Les hommes de peu de foi croient que la Parnassa vient du Ciel uniquement lorsque les événements se déroulent de manière logique à leurs yeux, mais dès l’instant où il leur semble que les frais dépassent les proportions et la norme acceptable, ils sont angoissés et décident qu’il est de leur devoir « d’aider » D.ieu à subvenir à leurs besoins…
Le Tsadik Rabbi Yéhouda Ségal zatsal de Manchester, en Angleterre, relate l’histoire d’un Avrekh, résident de sa ville, qui décida, d’un commun accord avec son épouse, de se consacrer corps et âme à l’étude de la Torah. L’Avrekh étudiait avec une immense assiduité, et sa femme dévouée menait de main de maître toute la bonne marche du foyer. Les parents des deux côtés les soutenaient généreusement, et même des amis proches qui s’émerveillaient de ce dévouement, assez peu fréquent dans leur communauté, leur donnaient de temps en temps de l’argent de Maasser. A la naissance de leur cinquième enfant, on n’enregistra aucun changement dans le programme de l’Avrekh et de son épouse, et les connaissances et proches commencèrent à froncer les sourcils. Le temps n’était-il pas venu de se soucier d’un moyen de subsistance stable ? Au final, une famille de sept personnes doit trouver un moyen de subsistance. Il n’est pas possible de se suffire d’une bourse et de dons, et l’épouse était occupée du matin au soir à l’éducation de ses enfants !
Mais il était facile de percevoir l’étroitesse dans laquelle ils vivaient. Avec une grande Emouna, la mère se servait du minimum possible pour leur procurer le minimum vital à sa famille.
Au fil des ans, cinq autres enfants se rajoutèrent à cette famille. La famille de l’Avrekh comptait désormais 10 enfants. Les questions de l’entourage se transformèrent en souci réel et sincère.
A ce stade, les parents de l’Avrekh décidèrent de se mêler de cette affaire, en dépit de la gêne éprouvée. Ils appelèrent leur fils, et au terme d’une conversation exigeante et sans compromis, ils lui firent entendre qu’il devait assumer la responsabilité de sa famille, et s’il continuait d’étudier, ce serait déraisonnable de sa part.
Mais ces propos ne firent pas grande impression sur leur fils assidu. Il répondit à ses parents, avec tout le respect dû, que c’était une décision commune : son épouse et lui-même voyaient dans ce mode de vie un but sacré et étaient persuadés de tout cœur que D.ieu leur fournirait tout ce dont ils avaient besoin.
Les parents s’inclinèrent devant sa détermination, mais lorsqu’ils apprirent la naissance du onzième enfant, leur inquiétude refit surface. Ils répétèrent leur avis à leur fils : il devait chercher un travail pour subvenir aux besoins de sa famille nombreuse et cesser de croire aux miracles. Compte tenu des leçons du passé, ils modifièrent légèrement le ton, et tentèrent de s’adresser à son cœur en le persuadant de trouver un poste partiel qui lui permette d’étudier chaque jour un nombre d’heures respectable, tout en restant un Ben Torah.
Zéro, rien n’y fit. La sérénité de l’Avrekh et de son épouse n’en fut pas ébranlée, la moindre fissure dans leur engagement ne fit pas son apparition.
Ils restèrent forts et solides même après la naissance de leur douzième enfant. Avec le sourire, la sérénité et se satisfaisant du minimum, ils continuèrent leur petite vie dans la foi et la confiance que D.ieu continuerait à subvenir à tous leurs besoins.
A la naissance du treizième enfant, les grands-parents eurent du mal à dormir la nuit tant ils étaient soucieux, et un conflit fut prêt d’éclater avec leur fils.
Or, quelques jours après la Brit-Mila de leur fils, un incident étrange eut lieu.
Le soir venu, au retour de l’Avrekh du Collel, il aperçut une grosse enveloppe brune dans la boîte aux lettres. Il vit qu’elle portait le symbole de l’Etat et l’expéditeur était le Tribunal du district local.
Quel rapport entre lui et le tribunal ? Il ne trouva aucune explication plausible. Il ouvrit l’enveloppe et lut attentivement le contenu de la lettre qui lui était adressée. Il était convoqué à se rendre au tribunal pour l’exécution d’un testament de M. John P. Kalbury, décédé à une date x.
Il relut le nom. John P. Kalbury ? Qui était-ce ? Il n’avait jamais eu affaire à un homme de ce nom !
Intrigué, il montra la lettre à son épouse. Elle n’avait pas non plus la moindre idée de l’identité de l’homme et ils pensèrent tous deux qu’il s’agissait d’une erreur.
L’Avrekh se pressa de rédiger une réponse au tribunal pour leur faire part de leur erreur. Mais quelques jours plus tard, ils reçurent une nouvelle lettre du tribunal où il était écrit noir sur blanc qu’il n’y avait aucune erreur et que d’après la loi, il devait se présenter le jour et l’heure indiqués pour cette audience.
Privé de choix, l’homme se rendit le jour indiqué au tribunal, déterminé à leur prouver leur erreur.
Mais il s’avéra que M. Kalbury était un homme riche, qui possédait deux grandes usines et des biens d’une valeur d’un demi-milliard de livres sterling, mais il n’avait jamais eu d’enfants. Il était décédé récemment et avait laissé un testament original : il léguait toute sa fortune à la plus grande famille de la ville.
« Nous avons vérifié dans les registres de la ville, déclara le juge, et avons vu que votre famille est la plus nombreuse de Manchester. Vous êtes donc le propriétaire légitime de ces biens !
« Mais cependant - et là, un fin sourire se dessina sur le visage du juge - je tiens à préciser que jusqu’il y a deux semaines, il y avait une autre famille de douze enfants, mais le dernier fils que vous venez d’avoir vous a hissé à la première place. Et l’héritage vous revient d’après la loi ! »
« Lorsqu’un enfant (mâle) vient au monde, il vient avec sa miche de pain » (Nida). D.ieu, qui envoie la Brakha des enfants, envoie également l’argent nécessaire à leur éducation.
Une semaine plus tard, notre Avrekh assidu offrit un somptueux Kiddouch aux fidèles de sa synagogue. « Béni soit l'homme qui Se confie en l'Eternel, et dont l'Eternel est l'espoir ! »