De grands évènements de l’histoire juive vont imprimer leur cachet particulier sur la date à laquelle ils se sont déroulés. C’est ainsi que le mois de Nissan est propice à la Délivrance car à cette période, nos ancêtres sortirent d’Égypte ; Eloul à la Téchouva, car Moché Rabbénou plaida durant ce mois auprès de D.ieu pour obtenir Son pardon après la faute du Veau d’or ; Yom Kippour à l’expiation car en ce jour, l’Éternel accorda Son pardon ; Adar au bon Mazal, suite aux miracles qui eurent lieu en ce mois à l’époque de Pourim, etc.
Le 9 Av, lui, est un jour de deuil collectif et effectivement de nombreux évènements douloureux dans l’Histoire se produisirent en ce jour : la destruction des deux Temples, le décret d’expulsion des Juifs d’Espagne au XVème siècle ou encore le début de la Première Guerre mondiale. Selon la Tradition en effet, en ce jour les Bné Israël se lamentèrent suite au compte-rendu des explorateurs qui présentaient la conquête de la terre sainte comme un projet irréalisable. Malgré la Promesse divine, les Hébreux crurent ces envoyés dans leurs propos médisants et se virent punis par D.ieu à errer dans le désert, à y mourir et ne méritèrent pas de pénétrer en terre d’Israël. “Vous avez pleuré pour rien, en conséquence vous aurez dans le futur de véritables raisons de vous lamenter !”, leur reprochera Hachem.
La faute des Explorateurs est considérée comme plus grave que celle du Veau d’or puisque les enfants d’Israël n’en obtiendront pas le pardon. Il est donc important de se pencher dessus pour en comprendre les raisons, d’autant que cet évènement dramatique marquera de son sceau l’histoire juive. En fait, nos Sages dans le Talmud (Sota 35a) relèvent dans un verset de la Torah la source du courroux divin : “Nous ne pourrons pas combattre ce peuple (installé en Canaan) car il est plus fort que nous” déclarèrent les explorateurs (Bamibar 13, 31). Ce dernier mot “que nous” (Miménou) peut aussi se lire “que Lui”, faisant référence au Créateur. Il s’agirait donc d’un grave blasphème, consistant à considérer D.ieu comme (‘Has Véchalom) impuissant face aux géants installés dans les villes fortifiées de Canaan.
Il est vrai que du point de vue stratégique, les Hébreux n’étaient pas à la hauteur de leurs ennemis, n’ayant même pas d’armes adéquates ni de formation militaire. Mais dans la mesure où c’est D.ieu Lui-même qui leur assurait la victoire, ils n’auraient pas dû en douter. En conséquence, ils devront rester 40 ans dans le désert, uniquement pour se forger une forte Émouna (foi) qu’ils transmettront ensuite à leurs enfants. En définitive, ce sont ces derniers qui monteront en Erets Israël et parviendront à vaincre pas moins de 31 rois qui y régnaient.
Cet épisode, survenu durant ces pérégrinations dans le désert et qui fut sévèrement puni, sera porteur d’un message incontournable pour le peuple juif. Durant toute son histoire, notre peuple connaîtra de grandes épreuves, comme cela est rapporté dans la Haggada de Pessa’h : “À chaque génération, se lèvent des ennemis qui cherchent à nous détruire”. En général, nous ne possédons ni les moyens ni les forces pour combattre tous ces ennemis. On pourrait dans certaines situations désespérer comme le firent nos ancêtres dans le désert et baisser les bras, car le défi nous paraît impossible à relever. Mais nous devons savoir que nous ne sommes pas seuls et pour D.ieu, rien n’est impossible. Ceux qui pensent pouvoir gérer notre destin uniquement selon les règles communément admises par les Nations (économiques, politiques, militaires…), risquent de se retrouver dans une impasse.
Être juif, en définitive, ne peut s’assumer qu’avec la Émouna !