En Israël, on demeure sous le choc de l'accusation de crimes de guerre portée par la Cour Pénale internationale contre Binyamin Netanyahou et Yoav Galant. Toutes les factions politiques à la Knesset ont exprimé leur indignation unanime, qualifiant ce verdict de profondément antisémite. "C'est un procès Dreyfus moderne", a déclaré le Premier ministre israélien, faisant référence au célèbre capitaine juif français injustement condamné il y a plus d'un siècle en raison de l'antisémitisme ambiant.

Nos Sages enseignent qu'un homme est disqualifié pour juger son ennemi, car son jugement sera nécessairement partial (‘Hochen Michpat 7:7). De même, un tribunal majoritairement hostile, animé par une haine viscérale envers Israël, ne peut qu'émettre un verdict erroné.

Cependant un point particulièrement intéressant émerge de cette situation : la comparaison avec l'affaire Dreyfus. À l'époque, Théodore Herzl, un journaliste juif autrichien, assista au procès et comprit immédiatement que l'accusation portée contre Dreyfus était motivée par l'antisémitisme. Ce constat fit mûrir en lui l'idée d'un État juif indépendant, où les Juifs vivraient libres de toute persécution. Bien que distant de la tradition juive, Herzl fut l'un des acteurs du mouvement sioniste, persuadé - comme d'autres - que le retour à Sion mettrait un terme à l'antisémitisme et protégerait les Juifs des accusations infondées.

Plus tard, les horreurs de la Shoah accélérèrent l’établissement de l’État d’Israël. L’objectif déclaré était clair : "mettre fin aux pogroms contre les Juifs". Mais les événements récents, notamment depuis le 7 octobre 2023, ont ébranlé ces théories. L’antisémitisme a pris un nouveau masque, celui de l’antisionisme. Ce n’est plus seulement le peuple juif qui est la cible de la haine des Nations, mais également son État. Israël, loin d’être un refuge contre l’hostilité mondiale, en est devenu l’objet principal. Des institutions comme l’ONU continuent de stigmatiser Israël de manière disproportionnée, rappelant qu’en 1975, cette même organisation avait osé décréter que "le sionisme est une forme de racisme".

Faut-il pour autant remettre en question notre retour en terre d’Israël ? Absolument pas. Ce retour représente un privilège immense et une opportunité exceptionnelle. Cependant, les raisons souvent avancées pour justifier la Alyah – échapper à l’antisémitisme ou trouver un refuge – ne tiennent pas face à l’épreuve du temps. Car cette haine, profondément enracinée, remonte à des temps immémoriaux.

En effet, la Torah nous enseigne que ‘Essav, le frère jumeau de Ya’akov, haïssait ce dernier au point de vouloir le tuer. Ya’akov implora D.ieu : "Sauve-moi de la main de mon frère, de la main de ‘Essav" (Béréchit 32, 12). Pourquoi préciser que ‘Essav est son frère ? Ya’akov redoutait aussi l’apparence trompeuse d’un rapprochement fraternel. Car même lorsque ‘Essav se présente comme un frère, sa haine reste intacte. Cette crainte, bien fondée, traverse l’histoire et trouve un écho dans les événements actuels, l’Occident représentant la descendance d'‘Essav.

Nos Sages nous enseignent que le seul moyen de triompher de cette hostilité est de nous élever spirituellement, par des actes positifs et des Mitsvot. Lorsque nous montons, ‘Essav descend, comme un balancier. Toute autre stratégie n’est que chimère !