Il est assez surprenant de constater que l’histoire du peuple hébreu se déroule essentiellement dans l’exil, en dehors de sa terre et sans Temple. On trouve à ce propos dans les enseignements de nos Sages que les Juifs devaient subir 4 exils distincts : Babylone, la Médie, la Grèce et Edom – ce dernier apparenté à l'Occident et qui s’étend depuis deux millénaires – comme pour nous avertir que cette situation de Galout était nécessaire et incontournable !
Pour comprendre ce phénomène, nous trouvons dans les écrits de nos Maîtres qu’il existe une analogie entre ces exils et les 42 étapes traversées par les Hébreux dans le désert, depuis la sortie d’Egypte jusqu'à leur entrée en Erets Israël. Une allusion apparaît dans les premières lettres des premiers mots de la Parachat Mass’é (qui relate ces différents déplacements) : ”Elé Mass’é Bné Israël”, lettres qui correspondent aux initiales de Edom, Maday (la Médie), Babel (Babylone) et Yavan (la Grèce). Dans l’idéal, le peuple juif aurait dû entrer en Erets Israël immédiatement après la sortie d’Egypte, mais il n’y était pas prêt spirituellement. La montée en Israël demande en effet un état de perfection. C’est pourquoi pendant 40 ans, le peuple va errer dans le désert, guidé par les nuées qui lui indiquent la route à prendre et le lieu où camper.
Ces 42 étapes ont toutes une particularité et représentent chacune une épreuve à surmonter : on passe de la “case” attirance vers l'idolâtrie, à celle de la gloutonnerie, puis à celle de la débauche, de la médisance, de la révolte, au regret d’être sorti d’Egypte, etc. Cet apprentissage – même si au passage ils vont connaitre des dérapages – va permettre aux enfants d’Israël d’atteindre un niveau apte à leur entrée et à leur installation en terre sainte, celle que D.ieu “ne quitte pas des yeux un seul instant”.
Mais le temps passe et à nouveau après leur installation, il y aura un relâchement qui aboutira à une décadence spirituelle et à l’exil. Cette situation, aussi douloureuse soit elle, permet d’obtenir le recul nécessaire à une introspection et à une réparation. Le dernier exil, le nôtre, celui d’Edom, est le plus grand défi de l’histoire juive et de notre faculté à en triompher dépendra la délivrance finale et la venue du Machia’h. C’est dire l’enjeu ! Durant cette longue période de deux mille ans, des communautés juives vont s’installer un peu partout dans le monde et vont être confrontées à la façon de vivre des Nations, qui peut s’avérer antinomique au judaïsme. Israël devra surmonter les épreuves, relever le défi et en sortir grandi, provoquant un incroyable Kiddouch Hachem.
De la même façon que les Bné Israël lors de la sortie d’Egypte ont dû se préparer pour mériter d’entrer en terre sainte et y vivre selon la Torah, ainsi les Juifs doivent faire leurs preuves afin d’être aptes à revenir en Israël et ce, pour y demeurer à tout jamais. Selon cette perspective, la Galout représente le ‘Olam Hazé (ici-bas), et l’installation en Israël le ‘Olam Haba (le monde futur), celui de la récompense.
On rapporte au nom du Ba’al Chem tov que l’homme aussi durant sa vie a 42 étapes à traverser, qui représentent différentes épreuves à surmonter dans ce monde. Chacune de ces 42 étapes visent à nous permettre de progresser et de nous réaliser selon un programme prévu et adapté à notre être. Le comble est lorsqu’une personne refuse d’avancer et se complait dans une vie statique dénuée de sens. Seul le dynamisme, provoqué par les nuées qui nous lancent un appel pour prendre la route “indiquée” par le waze divin, est l’expression d’une vraie vie, celle qui engendre une construction véritable et celle qui amènera l’établissement du troisième Temple, “Chéyibané Bimhéra Béyaménou” (avec l’espoir de le voir reconstruit pour très bientôt) !