A une époque où il n’y a plus d’idéologie, où les concepts de droite et de gauche sont dilués, il est fatal que les intérêts personnels soient plus influents que les engagements politiques. Cela apparaît dans divers pays, spécialement en Europe, mais aussi dans d’autres états, et particulièrement en Israël. Il est utile, pour qui veut comprendre les développements historiques, à la lumière d’une optique reliée à une Valeur absolue, de tenter de lire aujourd’hui les faits – dans la mesure où ils peuvent être saisis. N’oublions pas, en effet, que des observateurs – qui se veulent objectifs, ne peuvent voir que les aspects extérieurs, sans comprendre toujours des motivations cachées.
Une première approche souligne le désordre frappant, et non un désir de construire quelque chose de positif. A Paris, les divers partis qui ont dominé la scène depuis près de 60 ans semblent en déroute totale, aussi bien à droite qu’à gauche. L’affrontement entre le parti au pouvoir – à l’idéologie imprécise – et l’extrême droite semble la perspective la plus vraisemblable. Les partis politiques, en Israël, semblent être dans un embarras imprévisible. Qui aurait cru que le parti travailliste qui a dirigé le pays pendant plus de trente ans, aurait moins de 10 députés ? Ces difficultés – que l’on retrouve dans d’autres pays – invitent à la réflexion. L’Angleterre – un des premiers bastions de la démocratie parlementaire – apparaît bien indécise quant à son avenir européen. Un article récent du « Monde » relevait que dans 8 ou 10 pays européens, les états-majors des partis politiques tremblent, car ils sentent que le public ne les suit plus. « Un message de défiance », « un irrésistible désir de renouveau », tels sont les horizons proposés ! On dirait plutôt l’absence d’horizons ! (V. le Monde du 31/5/19). Il semble que le vide, l’abîme, l’inconnu, remplacent les prises de position idéologiques. Où va-t-on ? Du fait des inquiétudes de nos contemporains, il semble que l’on marche sur un volcan. Un exemple frappant de cette indécision est l’élection du Président des Etats-Unis, élu alors qu’il n’avait reçu, dans l’ensemble du pays, qu’une minorité des suffrages, mais les lois de la démocratie américaine lui ont cependant permis d’être élu. Il faut bien remarquer qu’il suscite beaucoup de controverses, ce qui n’empêche pas qu’il marque son époque, plus que d’autres présidents. Ses sympathies pro-israéliennes sont évidentes.
Qui dirige le monde ? L’homme, la machine, la science ? Il importe d’« ouvrir les yeux » et de constater plus que jamais qu’au-delà de l’imbroglio actuel, une Main se cache derrière le désordre. L’un des derniers objectifs actuels de la science est de repousser la mort. C’est ce que l’on définit comme le « transhumanisme ». Cela réussira-t-il à améliorer la condition humaine ? Assurément non ! Ce désir – aspiration démente – est la preuve de la négativité de notre époque. Au-delà de cette recherche, ira-t-on « coloniser » d’autres planètes ? Il faut « ouvrir les yeux » et comprendre que quelque chose doit être atteint, doit être obtenu. Cet objectif est nécessaire, car une direction existe, et les désordres actuels cachent un besoin spécifique de l’humanité, d’aboutir vers un Temps qui dépasse l’instant présent.
Un philosophe juif allemand vivant au début du 20ème siècle, revenu, par son analyse de l’Etre du monde, à l’observance la plus traditionnelle du judaïsme, explique que le monde se dirige, malgré tous les cahots, vers le Royaume idéal. Il écrit : « Tout ce qui précède demeure dans les ténèbres, mais le Royaume de D.ieu est la réalité la plus proche. Et l’Etoile qui autrement se lève et brille dans la lointaine éternité apparaît donc comme la réalité la plus proche » (Franz Rosenzweig, L’Etoile de la Rédemption, p. 346). Sans rentrer dans les mystères de l’existence, dans les difficultés inhérentes à notre monde actuel, sachons avec ce philosophe qui redécouvre, par sa réflexion, l’aspiration prophétique, dépasser les tribulations contemporaines pour découvrir l’Etoile, les étincelles qui brillent dans l’éternité.