Rav Réouven Karlenstein a relaté une histoire extraordinaire : « Rabbi Réfaël Baroukh Tolédano monta à la fin de sa vie en Erets Israël depuis le Maroc, et s’installa à Bné Brak. A ce moment-là, il acquit un appartement afin d’accomplir la Mitsva de Yichouv Erets Israël, de résider en Erets Israël. Il n’avait pas beaucoup d’argent, mais comme il voulait avoir le privilège de réaliser cette Mitsva, il prit un peu d’argent d’ici et un petit emprunt de là jusqu’à ce qu’il ait rassemblé suffisamment d’argent pour acheter un appartement. Après l’achat, l’appartement fut rénové et peint », relate le Rav Karlenstein, selon un témoignage du fils du Rav Réfaël Baroukh.
« Une fois les travaux finis, sa famille vint lui annoncer joyeusement : « Grâce à D.ieu, l’appartement est désormais habitable. » Rabbi Réfaël Baroukh se réjouit avec eux, mais leur répondit : « Entendu, je vais louer cet appartement, et avec l’argent reçu, je louerai un appartement ailleurs. Je vais habiter dans un appartement de location. »
La famille, étonnée, l’interrogea : « Pourquoi ? Pourquoi ne pas habiter dans ton appartement ? » Rabbi Tolédano leur répondit : « Au Maroc non plus, je n’ai pas habité dans mon propre appartement. J’ai peur, j’ai peur. »
De quoi le Rav avait-il peur ? se demandèrent ses petits-fils. Ils furent abasourdis par la réponse du Rav : « J’ai peur d’avoir le sentiment que ce lieu est mon lieu de résidence permanent, que je suis ici pour toujours. Dans un appartement de location, le propriétaire peut décider de mettre le locataire à la porte, puis celui-ci doit chercher un autre appartement. Ensuite, le propriétaire, au bout d’un an, demande au locataire de libérer l’appartement, etc. Il est plus facile de sentir le sens de ce verset : "Je suis un étranger sur cette terre". Mais dans mon propre appartement, je redoute de me bercer d’illusions en pensant que le but a été atteint, et qu’on habite ici pour toute éternité… »
Le Rav Karlenstein conclut ce récit extraordinaire : « Le verset dit : "Tout indigène en Israël résidera sous les tentes. » Le Tsadik est toujours assis dans une Souca, une tente. Il subit le soleil, la chaleur, la pluie, le froid, il n’y a ni climatisation, ni chauffage, c’est un logement provisoire. Ni l’or, ni l’argent, tout est provisoire. L’essentiel, ce sont les Mitsvot, conquérir son mauvais penchant, être plongé dans l’étude de la Torah, ça c’est la vie. »