On parle du Machia'h, mais on ne s'est pas encore penché sur sa personnalité. Essayons de lui dresser une « carte d’identité », comme ça, si vous le croisez, vous saurez que c'est lui.
Tout d'abord, voyons ce que le Rambam[1] a à nous dire à ce sujet :
“Et s'il se lève un roi de la maison de David, versé dans la Torah et qui se consacre aux commandements comme David son père, conformément à la loi écrite et orale, qui force tout Israël à marcher dans la voie de la Torah et à réparer les failles dans son observance et qui mène les guerres de D.ieu, celui là est présumé être le Machia'h. S'il agit et réussit, s'il construit le Beth Hamikdach (Temple) à son emplacement et s'il parvient à rassembler les exilés d'Israël, c'est le Machia'h avec certitude.”
Cette description, étant donné qu'elle se trouve dans un livre de Halakha est très « technique » et ne nous permet pas encore de bien cerner qui sera le Libérateur.
Par exemple, lorsque l'on dit qu'il sera « versé dans la Torah », on ne parle pas d'un « simple » Talmid 'Hakham (Sage).
En effet, sur le verset[2] : « Voyez, mon serviteur prospère, il s'élève, grandit, est placé très haut », le Midrach[3] explique : c'est le Roi Machia'h. Il s'élève plus qu'Avraham, il grandit plus que Moché, plus haut que les Anges du service. Et, se basant sur le mot « très », plus haut qu’Adam Harichon (le mot « très » en hébreu (מאד) est composé des mêmes lettres que Adam (אדם)).
Bref, vous avez bien compris qu'on parle d'un niveau spirituel qui nous dépasse totalement.
Mais il ne faut pas croire que le Machia'h obtiendra cela de naissance. Il s'élèvera tout d'abord normalement par un intense travail spirituel personnel afin de mériter de recevoir « l'âme du Machia'h » comme le dit Rabbi 'Haïm Vital[4] :
Le roi Machia'h sera évidemment né d'un père et d'une mère... et en ce jour là, à la fin des temps, lui sera octroyé « l'âme de son âme » et méritera d'être le libérateur. Tout comme Moché qui s'éleva spirituellement peu à peu jusqu'à la perfection de son âme...
Le 'Hatam Sofer[5] nous enseigne également :
Tout comme Moché Rabbénou, le premier libérateur, vieillit jusqu'à 80 ans et ne savait pas qu'il l'était, ainsi le dernier libérateur, quand viendra le temps, D.ieu se dévoilera à lui.
Ainsi, on voit que tout cela sera un processus. De l'état de Tsadik « normal », qui n'a absolument pas conscience d'être le libérateur, cet homme déjà exceptionnel méritera « l'âme du Machia'h », conservée au Gan Eden depuis la Création du monde.
Roi et Prophète
On l'a vu plus haut, le Machia'h sera un roi, et se comportera comme tel, fera des guerres, s'occupera des affaires de la Nation... Mais dans les lois sur la Téchouva (9,2) le Rambam dit aussi qu'il sera « d'une Sagesse plus grande que celle de Salomon et un grand prophète, proche de Moché notre maître. Ainsi, il enseignera au peuple le chemin de D.ieu ». On pourrait dire que ces deux fonctions font référence à deux périodes. Une première où le Machia'h devra faire faire Téchouva au peuple, affronter les Nations et éliminer le mal du monde : c'est la période Mélèkh, Roi, celui qui domine et ordonne.
Et une seconde, après la réparation totale du monde, quand il n'y aura plus vraiment besoin de la fonction « Roi », c'est le prophète et le Sage qui se dévoilera et montrera la voie de l'élévation spirituelle à Israël et au monde en général.
Un odorat très développé
Les Sages[6], se basant sur les prophètes[7], expliquent que le Machia'h saura juger par son odorat. Rachi commente : il « sentira » et saura qui est coupable. Et le Zohar[8] de rajouter : le roi Machia'h jugera par son odorat sans avoir besoin de témoins.
Posons-nous la question. Quel rapport entre l'odorat et le jugement ? Et en quoi est-ce si important que le Machia'h soit doté d'un tel don ?
Tout d'abord, qu'est ce que l'odorat ? Nos Sages nous enseignent[9] : quel est le sens qui donne du plaisir à l'âme et pas au corps, c'est l'odorat. En d'autres termes, l'odorat est le plus spirituel, le plus pur des sens. Un sens qui touche à l'essence de l'âme. Plus que cela, lorsque quelqu'un s'évanouit, on le réanime grâce au sens de l'odorat. Encore une preuve que ce sens touche au plus profond de l'être et pas seulement à ses couches superficielles.
Les jugements rendus de nos jours le sont d'après des preuves, des témoignages. Tout ceci donne au juge une certaine image de la situation mais qui reste partielle et superficielle. Il ne pourra jamais savoir si son jugement est parfaitement juste. De plus, un juge ne peut jamais vraiment savoir ce qui a poussé le coupable à fauter.
Le jugement du Machia'h sera différent en ce sens qu'il pourra voir, « sentir » l'essence même du cas qui se présentera devant lui. Pas seulement des élément épars de preuves et de témoignages.
Grâce à ce « super-sens », il saura se mettre exactement à la place de la personne en face de lui. Ainsi, lorsque se présentera devant lui un homme connu pour être un Tsadik, le Machia'h saura si cela est vrai ou bien si, inconsciemment, se cache encore en lui quelques restes de mal et ainsi pourra l'aider et le conseiller afin d'arriver à la perfection de son âme. À l'inverse, lorsque c'est un fauteur qui se présentera devant lui, il saura exactement pourquoi et comment il en est arrivé à fauter et saura alors lui donner les conseils les plus pertinents pour réparer son âme.
Puissions-nous enfin voir la réalisation de toutes ces prophéties rapidement et de nos jours. Amen.
[1] Lois sur les rois et leurs guerres chapitre 11 loi 4.
[2] Isaïe 52, 13.
[3] Yalkout Chim’oni sur Isaïe ibid.
[4] Arba’ Méot Chékel Kessef page 78.
[5] Likoutim à la fin des responsa sur 'Hochen Michpat paragraphe 98.
[6] Sanhédrin 93b.
[7] Isaïe 11 ,3.
[8] Partie 2, 78a.
[9] Traité Brakhot 43b.