Bien sombre anniversaire.
Il y a 50 ans, le 5 septembre 1972, 11 sportifs de la délégation israélienne aux JO de Munich étaient sauvagement assassinés.
La lecture du déroulement de cette prise d’otage est un calvaire, non seulement pour l’affect, mais également pour l’entendement : tout, dans les moindres détails, fut géré par les autorités allemandes avec amateurisme, nonchalance et lâcheté. Et il semble même, comme on le découvre aujourd’hui, avec malveillance.
Histoire d’un fiasco
L’Allemagne des années 70 est principalement soucieuse, 25 ans après la fin du conflit sanglant qu’elle a provoqué, de se faire un lifting.
Les Olympiades drainent des messages de paix, de solidarité internationale, de fair-play sportif et sont un terrain idéal pour présenter au monde le nouveau visage de l’Allemagne, « die neue Deutschland ».
Le gouvernement de Willy Brandt insiste pour que les Israéliens soient présents aux JO de Munich : sans eux, la grande fête de la réconciliation ne peut pas commencer car il faut des accolades, des médailles, des drapeaux colorés, pour prouver que définitivement une page de l’Histoire a été tournée.
Ce que l’on sait aujourd’hui, c’est que les services de renseignement allemands avaient reçu des avertissements par 3 fois quelques semaines avant le début des Jeux, selon lesquels des factions terroristes palestiniennes, associées à la cellule de Septembre Noir, avaient l’intention de faire un coup d’éclat à grande échelle sur une scène internationale. Mais les mises en garde n’avaient pas été prises au sérieux.
Par contre, la police allemande avait reçu l’ordre d’assurer la protection du village olympique, paradant en civil, sans armes (?!), pour que règne une atmosphère détendue et surtout pour faire oublier le souvenir des Jeux de Berlin 1936, où les gradins pullulaient de Nazis, Hitler étant alors en pleine ascension politique.
Des témoignages de sportifs de l'équipe israélienne de 1972 révèlent leur étonnement devant la pauvreté des services de l’ordre, supposant naïvement que la police allemande avait certainement mis en place un réseau caché d’hommes armés prêts à toute éventualité.
La bâtisse qui abritait les sportifs israéliens se trouvait être pratiquement mitoyenne à la clôture encerclant le village olympique, très facilement franchissable. Mais les Allemands ne donnèrent pas suite à la demande de la délégation israélienne d’assigner à ses athlètes une localisation plus sûre.
Lors de la prise d’otage elle-même, le 5 septembre au petit matin, l'Allemagne refusa qu’Israël envoie ses unités d’élite pour gérer la situation. Une police dépassée ira chercher en catastrophe 5 de ses hommes, habitués à s'entraîner au tir dans un club amateur, qui serviront de “tireurs d’élite” improvisés, leur fournissant des armes à canon court, qui n’avaient même pas de lunettes télescopiques.
Toute la gestion de l’événement s’avérera catastrophique. 2 Israéliens seront déjà abattus le 5 septembre au matin et le corps de l’un d’eux, Moché Weinberg, sera jeté par la fenêtre des dortoirs. Les Palestiniens feront savoir que les otages seront éliminés un à un, si 232 terroristes incarcérés dans les prisons israéliennes ne sont pas libérés.
En attendant, les Jeux et leur grand message d’humanité se poursuivent : les téléspectateurs pourront suivre simultanément sur leur petit écran la prise d’otage sur l’image de droite et le lancer du javelot à gauche...
Show must go on
Golda Méïr, Premier ministre à l’époque, refusera toute négociation avec les terroristes. L’Allemagne proposera (plusieurs versions existent sur ce point) d’affréter un avion pour Le Caire qui emportera ce « casse-tête » loin d’eux. Les terroristes accepteront et on préparera 2 hélicoptères qui transporteront en tout 9 otages et 8 terroristes du village olympique vers l’aéroport militaire de Fürstenfeldbruck.
C’est sur la piste d’atterrissage de cet aéroport qu’aura lieu le tragique dénouement d’une opération lamentablement gérée. Même les véhicules blindés envoyés à la rescousse n’arrivent pas à se frayer un chemin sur les routes encombrées de journalistes et de curieux entourant les lieux. Le commando allemand qui devait surprendre les Palestiniens dans l’avion, pris de panique, abandonnera l’avion sans même le faire savoir à ses supérieurs. On croit rêver.
Les Palestiniens ouvrent le feu sur les hélicoptères et abattent 5 otages ligotés, y jetant ensuite une grenade et mettant le feu à l'appareil ; dans l’autre ils tirent à bout portant sur les 4 sportifs restants.
