Un des enfants d’une famille pratiquante en Israël s’était détourné de la religion et quitta la maison de ses parents. C’est ainsi que ses proches ne le virent plus pendant de nombreuses années ni n’eurent de ses nouvelles. Un jour, un de ses amis d’enfance, qui avait aussi été son voisin, le rencontra fortuitement dans une autre ville et le reconnut. Il s’approcha de lui et lui demanda chaleureusement de ses nouvelles comme le font de bons amis, et après quelques échanges, il lui raconta un détail étonnant sur sa famille qui le bouleversera :
“Tu te souviens David, quand tu étais encore chez toi, que tes parents avaient cette manie de toujours fermer la porte d’entrée ? Ils mettaient le loquet même en plein jour et verrouillaient la porte. Malgré les allez-retours de tes frères et sœurs toute la journée, chaque fois ils fermaient hermétiquement la porte et demandaient : ‘Moché, t’as verrouillé ? Sarah, t’as mis le loquet ?’
- Bien sûr que je m’en souviens, répondit le jeune homme.
- Eh bien sache que depuis que tu es parti, cette porte n’est jamais plus fermée, même la nuit. Ta mère m’a dit: ‘Et si notre David nous revenait, peut-être même en pleine nuit, et trouvait cette porte fermée ? Quel drame ce serait si pour cette unique raison, il repartait sans oser frapper à la porte et nous quittait à tout jamais…’”
Inutile de vous dire que ce jeune, ému aux larmes, revint voir sa famille et petit à petit, commença à se rapprocher du judaïsme dont il s’était éloigné. Il avait saisi qu’une porte ouverte n’est pas seulement la possibilité technique de pouvoir revenir à la maison, mais surtout représente l’amour que ses parents lui portaient.
Cette semaine, nous marquons la date du 10 Tévèt par un jeûne, en souvenir du début du siège de Jérusalem qui va se terminer par sa destruction. Les Juifs vont alors partir en exil, quitter leur maison et se disperser à travers le monde, exposés aux dangers des terres inconnues et des nations étrangères au milieu desquelles ils vivront.
Il n’est pas facile d’assumer cette situation de Juifs exilés et certains dans l’Histoire ont été tentés de vouloir se débarrasser de ce statut en s’assimilant ou en se convertissant. D’ailleurs, l’Eglise va entretenir cette image du Juif damné pour proposer l’alternative de la religion chrétienne au judaïsme.
Le Temple n’est toujours pas reconstruit et c’est pourquoi nous continuons à implorer la clémence divine. Mais nous sommes convaincus que cela se réalisera car la porte est restée ouverte. Comment le savons-nous ?
Nous avons des signes que D.ieu attend le retour de Son peuple : tout d’abord le fait que depuis le départ des Hébreux d'Erets Israël, cette terre est devenue aride et refuse de donner ses fruits à des peuples étrangers. Mais voilà que lorsque ses fils et ses filles y reviennent deux millénaires plus tard, elle refleurit et redevient féconde.
Un deuxième signe est le fait que depuis la destruction du Beth Hamikdach, le Kotel Hama’aravi est resté debout. On pourrait croire que c’est là le fruit du hasard, comme se dressent beaucoup de vestiges partout dans le monde, restants de constructions millénaires. Mais les tentatives d’abattre le Kotel sont innombrables (Romains, Byzantins, Perses, Musulmans, etc.), et on ne peut comprendre comment jusqu'à aujourd'hui il a perduré.
Mais la vraie raison est la suivante : comme l’affirme le Midrach, écrit il y a 1700 ans, D.ieu a juré que ce mur ne sera jamais détruit. Il “se tient bien droit” pour nous rappeler que le Temple attend sa reconstruction et ce pan toujours là n’aspire qu’à être complété.
Ceci pour nous montrer combien L’Eternel attend impatiemment le retour de Ses enfants à la Maison, la porte grande ouverte, Bimhéra Béyaménou, Amen !
Rav Daniel Scemama