Il y a quelque temps, la presse scientifique était en effervescence suite à la découverte de ce que l’on appelle "la première création artificielle de l’histoire scientifique." Les revues spécialisées titraient à la une "Révolution dans le monde scientifique" ou "Création ex- nihilo".
L’heureuse élue est une bactérie microscopique qui porte le nom de Cynthia, car elle est la première bactérie synthétique. Dr Craig Vanter et son équipe ont réussi à créer Cynthia par le biais d’un demi-million de souches d’ADN sélectionnées sur une longue chaine de cellules. Le génome artificiel a été inséré dans une bactérie existante, et a ainsi donné naissance à la première bactérie artificielle.
Peut-on vraiment parler d’une révolution ?
Lorsque l’on regarde de près, le Dr Craig Vanter n’a pas vraiment créé une nouvelle bactérie. Concrètement, il a recopié le génome d’une bactérie existante, étape après étape, jusqu'à ce que la carte d’identité génétique soit complète. Ensuite, afin que le génome artificiel soit actif, le Dr Vanter a dû injecter la bactérie dans une autre bactérie active qui se trouvait déjà dans le processus des cellules d’ADN, pour lui fournir les protéines nécessaires. En d’autres termes, le Dr Vanter a finalisé son travail avec succès.
En revanche, on ne peut pas minimiser la découverte. Après 20 ans de recherches, 4 millions de dollars investis, et l’utilisation d’outils technologiques les plus avancés au monde, le Dr Vanter a réussi en fin de compte à créer de ses propres mains une bactérie infiniment petite.
Au-delà de l’exploit technologique, la création de Cynthia suscite un autre intérêt. Le monde de la technologie et le monde philosophique se trouvent diamétralement opposés au pont de vue intellectuel. Ce n’est pas fréquent que la technologie arrive à impressionner le monde philosophique et ancien, mais avec Cynthia, on arrive à un événement hors du commun.
Depuis le début de l’Histoire, l’homme a compris que le monde repose sur des principes extrêmement coordonnés. L’œil, l’aile de l’oiseau, ou le système acoustique de la chauve souris, ne sont que quelques exemples de la merveilleuse organisation de notre monde. L’existence d’un agencement parfaitement synchronisé démontre, ou tout au moins laisse supposer, la présence d’un " architecte". Ainsi, le monde philosophique arrive à conclure qu’il existe une entité qui dirige le monde.
Cet "argument du Créateur ", comme le dénomment les philosophes, a continué à se développer tout au long de l’histoire intellectuelle de l’homme, à commencer par la métaphore de la maison utilisée par Rabbi Akiva contre les hérétiques de son époque, ou encore la métaphore de la montre enseignée par le Professeur Failey en 1900 dans le même contexte.
Mais voici environ 300 ans, cet argument a été quelque peu malmené par le philosophe de la pensée unique, David Yom. Il a établi une série de preuves philosophiques qui démontrent la fin de "l’argument du Créateur". Parmi ses preuves, il argumente que cela n’est plus d’actualité : la présence d’une montre prouvant qu’il y a un horloger est évidente car les montres sont fabriquées par les horlogers, comme nous le savons tous. Cependant, la création de la vie est déjà une autre histoire. Nous n’avons jamais vu une entreprise de fabrication d’organismes vivants, nous explique David Yom, et c’est pour cela que nous ne pouvons pas être certains de l’existence d’un créateur au monde.
De nombreuses thèses ont été établies pour invalider les arguments de David Yom, mais à présent que Craig Vanter a créé une bactérie, c’est un véritable coup de massue à la théorie de David Yom. Désormais, il est difficile de dire que personne n’a assisté à la création d’organismes vivants lorsque la science prouve le contraire. La bactérie et la montre se retrouvent dans la même catégorie. Les deux entités représentent une technologie de haut niveau fabriquées par des ingénieurs qualifiés.
La montre témoigne d’un horloger. Mais de quoi témoigne la bactérie ? Si la copie d’une simple cellule vivante est le résultat d’un génie technologique du niveau de Craig Vanter et de son équipe, quel est le niveau nécessaire pour créer une cellule vivante plus complexe ?
Ainsi, sans le savoir, la preuve philosophique sur laquelle s’appuyait David Yom vient de disparaitre. Et ceci grâce à une bactérie microscopique.