Les 3 terroristes, restés en vie lors de la fusillade, seront capturés et emprisonnés pour être libérés 2 petits mois plus tard, alors qu’un nouveau détournement d’avion aura lieu en octobre sur un appareil de la Lufthansa, exigeant leur libération.
Tout fut mal qui finit mal.
Après le drame, le comité des Jeux, présidé par Avery Brundage, décide d’interrompre les épreuves sportives pour… 24 heures. Occupant ce poste déjà lors des Jeux de Berlin en 1936, il avait alors évincé de l’équipe américaine 2 athlètes juifs, Sam Stoller et Marty Glickman, pour ne pas embarrasser Hitler, et avait pesé de tout son poids pour que les USA ne boycottent pas Berlin.
Après le meurtre des sportifs israéliens, c’est lui qui prononcera son fameux : “Les Jeux doivent continuer”…
En deuil, effondrée, le reste de la délégation israélienne rentrera à Tel Aviv, avec 11 cercueils.
Aucun pays arabe n’acceptera de mettre son drapeau en berne sur la place de l’Olympe, à part la Jordanie.
“Der Spiegel” dévoile…
Les journalistes du grand magazine “Der Spiegel”, ont trouvé des documents attestant que le gouvernement allemand a été depuis l’attentat de Munich sans cesse en relation avec les cellules de terreur palestinienne, allant jusqu'à leur proposer de l’argent et une représentation de l’OLP en Allemagne, en échange du calme sur leur territoire.
Pour les commémorations du cinquantième anniversaire de cette tragédie, ce 5 septembre 2022, l’Allemagne a tenu à ce que les familles des sportifs assassinés soient présentes. Ces dernières ont tout d’abord refusé l'invitation. Le chancelier Scholz a alors promis l’ouverture des dossiers cachés jusque-là, et une augmentation significative des dédommagements aux familles. Mais en Allemagne, les langues se délient vite, les vieux automatismes font surface et déjà on parle de la cupidité juive qui n’accepte de venir aux cérémonies de ses défunts qu'après des pourparlers d’argent…
Par contre, la vénérable Deutschland, généreuse, avouant ses manquements et promettant la transparence, sort embellie de ce triste jubilé.
Mais laissons le dernier mot aux chiffres :
Une enquête réalisée par la Bertelsmann Stiftung, institut de recherche social, révèle lors d’un sondage incluant plus de 1200 personnes des données excessivement intéressantes sur le ressenti entre Israël et l’Allemagne en 2022.
On y apprend que si 63% des Israéliens ont déclaré avoir une bonne opinion de l'Allemagne d'aujourd'hui - seuls 46% des Allemands ont dit la même chose à propos d'Israël.
49% des répondants allemands sont d'accord avec l'affirmation selon laquelle il faut tirer un trait sur le passé, alors que parmi les Israéliens, ce nombre n'est que de 14 %.
Un pourcentage extraordinaire de 24% des Allemands ont déclaré qu'ils étaient "tout à fait" ou "plutôt" d'accord avec l'affirmation selon laquelle les Juifs ont trop d'influence dans le monde.
Et la cerise sur le gâteau :
Alors que le président Ma’hmoud Abbas a le mois passé, le 16 aout 2022, été critiqué pour avoir déclaré qu'Israël avait causé “50 holocaustes au peuple palestinien”, quelque 36 % des Allemands étaient d'accord avec l'affirmation selon laquelle le traitement des Palestiniens par Israël n'était en principe pas différent de ce que les Nazis avaient fait aux Juifs.
Les Allemands, dans une large partie, continuent à ne pas nous aimer. Ils alimentent d’ailleurs très généreusement le financement d’organismes pro-palestiniens, comme l'UNRWA. Leur compassion pour les réfugiés soulage leur conscience en nous mettant, nous, leurs anciennes victimes, du côté des “méchants”. Le système éducatif palestinien est principalement subventionné par l’Allemagne : on ne trouve pas dans les livres d'histoire une seule mention de la Shoah, et le massacre de Munich est présenté comme ”opposition légitime au sionisme.”
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Nous n’aurions pas dû accepter leur invitation. Ni pour festoyer en 1972, ni pour se recueillir en 2022. Notre place n’est pas à côté d’eux.
Les échanges diplomatiques que l’Etat Hébreu se doit d’entretenir avec les nations ne peuvent pas nous faire oublier qu'à 15 km au nord-ouest de Munich, se trouve une petite localité bavaroise du nom de Dachau qui abrite un camp maudit où 30 000 Juifs ont trouvé la mort dans des supplices que le Diable lui-même ne connaissait pas.
Nos Sages, de mémoire bénie, nous auraient conseillé de rester très, très circonspects à leur égard.