Combien avons-nous évolué depuis le Moyen Age !
Les avancées sont absolument fabuleuses. Les tâches les plus basiques de la vie d’un homme du 21e siècle - laver son linge par exemple - prenaient un temps considérable à un individu du Moyen Age. Quel gain de temps ! Et l’espérance de vie, que dire ? Elle tournait à l’époque aux alentours des 35 ans, là où aujourd’hui elle gravite autour des 75-80 ans. On vit mieux, plus longtemps, on effectue nos tâches essentielles beaucoup plus vite, on travaille moins, on produit plus. Fini le lavage d’habits au lavoir ou l’abattage du blé pour manger du pain. Aujourd’hui, on réchauffe les plats précuits au micro-onde et le tour est joué… Même nos voyages sont incomparables à ceux de nos aïeux pour qui passer de ville en ville représentait parfois de longs mois de route pénible.
Le grand cadeau que le 21e siècle nous a offert, c’est le temps libre.
Tout est optimisé pour nous faire gagner plus de temps : les ordinateurs vont plus vite, les téléphones aussi, les voitures, les avions, les transports en commun… Mais que faisons-nous de ce temps ?
A la recherche du temps perdu…
De quoi remplissons-nous ce temps si précieux ?
L’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economiques) a publié une étude, couvrant tous les pays d’Europe, ayant trait au temps libre par habitant. La France arrive en tête des pays d’Europe où les habitants disposent le plus de temps libre. D’après la société de statistiques TNS-Sofres, les français affectionnent en premier lieu la télévision pour leur temps libre, suivie des ordinateurs et des smartphones. Les adultes passent en moyenne 5 heures et 7 minutes par jour sur leurs écrans. Un français consulte environ 2716 fois par jour son téléphone, soit près de deux fois par minute…
Quelle est la raison pour laquelle l’homme, détenteur de ce temps si précieux, l’utilise à (si mal) se divertir ?
Ecoutons le philosophe Blaise Pascal : « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre » Pascal dit que l’homme craint l’inactivité : elle lui fait peur, elle est pour lui synonyme d’ennui ou de remise en question. Les formes contemporaines du divertissement sont d’après Blaise Pascal les symptômes de la perte de sens existentiel chez l’homme. « Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés pour se rendre heureux de n’y point penser ».
Les divertissements nous donnent l’illusion que nous sommes heureux. Au lieu de « ne rien faire », nous « faisons rien ». Nous occupons notre temps au lieu de nous occuper à le remplir de choses essentielles, de nous remettre en question sur les sujets fondamentaux de notre existence, de notre but dans le monde... Nous nous « vidons la tête » au lieu de la remplir.
Pourquoi utiliser son temps ?
Et si nous faisions face à nos peurs ? Si nous arrêtions de nous fuir nous-même, que découvririons-nous ? Nous-même ! Enfin, ce « nous » que nous ne voulons pas voir et que nous nous efforçons « d’occuper » pour ne pas avoir à assumer. Ne faudrait-il pas un beau jour se faire face ? Passer deux bonnes heures de « temps libre » à se regarder droit dans les yeux, sans télé, sans téléphone, rien que nous et nous-même ?
Alors c’est vrai que nous serions en compagnie d’un individu insatisfait, impatient, paresseux, râleur… mais combien de temps pourra-t-on fuir la personne que nous sommes réellement ?
Si nous n’exploitons pas notre temps à nous améliorer maintenant, il sera trop tard…
Plus on prend du temps à la tâche, plus il nous sera difficile de changer. Les mauvaises habitudes s'ancrent et nous définissent de plus en plus, malgré nous, se faisant à l’idée « qu’on est comme ça, après tout… »
Le changement, c’est d’abord une volonté de s’améliorer et d’exploiter son temps à bon escient. Réfléchir sur soi : comprendre quelles sont nos faiblesses, mettre sur pied une stratégie pour améliorer ses mauvais traits de caractères. Repenser le problème, repenser la solution… s’appuyer sur la Torah pour nous guider vers le modèle idéal de l’être, s’aider du bon sens, s’aider de l’exemple des Sages pour s’inspirer de leurs comportements vertueux… Le temps est la seule chose qui, une fois perdu, ne se regagne pas : il n’a pas de prix pour ceux qui l’optimisent.