La langue hébraïque a une signification suprême dans le judaïsme. Par le biais de la langue, on récite des bénédictions, des prières, et on étudie la Torah. Dans les Dix Commandements, il existe même un interdit de prononcer le Nom de D.ieu en vain, et réciter une Brakha en vain (ce qu’on appelle « Brakha Lévatala ») est considéré comme une grave faute. Les amulettes sont aussi une preuve de l’importance de la langue. En effet, qu’est-ce qu’une amulette ? Une association de lettres qui parvient à créer une réalité nouvelle. De tout cela, nous pouvons déduire que l’hébreu n’est pas une langue comme les autres. Elle possède un pouvoir particulier, et surtout, à partir de cette langue, le monde a été créé ! Nous avons demandé au Rav Zamir Cohen dont l’ouvrage Hatsofen est consacré au secret des lettres hébraïques, d’où provenait la particularité de l’hébreu, et pourquoi le judaïsme pose qu’elle est antérieure aux autres langues.
« La Torah nous enseigne que toute l’humanité parlait une seule langue, jusqu’à la célèbre faute de la tour de Babel, explique le Rav Zamir Cohen. Au cours de cette révolte, les hommes ont exploité cette union de manière négative, d’où l’intervention du Saint béni soit-Il, qui brouilla la langue unique qu’ils parlaient. »
Mais comment sait-on que c’était la langue hébraïque ?
« En-dehors de ce que nous savons par la tradition juive, en particulier par la Kabbale, nous en trouvons une preuve dans les noms des hommes des générations antérieures à la génération de la tour de Babel : Adam a été appelé ainsi parce qu’il provient de la terre (Adama) ; Caïn vient de : "J’ai fait naître (Kaniti) un homme conjointement avec Hachem", Noa’h est issu de : "Puisse-t-il nous soulager (Yéna’héménou) de notre tâche", etc. Ce sont tous des termes hébraïques. La langue hébraïque originelle est demeurée uniquement chez Ever, fils de Chala’h, un descendant de Noa’h, qui était Tsadik et n’a pas participé à la construction de la tour de Babel, et il l’a transférée à Avraham Avinou, l’un de ses descendants. Avraham Avinou a été l’unique dépositaire de la langue originelle. »
Au-delà de ça, comment expliquer le sens particulier de l’hébreu ?
« Les sages de la Kabbale ont soutenu que, dans les lettres hébraïques, des clarifications et des forces spirituelles concrètes ont été dissimulées par D.ieu, et, par le biais de ces lettres, Il a en réalité créé le monde. On peut le comparer d’une certaine manière à des formules chimiques ; dans ce cas, l’association de différents composants crée une certaine réalité, et l’association et la force des lettres hébraïques créent la situation que le mot exprime. Dans le Séfer Yétsira, attribué à Avraham Avinou, il est écrit : "Il a gravé, taillé, pesé et transcendé vingt-deux lettres. Il a associé les lettres et y a inséré toutes les essences de vie créées et à créer à l’avenir. Ainsi, par le biais des associations diverses, le Saint béni soit-Il a dessiné les détails de la création - chaque détail d’après les associations de lettres qui le constituent". »
Qu’en est-il des autres langues ? Elles sont issues de l’hébreu, ou en sont-elles totalement déconnectées ?
« La langue hébraïque est la source et la racine de toutes les langues du monde. Lorsqu’on essaie de découvrir les liens de littéralité et la ressemblance entre des mots de différentes langues, on découvre des choses prodigieuses. Par exemple, le terme de « Samouraïm », un terme japonais, ressemble beaucoup au terme hébraïque de « Chomrim » (« gardiens »). Le terme « alternative » ressemble à « Alter Nativ », à savoir : « chercher un chemin ». « Alter » vient du terme « Latour », « rechercher ». De même, le terme « Cat » (chat en anglais) est lié à la source hébraïque. L’origine du mot nous conduit au latin antique, où le chat est nommé : Katolus. En anglais, le mot a été raccourci en « Cat », et on n’y discerne pas la racine hébraïque. On peut trouver des traces de l’hébreu dans d’autres langues : chat en français, Katz en allemand, etc. D’autres termes où la ressemblance est restée comme dans Erets : earth, Lev : love, Mara : mirror, Sémel : symbole, Ayin : eye, Atik : antique ; Pérot : fruits ; Kouchia : question ; Nafal : fall ; Irgoun : organisation ; Raav : raving. »
Le Rav Cohen met aussi le doigt sur la disposition des lettres, parallèle de manière intéressante à l’anglais. Autre point intéressant : un bon nombre de termes hébraïques originaux ont été brouillés de manière drastique de leur sens originel. Par exemple, nous savons tous que le terme « ‘Hechmal (électricité) » est lié à un phénomène physique répandu, mais le terme originel était à la base un concept spirituel issu du monde de la Kabbale. « Nachaf » (un bal) désigne une soirée dansante, mais, dans le passé, ce terme était un synonyme de « nuit ». « Laftan » (compote) est un dessert, mais sa signification originelle était celle d’un plat principal qui se consommait avec du pain. Il y a même des cas où la différence provient d’un renversement de sens, comme dans l’expression « Assmakhta -preuve écrite », qui est aujourd’hui considéré comme une preuve très fiable, alors qu’à l’origine le mot désignait une preuve mince sur laquelle on ne pouvait absolument pas se reposer.