« Comme c’est dur d’être réveillée la nuit. Le temps que tu reprennes ton sommeil, te voilà déjà obligée de te remettre à l’ouvrage et d’être cent pour cent efficace… Moi, s’il m’arrivait la même chose, je serais pris de vertige. Chaque nuit, je t’admire davantage : comment parviens-tu à faire tout cela ? C’est un miracle que ce n'est que maintenant que tu sois prise de migraines ! »
Elle poursuivit son monologue : « Je pensais peut-être prendre un cachet d’aspirine. Je ne sais pas comment tu as réussi, mais je me sens de mieux en mieux. Tu m’as donné du courage ! Je n’ai plus mal à la tête. »
Un sourire éclaire son visage. Voilà, il a réussi à calmer ses migraines sans l’aide d’une aspirine.
Il la comprend, il la devine, et ce, après toutes ces années où chacun a travaillé ses Midot.
L’homme
Lorsque l’homme a un problème, en général, il cherche immédiatement une solution.
De même, il ne s’identifie pas avec la difficulté, car son cerveau est occupé uniquement à trouver une solution.
Par exemple, lorsqu’une femme se plaint d’être fatiguée, il lui dit d’aller se coucher.
La femme
Les femmes aiment parler, même si l’on ne leur donne pas de solution.
Le fait simplement de prendre part à leurs problèmes les aide au plus haut point.
Solution
Lorsque votre mari ne s’identifie pas à vos difficultés et ne fournit que des solutions, ne vous en offusquez pas, car c’est sa nature. Sachez qu’il agit de la même façon envers lui-même.
Cela vaut la peine de lui dire gentiment que lorsque vous lui faites partager vos problèmes, vous aspirez à sa compréhension et non à des solutions.
Dites-lui que, telle une baguette magique, l’empathie qu’il vous témoigne a le pouvoir de faire disparaître vos problèmes. Par exemple, lorsque vous êtes exténuée (comme le sont beaucoup des femmes juives qui travaillent au-delà de leurs forces), votre fatigue s’amenuisera si l’on vous témoigne de la compréhension.