Devant une épreuve, l’homme peut réagir de deux façons diamétralement opposées : soit il va sortir le meilleur de lui-même et on verra son courage, sa détermination, son sang-froid et sa faculté de donner gratuitement s’exprimer au grand jour, soit au contraire il sera mu par des sentiments bas, comme la lâcheté, l’égoïsme, le désespoir ou la faiblesse. En fait, dans la vie de tous les jours, nous adoptons un comportement « réglementaire » et « normatif » car la société nous impose de montrer une façade souriante, sociable et même bienveillante. Mais face à une situation extrême, dramatique ou inhabituelle peuvent surgir des sentiments profondément enfouis et dont l’apparition peut nous surprendre nous-même, dans le bien comme dans le mal…
C’est cela que l’on a vécu durant cette période bouleversée du corona : on a pu voire des gens se soucier d’autrui de façon désintéressée, en prenant parfois de gros risques d’être contaminés, alors que d’autres se sont montrés insupportables, égoïstes et difficiles à vivre. Dans le cadre même de la famille, des couples se sont unis et d’autres ont éclaté, des parents se sont occupés de leurs enfants et d’autres se sont disputés avec eux continuellement. Nos Sages dans le Talmud nous avaient déjà prévenus qu’un homme se révèle dans trois situations : « Békosso, békisso oubeka’asso ». C’est-à-dire qu’on découvre qui on est à travers Kosso (« son verre »), soit après avoir bu et s’être enivré, à travers Kisso (« sa poche »), c’est-à-dire comment réagit-on quand il s’agit de notre argent, et enfin Ka’asso (« sa colère »), devant une situation qui la réveille (‘Erouvin 65b). Bien sûr le corona, avec le confinement et le bouleversement de notre emploi du temps, nous éprouve dans la colère (« Ka’asso »).
On a pu remarquer également que des dirigeants politiques ont montré leur vrai visage lors de cette crise. Certains chefs d’Etats risquent aujourd’hui de perdre leur place suite à leur désinvolture devant les dangers de l’épidémie, ayant mis en péril des citoyens au nom du dieu « Economie ». En cédant lâchement à la pression de différents groupes financiers influents, ils ont relâché la ceinture de sécurité qui assurait l’hygiène sanitaire de leur pays. D’autres, fermes et déterminés, ont imposé avec bravoure dès le début de l’épidémie des restrictions draconiennes et rapides en fermant les frontières, en imposant le confinement et la cessation de toute activité sociale et économique, ce qui a certainement sauvé des vies. Pour exemple, le ministre de la santé en Israël, M. Litzman, qui a dès le début imposé des directives plus strictes encore que le corps médical, et les résultats parlent d’eux-mêmes.
Comment ne pas mentionner également les antisémitismes qui accusent à nouveau les Juifs d’être la source de ce désastre. Cette obsession pathologique de voir les juifs derrière tous les fléaux de l’humanité et de chercher un coupable cache leur faiblesse et leur impossibilité d’affronter courageusement les problèmes.
La lâcheté et le refus d’endosser ses responsabilités est un trait de caractère qui existe chez l’homme depuis sa création. Lorsque D.ieu S’est adressé à Adam Harichon et lui a reproché d’avoir consommé le fruit interdit, ce dernier Lui a répondu : « C’est la femme que Tu m’as donné qui m’en a fait goûter pour en manger » (Béréchit 3, 12), ce qui veut dire en d’autres termes : « C’est Toi, le Créateur, qui est responsable de ma faute en m’ayant octroyé cette femme ». Si la Torah nous rapporte ce dialogue, c’est bien sûr parce que l’humanité entière, descendante d’Adam, porte en elle cette faiblesse.
Si donc nous avons failli devant une épreuve, prenons-en conscience et essayons à l’avenir, en tenant compte de nos « imperfections », de les corriger et d’adopter l’attitude digne des descendants d’Avraham, de Its’hak et de Ya’akov.
Comment ?
A la manière de la goutte d’eau qui au fil du temps creuse même la pierre, la loyauté et les bons traits de caractère s’acquièrent essentiellement par des actes concrets, répétés, même minimes, qui marquent de leurs empreintes notre personne et notre psyché et à la longue, raffineront notre caractère.