Question d’Eli J.
Kvod Harav Scemama,
J’ai 27 ans, je suis "Chomèr Négui’a" (pas de contact physique avec une femme), et je cherche à me marier depuis 4 ans. J’ai déjà fait beaucoup de Chidoukhim (rencontres en vue mariage), mais rien n’a abouti. Souvent, la fille présentée ne me plait pas, et les quelques fois où je la trouve plaisante, j’obtiens un refus. Je sais qu’il y a une Mitsva de se marier, mais doit-on pour autant épouser une femme qui ne nous plait pas vraiment, par résignation ?
J’ai des pensées obscures et me dit que peut-être je ne marierais jamais. La preuve : il y a autour de moi des personnes de 50, 60 ans qui n’ont pas fondé de foyer. Ferais-je partie de ces gens dont le Mazal (destin) est de vivre dans la solitude ? Un ami m’a conseillé de vous écrire et de vous faire partager mon inquiétude devant cette réalité.
Avec tous mes remerciements.
Réponse du Rav Daniel Scemama
Chalom Eli,
Tout d’abord, ‘Hazak Oubaroukh pour le fait que tu sois Chomèr Négui’a, ton attitude est cher dans le Ciel, d’autant plus que tu es éprouvé.
Oui, on ne se marie qu’avec une personne qui nous plait et avec qui on se voit partager la vie. Celui qui ne se marie que pour accomplir la Mitsva de “Prou Ourvou” (avoir une descendance) aura, par la suite, le “mérite” d’accomplir une autre Mitsva : celle de donner un “Guèt” (acte de divorce) à sa femme (que D.ieu nous garde) !
Tu crains que ta destinée soit de rester célibataire comme c’est le cas de personnes autour de toi, et, évidemment, cette pensée t’inquiète. Nous allons énumérer les différentes catégories d’hommes qui ne se marient pas, et essayer d’en comprendre les causes, et vérifier que tu n’en fais pas partie.
Précisons tout d’abord que l’Eternel n’a aucun problème dans l’absolu à faire rencontrer à chacun la moitié qui lui convient de façon parfaite, dans les meilleurs délais et les meilleures conditions. Si les choses ne se passent pas ainsi, c’est qu’il y a des raisons que nous allons essayer de comprendre.
- Commençons par ce cas hors catégorie de personnes qui ne peuvent se marier, car ils souffrent d'un défaut physique ou psychique important. Ces handicaps les dispensent de l’accomplissement de certaines Mitsvot, et parfois, malheureusement, de toutes. Je mentionne ce cas pour mettre à l'évidence le fait que tout homme qui a cette chance de ne pas faire partie de ces êtres, doit avoir cette conscience qu’il a le devoir de chercher à construire un foyer et d’avoir une descendance, même si cela lui est difficile, comme nous allons l'illustrer.
- Certains ont un problème avec le féminin : pas d’attirance, peur, blocage… Les causes sont diverses, mais il est possible, dans certains cas, de les aider et de leur ouvrir la porte au mariage. Il est important d’en parler avec des spécialistes pour voir ce qu’il y a lieu de faire. N’oublions pas que la première Mitsva de la Torah est celle de donner une descendance, et tout ce que l’on fait dans ce sens est considéré comme une partie de la Mitsva.
- La peur du mariage et du joug de la famille paralysent certains jeunes hommes, qui n’ont, par ailleurs, aucun problème avec le sexe féminin. C’est la peur de l’inconnu, d’une nouvelle vie, des responsabilité qu’elle entraîne et la question de savoir “est-ce que je serai capable ?”. En général, ce problème est surmontable puisqu’il est le fruit de l’imagination. Un homme marié et pédagogue peut, par le dialogue, les rassurer. La Mitsva est aussi un catalyseur pour se lancer dans la mer. [Ajoutons le rôle primordial des parents qui doivent préparer leurs enfants à cette optique qui s’appelle “mariage”, et, concrètement, chercher à les aider financièrement pour se marier et à les guider dans le choix d’une “Parnassa” et d’un métier.]
Dans cette catégorie, on peut mettre celui dont les parents ont divorcé. Cette séparation mal vécue par l’enfant peut provoquer chez lui une réticence psychologique à entrevoir un mariage par peur de reproduire les erreurs de ses parents. Rappelons que Rabbi Na’hman de Breslev disait que de même que nous sommes capables de détruire, nous sommes aussi capables de construire. Dans notre contexte, j’ai pu être témoin d’enfants de divorcés qui ont tout fait pour réussir leurs propres vies matrimoniales à la lumière des erreurs vécues dans leur maison.
- Un autre profil susceptible de se cabrer devant le mariage est celui dont les parents se mêlent sans cesse de ses choix. C’est le parent qui ne lâche pas prise, qui ne donne pas confiance, qui infantilise son enfant pour garder le contrôle sur lui, ou tout simplement qui refuse un choix qui ne correspond à son optique . Nous devons, certes, écouter les conseils de nos parents, car leur expérience est souvent très utile, mais en aucun cas les laisser déborder de leur rôle en décidant à notre place. Cette faiblesse finira par se payer très cher si on ne met pas à temps un holà à ces ingérences dans notre vie. La loi est tranchée dans le Choul’han ‘Aroukh qu’un fils n’est pas obligé d’écouter ses parents s’il désire épouser une jeune fille de son choix qui ne leur plait pas (cf. Yoré Dé’a, fin du par. 240).
- Il y a le cas classique du “difficile”, qui recherche à la fois Miss monde, avec un coeur en or, pas beaucoup d’exigence, et qui, en plus, ne se serait jamais rendue compte de ses atouts !!! Toutes les prétendantes sont refusées systématiquement, et les années passent alors que les propositions se font de plus en plus rares. Le même problème se trouve chez celui qui s’est déjà imaginé ce à quoi sa future doit ressembler et qui refuse tout Chidoukh qui ne rentre pas dans le cadre qu’il s’est fixé.
- Encore un cas assez proche des précédents, c’est la personne qui n’arrive pas à se décider, car “peut-être qu'elle peut obtenir mieux”. Toujours à faire des comparaisons, il ne peut donner de réponse affirmative, car il a déjà refusé une proposition préférable à celle-ci. Si ces hommes ne se raisonnent pas, ils risquent fort de finir leurs jours tout seul.
Si, Eli, tu te reconnais dans un de ces points, alors au travail, et sois courageux. Il faudra peut-être te faire aider pour accomplir le grand pas, parfois, il ne s’agira que d’un petit coup de pouce.
Par contre, si tu ne te reconnais pas, alors il y a lieu de supposer que tu n’as pas rencontré ton Zivoug, tout simplement, parce que le temps de ton mariage n’est pas encore arrivé. Notre Créateur, qui est Le véritable Chadkhane (marieur), sait qu’il te manque encore quelque chose pour créer et réussir cette union (maturité, réflexion sur soi-même, subsistance, choix fondamentaux…). C’est pourquoi tu dois absolument, de ton côté, préparer le terrain de ton futur mariage, que ce soit au niveau matériel (dans quel lieu habiter, quel travail, etc.) et spirituel (temps fixe d'étude de la Torah, degré de religiosité dans la maison, éducation des enfants, etc.). Plus tu seras clair avec toi-même, plus tu précipiteras le jour J. Ton Zivoug est là et t’attend, mais on veut te donner toutes les chances de réussir ton mariage.
Dirige tes prières vers Celui dans les mains duquel se trouvent toutes les clefs et demande-Lui de t’amener à cette plénitude qui te permettra d'être prêt à rencontrer ta moitié.