Yom Kippour, comme son nom l’indique, est un jour durant lequel D.ieu nous accorde Son pardon pour les fautes commises tout au long de l'année. Seulement, il existe une catégorie de transgressions sur lesquelles, même après avoir regretté notre comportement et décidé de ne plus récidiver, le pardon ne sera pas forcément accordé. Il s’agit des Mitsvot concernant les rapports de l’homme envers son prochain.
Imaginons que l’on ait volé ou causé un dommage à une personne : lui rendre l’objet volé et lui rembourser les dégâts occasionnés n’est pas suffisant, et il sera nécessaire de lui présenter des excuses jusqu'à ce qu’il nous pardonne la peine causée. Ce n’est qu’ainsi que dans le Ciel, on agréera notre Téchouva dans ce domaine.
Cette loi, rapportée dans le Choul’han ‘Aroukh, ouvre une lucarne sur un aspect fondamental du service divin. Les commandements de Ben Adam La’havéro (qui concernent les rapports interpersonnels) ne représentent pas des actes “secs”, ayant pour unique but de gérer convenablement une société en établissant des règles civiques. La Torah va beaucoup plus loin et cherche à établir un relationnel humain chaleureux fait de tact, afin de créer une véritable A’hdout (union) entre les membres d’une communauté ou d’une famille. S’en tenir seulement au respect des lois est louable mais pas suffisant, car en vérité les Mitsvot sont des vecteurs qui nous orientent vers un raffinement de qualité dans les rapports humains. Accorder l’hospitalité, respecter ses parents, prendre garde à ne pas causer de dommages, s’abstenir de la médisance ne sont pas des “BA” (bonnes actions) purement techniques et dénuées d’âme. Ces Mitsvot révèlent tout un art de véritable “savoir vivre”, nous invitant à nous sentir réellement concernés par le bien-être de l’autre. C’est pourquoi dans le cas où l'on a failli à ce but, il faut chercher à réparer nos travers en présentant des excuses et à rétablir de bonnes relations.
Dans le même esprit, les Mitsvot Ben Adam Lamakom (qui concernent notre rapport envers D.ieu) ne sont pas des actes prouvant uniquement notre soumission envers D.ieu. Là aussi, la Torah veut développer en l’homme un relationnel de communion et d’amour entre l’homme et l’Éternel. Mettre les Téfilin, agiter le Loulav à Souccot ou manger de la Matsa à Pessa’h ne sont pas uniquement des actes prouvant notre fidélité envers notre patrimoine. Ces commandements créent véritablement un lien profond avec l’Éternel et l’application de toute la Torah dans son ensemble élève l’homme à des degrés de spiritualité qui peuvent l’amener jusqu'à la prophétie. Nos Sages nous rapportent d’ailleurs qu’il n’y a pas eu moins d’un million deux cents mille prophètes et prophétesses dans l’Histoire juive, phénomène illustrant parfaitement l’impact des Mitsvot sur le Klal Israël.
Concrètement, il est difficile de saisir l’esprit et donc l’essence même du Judaïsme, car la Galout (l’exil) a laissé ses traces. Si dans le domaine des relations humaines, on peut encore trouver les vestiges de l’ambiance juive au sein d’une famille ou le sens de l’hospitalité, du ‘Hessed, de la joie et de l’amitié dans certaines communautés qui n’ont pas été trop abîmées par les structures de la vie moderne, en revanche, trouver des Juifs véritablement épanouis dans leur service divin est une chose beaucoup plus rare.
C’est peut être en observant attentivement les différents courants du judaïsme authentique (l’école du Moussar, les divers mouvements de ‘Hassidout, la tradition séfarade, etc.) que l’on peut emprunter à chacun le parfum qui éveillera notre intériorité. Le Kibbouts Galouyot (rassemblement de Juifs d’origines diverses) auquel nous assistons à l’époque moderne a cet avantage de nous permettre de profiter des étincelles de Kédoucha éparpillées un peu partout dans le monde, chaque communauté ayant conservé fidèlement certaines façades de notre patrimoine.
Ktiva Véh’atima Tova !