Sassi Carco, 66 ans, est un pur produit “made in Israël”, sans agent conservateur et sans colorant artificiel. Grand gabarit, taille XXL, Kippa sur un crâne chauve, des yeux bons et déterminés : c’est un homme d’action et de cœur.
Il travaille depuis 48 ans à Egged, la grande compagnie de transport israélienne, et y a occupé presque tous les postes, dont celui de responsable du service client et réclamation, qu'il dirige depuis 10 ans.
Comment transformer un travail qui aurait pu être ingrat, en une mission humanitaire ? Demandez à Sassi !
Car il a une passion : aider les autres. Il s’est spécialisé dans le domaine des objets trouvés et exprime dans cette rubrique tous ses talents de fin limier, et surtout toute son empathie pour son prochain.
Une valise perdue par une jeune qui se rend à sa Yéchiva ? C’est son affaire. Une bague égarée par une jeune fiancée désemparée ? Il va déplacer des montagnes pour la retrouver.
Une grand-mère de Toronto l’appelle, car son petit-fils a oublié ses Téfilines dans le bus pour ‘Haïfa. Il prend les choses en main.
Il a des contacts avec la police, les dépôts d’objets perdus du pays, toutes les compagnies d’autobus et fait des miracles en quelques appels téléphoniques.
Mais, tout d’abord, lorsque vous rentrez dans son bureau, désemparé par la perte d’un objet cher, il vous rassure et, en homme pratiquant et profondément croyant, il vous demande tout d’abord de lire la fameuse Ségoula de nos Sages “Amar Rabbi Binyamin”* pour retrouver un objet. Puis, comme un détective qui a reniflé une piste, il vous écoute, pose des questions et se met au travail.
Scotchées au mur de son bureau, des coupures de journaux, des lettres de remerciements racontent comment Sassi les a aidés à trouver l’introuvable :
“J’avais oublié dans l’autobus 402 pour Bné Brak un chapeau de valeur. Quelques semaines (!) plus tard, je me suis rendu au département des objets trouvés de la compagnie Egged à Jérusalem, n’y croyant plus vraiment, et, en effet, le chapeau ne s’y trouvait pas. La personne qui m’a reçu a fait quelques recherches et m’a dit qu’on ne le trouvait nulle part. J’allais rebrousser chemin, lorsqu’à côté de l’ascenseur, je croise un homme qui me demande ce que je cherche. Il s’avère qu’il s’agissait du très cher M. Sassi Carco. Il m’a invité à entrer dans son bureau, m’a fait asseoir, et m’a écouté comme s’il s’agissait de la chose la plus importante de sa vie. Il n’a eu de cesse, jusqu'à ce qu'il ait localisé le conducteur de mon bus et réussi à identifier le chapeau qui avait bien été retrouvé et se trouvait en fait dans un autre terminal. Il était heureux de m’annoncer la trouvaille, comme si c’était son propre chapeau. Je l’ai remercié mille fois et je m’apprêtais à me rendre à l'endroit en question pour le récupérer, mais non ! M. Carco tenait absolument à me faire parvenir le chapeau jusqu'à chez moi. Qu’il soit béni du ciel de tous les bienfaits possibles.”
L’objet le plus cher qu’il ait retrouvé était une enveloppe contenant 46 000 shékels, l’équivalent de 11 000 euros. Le pauvre homme qui l’avait perdu faisait le chemin en bus de Beth Chémech à Jérusalem, et, en descendant à la station centrale, la fameuse Ta’hana Merkazit, elle avait dû glisser de sa poche.
L’argent n’était même pas à lui, il devait le déposer pour quelqu’un dans une banque. Il a vite appelé chez lui pour vérifier si l’enveloppe n’était pas restée à la maison, mais non. En désespoir de cause, il s’est rendu au bureau de la Ta’hana. En nage, il a commencé à passer des coups de fil partout, quand il est tombé sur Sassi Carco, qui l’a rassuré, et, en quelques appels, a réussi à localiser la perte. Sassi a organisé et suivi toutes les étapes jusqu'à ce que la somme soit remise en main propre à l'homme, en liesse, comme on peut l’imaginer.
“Un autre cas, presque désespéré, est celui d’un Ba’hour Yechiva qui avait oublié ses Téfilines dans un autobus, et m’a contacté deux mois après la perte, pensant que je pourrais faire quelque chose. J’ai réussi à localiser le chauffeur du bus, mais le problème se compliquait, car l’autobus en question avait été vendu à une compagnie de transport arabe deux jours après la perte. J’ai réussi à remonter jusqu'à la compagnie arabe qui m'a dit que le bus était en réparation dans un garage. Comme je parle couramment l’arabe, j’ai appelé le garagiste et lui ai demandé de monter dans le bus et de chercher une pochette en velours, brodée à l'extérieur et contenant quelque chose. En ligne, il me dit : “Il y a ici des livres de prières, mais rien d’autre. D’ailleurs, il faudra vous les rendre.” Je lui ai dit : “Continue.” Et soudain, il me dit : “J’ai trouvé. Une pochette en velours brodée !” J’ai réussi à rapatrier les Téfilines - et les Sidourim par la même occasion - par un conducteur de Egged qui se trouvait à proximité de l’endroit et j’ai pu les rendre au jeune homme.”
Aujourd’hui à la retraite, Sassi continue à travailler de la maison. Il reçoit plus de 100 appels par semaine, et, sans ordinateur, avec une mauvaise vue, il arrive à faire l’impossible.
Il a restitué jusqu'à aujourd'hui 400 paires de Téfilines.
Il dit que ce travail lui donne énormément de satisfaction. Mais, quand quelqu’un fait appel à lui, il est toujours saisi d’un doute : « Est-ce que je vais réussir à retrouver son objet ? Peut-être va-t-il devoir rentrer bredouille... »
On sent qu’il se met complètement à la place de l’autre, de son désarroi, de sa détresse, et de son espoir ; le chapeau de l’autre devient son chapeau, la bague de la fiancée devient sa bague et la peine du Ba’hour Yéchiva devant la perte de ses Téfilines devient la sienne.
C’est sans doute cette faculté d’extraordinaire empathie qui lui permet de ne pas lâcher l’affaire, même quand les chances sont infimes. On dirait que la Providence ne veut pas le décevoir, lui, Sassi Carco, responsable des réclamations au service client Egged, qui aime et se soucie de son prochain comme de lui-même, et elle donnera le coup de pouce jusqu'à l'heureux dénouement. Il retrouve 95 % (!!??) des pertes. Le Ciel est avec lui !
Aujourd’hui à la retraite, il publie son numéro de téléphone à qui le veut (00972-544467877) et sera heureux d’aider toute personne en ayant besoin.
Il remercie tous ceux qui l’aident dans ses recherches et demande à D.ieu de lui donner les forces de continuer à « retrouver » les objets perdus de ‘Am Israël.
Mais il ajoute, en souriant, que la chose qui lui ferait le plus plaisir, c’est, bien sûr, qu'on n'ait plus besoin de lui...
*Amar Rabbi Binyamin Hakol Bé’hézkat Soumine ‘Ad Chéhakadoch Baroukh Hou Méir Ete ‘Enéhèm Mine Haka Vifka’h Elokim Ete ‘Enéhia, Vatélèkh Vatémalé Ha’hamat.