Le célèbre Machguia’h, Rav Méir ‘Hadach zatsal, raconta un jour comment il avait échappé à une mort certaine. En observant les événements qui se déroulent autour de nous, nous pouvons comprendre à quel point le Saint béni soit-Il supervise chaque détail de la vie de l’homme.
« Cette histoire se déroule dans les jours qui ont suivi la Révolution russe, où le Tsar Nicolas a été écarté du trône, relate le Rav ‘Hadach. C’était une période où régnait le chaos. Le Tsar était destitué, mais aucune autorité stable n’avait pris le pouvoir à sa place. C’était une période sans gouvernant, et toute personne agissait comme bon lui semblait, toutes sortes de groupuscules opéraient en suivant leur bon vouloir. Ils avaient en commun une chose : ils se livraient au pillage et à la violence, au vol et au saccage, dépouillaient les riches et détruisaient le commerce et l’économie. »
Et le Machguia’h de poursuivre : « Parmi ces groupes d’hommes armés se trouvait un groupe particulièrement dangereux. Créé par un bandit nommé Petlioura, tous ses hommes armés se faisaient appeler par son nom "Les Petliourskim". Ils faisaient régner la terreur, en particulier chez les Juifs. Ils se promenaient avec des pistolets en main, faisaient régner la violence et le pillage, frappaient et tuaient, et se déchaînaient particulièrement contre les Juifs. Tout Juif qui sortait dans la rue se mettait en danger, car ces hommes étaient cruels et tuaient de sang-froid, sans y réfléchir à deux fois, et un grand nombre de Juifs furent tués dans ces massacres ! »
« Un jour, je fus obligé de sortir de la maison. Je réussis à parcourir une petite distance, mais, immédiatement, l’un des assassins de ce groupe apparut et se saisit de moi. Je compris de suite que mon sort avait été scellé et qu’il ne me restait plus qu’à réciter le Vidouy. »
« Il m’attrapa de force et me conduisit à un poste de police. Je réussis à réciter cinq fois le Vidouy en chemin, et, dès qu’il me fit entrer au poste, il me plaça contre le mur en prévoyant de m’exécuter, il recula de deux mètres, pour pouvoir bien viser ma tête, mais il lui semblait que je n’étais pas bien posté par rapport à son arme. »
« Il est facile de décrire la crainte de la mort qui se saisit de moi, se rappelle le jeune Méir de l’époque. Les pensées qui se bousculèrent dans mon esprit étaient effrayantes, je savais que c’était mes derniers instants, et je me sentais impuissant », décrit le Machguia’h.
« Cet homme cruel n’était pas prêt à bouger et s’entêta pour que je me déplace en face de la ligne de mire… Il me hurla dessus : "Bouge !!!". J’étais prêt à l’écouter, je savais que ce pas n’allait pas modifier ce mauvais décret, et cela n’allait rien changer de me déplacer de quelques centimètres. Mais mon corps ne m’obéit pas, mon sang se glaça dans mes veines, et, malgré ma bonne volonté, je n’arrivai pas à bouger, j’étais paralysé.
Le meurtrier continua de hurler et de me maudire : "Je ne bougerai pas, mais toi, bouge-toi !". Et moi, comme je l’ai dit, j’en étais incapable ! »
La fin est surprenante : « Au milieu de ces cris, une petite fenêtre s’ouvrit sur un bureau adjacent, et un officier lui demanda : "Pourquoi cries-tu tellement ?". Et le meurtrier de répondre : "J’ai amené un youpin pour le tuer, je lui demande de se déplacer vers la ligne de mire, mais il refuse…". L’officier le réprimanda et lui dit : "Laisse-le, laisse-le partir". Le meurtrier baissa son arme et m’ordonna : "Va t’en !". »
« Je suis sorti dehors, conclut le Machguia’h, et je me suis dit : Maître du monde, Tes actes n’ont pas leur égal, ma vie m’a été donnée en cadeau, c’est une vraie résurrection des morts, je suis une nouvelle créature, et, à partir de là, j’ai réalisé la force de toute action du Saint béni soit-Il, le fait d’avoir introduit en moi cette peur mortelle qui m’a paralysé et a conduit finalement à mon sauvetage. »