Le gouvernement actuel en Israël dirigé par le Premier ministre Benett a d’énormes difficultés à établir un programme politique commun puisqu’il est composé de partis antagonistes dans leurs conceptions. Aucun d’entre eux n’est prêt à des compromis fondamentaux pour le bon fonctionnement de la Knesset car de base, leur vue sur le fonctionnement de l’Etat s’entrechoque. Malgré tout - oh miracle ! -, ils ont trouvé un consensus dans un domaine particulier : celui des réformes destinées à saper le statu quo existant en Israël.
Un peu d’historique : David Ben Gourion, bien qu’étant lui-même non-pratiquant, avait saisi l’importance de trouver un terrain d’entente entre ceux qui tenaient à la tradition juive et ceux qui l’avaient abandonnée. Pour cela, il avait institué un statu quo qui donnait au Rabbinat le pouvoir de statuer dans les domaines des mariages, de la Cacheroute, de la conversions et autres, afin d’éviter une scission irréversible entre deux parties du peuple hébreu.
Mais voilà que ce dont Ben Gourion, premier chef d'État d’Israël - rappelons-le, homme laïc et de gauche -, se souciait, n’intéresse aucunement le gouvernement actuel, qui s’en moque éperdument. Benett a beau avoir promis avant les élections de ne pas compromettre l’équilibre entre religion et Etat, il fait fi de sa parole, comme d’ailleurs de nombreux autres engagements qu’il ne va pas tenir. L’Histoire se répète et nous voilà à nouveau comme à l'époque de l’empire grec au cours de laquelle des juifs - les Mityavenim (Hellénisants) - réclamaient un mode de vie laïque éloigné d’un Judaïsme authentique en Erets Israël.
Ce qui est tout de même étonnant, c’est que parmi les meneurs de ces réformes, on compte principalement des porteurs de Kippa : Cahana ministre des Cultes, Elkin ministre de Jérusalem et des lieux saints, Bennett lui-même, ce qui laisse supposer un minimum du respect des Mitsvot. Comment comprendre dès lors leurs agissements qui vont à l’encontre de la Torah ?!
En réalité, il faut distinguer deux catégories de “religieux” : il y a ceux qui veulent sincèrement respecter les Mitsvot et progresser, même si dans la pratique ils n’en sont qu'à leurs débuts et que dans leur apparence on pourrait les prendre pour des laïcs. D’autres par contre considèrent les 613 Mitsvot comme “613 problèmes” dont on aimerait bien se débarrasser : le Chabbath est perçu comme trop long et ennuyeux, et on essaye de le meubler avec de la lecture de journaux et beaucoup de sommeil ; la prière est bâclée ; et enfin pour la Cacheroute, on se contente du strict minimum. On n’appliquera que ce qui est explicite dans la Bible, tout ce qui est d’institution rabbinique étant généralement banni.
Le roi Chlomo dans son livre le Cantique des Cantiques (Chir Hachirim) compare la Torah au vin. Comme on le sait, un bon vin a besoin d’être conservé méticuleusement et lorsqu’on le boit, il ne faut surtout pas le couper avec de l’eau, sinon il perd toute sa saveur. De même la Torah a besoin d’être protégée par toutes les haies que nos Sages ont posées autour. Essayer de faciliter son application en y mêlant d’autres considérations, revient à la “diluer” et à lui fait perdre toute sa “saveur”. En conséquence, les Mitsvot vont devenir un fardeau lourd à porter et les signes extérieurs de piété qu’on garde encore sont une farce désolante.
Le prophète Eliahou s’exclamait sur un ton de reproches aux Bné Israël : “Jusqu'à quand allez-vous clocher entre les deux parties conjointement ? Si l’Eternel est le vrai D.ieu, suivez-Le ; et si c’est Ba’al (nom d’une idole) le vrai dieu, suivez Ba’al !’’(Rois I 18, 21). Car le fait d’être assis entre deux chaises peut s’avérer encore plus désastreux que de choisir franchement son clan.
Les réformes politiques de ces dernières semaines en sont une des illustrations.