Bien que nos Patriarches Avraham, Its’hak et Ya’akov aient transmis à leur descendance la foi en un D.ieu unique intervenant dans la destinée des hommes, un vécu de 210 ans aux côtés d’Egyptiens idolâtres laissera des traces sur nos ancêtres. Les miracles des Dix plaies, la traversée de la mer Rouge ainsi que la révélation au mont Sinaï ne seront pas suffisants pour raffermir totalement leur foi. Il sera nécessaire pour y parvenir d’expérimenter 40 ans dans le désert, durant lesquels le peuple hébreu sera protégé par les nuées et nourri par la manne, directement de la Main de D.ieu.
En effet, les nuées préservaient les Bné Israël des intempéries et des dangers – comme les scorpions et les serpents –, leur indiquaient le chemin, les éclairaient la nuit et écartaient tout obstacle en rendant le chemin praticable. (De même l’Eternel reste toujours à proximité de l’homme pour l’aider et le protéger tout le long de son existence). La manne, elle, tombait tous les jours et en quantité nécessaire pour satisfaire les besoins de la famille. Le vendredi, ils recevaient double part, fournissant ainsi la nourriture du Chabbath (pour nous indiquer que l’on ne perd rien en s’abstenant de travailler ce jour saint). Celui qui laissait sa part pour le lendemain voyait sa nourriture se gâter, preuve tangible que D.ieu pourvoit chaque jour à nos besoins. Le croyant sincère trouvait sa nourriture devant sa tente, et celui qui doutait devait se déplacer loin de sa demeure pour la trouver, indiquant par là que la Emouna elle-même est source de bénédiction.
Peu de temps avant d’entrer en Erets Israël, la manne va cesser de tomber, les nuées vont se dissiper, c’est la fin de l’apprentissage. A l’avenir, il faudra que les Juifs mettent en pratique ces leçons de Emouna. On appelle les Bné Israël "Maaminim bné maaminim", "croyants fils de croyants", justement pour bien indiquer que la foi n’est pas évidente à acquérir et que c’est uniquement grâce à une transmission ininterrompue que l’on y parvient.
L’époque moderne nous a éloignés de la Emouna et ce, pour deux raisons principales : les vents de pensée laïque ont déferlé sur le monde, pénétrant partout, mais aussi le fait que les protections sociales dont on bénéficie (retraite, assurances, chômage, placements et économies dans les banques…) nous "sécurisent" certes, mais quelque part nous éloignent de la foi. Or, indépendamment du fait qu’il s’agisse d’une Mitsva, l’homme ne peut pas vivre sans Emouna car aucun système ne peut véritablement le mettre à l’abri de tous les maux de la terre. Ainsi le monde a-t-il été conçu par la Sagesse divine, et la propagation du Covid, devant lequel on reste impuissant, en est un exemple frappant.
C’est pourquoi nous devons nous appliquer à un "travail" quotidien qui permettra de graver la Emouna dans notre cœur. Parmi les conseils de nos Sages : prononcer quotidiennement 100 bénédictions qui sont de petits rappels réguliers tout au long de la journée ; dire trois fois par jour ce verset des Tehilim : "Potéa’h èt yadékha oumasbi’a lékhol ‘hay ratson" ("Tu ouvres Tes mains et rassasies toutes les créatures vivantes par Ta volonté") ; s’habituer à dire "avec l’aide de D.ieu", "si D.ieu veut", "grâce à D.ieu", etc. au lieu de "j’espère que…", "super", "au top" ; ces phrases petit à petit pénètrent dans le cœur. "Observer les merveilles de la nature amène à l’amour de D.ieu", nous conseille enfin Maimonide.
Il s’agit là seulement de quelques exemples, le principe général étant d’utiliser tous les moyens afin de s’imprégner de Emouna. La Paracha de Béchala’h chaque année "se soucie" de nous le rappeler.