Les oiseaux entonnent leur mélodie matinale pendant que le soleil livre timidement ses premiers rayons de lumière. Le monde s'éveille comme à son habitude, paisiblement, à son rythme. Les rues sont pratiquement vides, les lumières des bâtiments commencent à éclairer les rues des villes encore assombries de la nuit passée, ces mêmes rues qui sont encore silencieuses.
C'est à cette heure, à laquelle les réveils ont l’habitude de sonner sur les tables de chevet, qu'un son venu de nulle part retentit soudain, fendant ce doux silence tranquille. Au début, le son semble lointain ; puis, de plus en plus, il s’approche avec vigueur. Les gens sont troublés, tant par le son que par sa puissance ascensionnelle. Son volume ne fait qu'augmenter.
Instinctivement, les gens lèvent leurs yeux au ciel derrière leurs fenêtres pour essayer d'y entrevoir un signe. Mais ils n’y décèlent pas plus de détails ; au contraire, l'horizon s'est assombri de façon inhabituelle, comme s'il annonçait un présage que les habitants de la Terre ne semblent pas saisir.
Le bruit sourd persiste.
Tout le monde se dirige vers les moyens de communication à disposition, radios, téléphones, télévisions, mais là non plus, rien, tout est brouillé. Les gens se plaquent les mains sur les oreilles, personne n'est épargné par ce bruit assourdissant. Puis, après de longues minutes qui paraissaient interminables, plus rien. D'un seul coup, un silence de plomb s'abat sur la ville. Un silence étrange, comme si le monde se remettait d'un événement traumatique.
Les téléphones s'affichent à nouveau en ligne. Mais que s'est-il passé ? Les gens sont encore sous le choc. On apprend aux premiers flashs infos que ce bruit s'est répandu d'un bout à l'autre du monde. Tout le monde l'a entendu. Certains disent avoir reconnu la résonance venue d'une corne de bélier…
À Jérusalem, la rumeur se répand comme une traînée de poudre : le Messie serait arrivé. Les rues de la ville sont noires de monde, religieux comme laïcs se sont entassés côte à côte dans les ruelles étroites de la vieille ville. L'effervescence est à son comble dans la cité, certains hurlent à tue-tête : “il est arrivé, il est arrivé !”, d'autres sanglotent à chaudes larmes. Les réseaux de téléphonie locaux sont saturés des appels des gens, les messages ne cessent de fuser. On fait des partages vidéo des gens penchés aux fenêtres en train de chanter des chants jubilatoires en l’honneur de l’événement.
Le gouvernement israélien ainsi que les médias officiels ont dépêché leurs émissaires dans le but d'en savoir plus sur la situation. Les forces de l'ordre fendent énergiquement la foule en délire, tentant de se frayer un chemin jusqu'à l'esplanade du Mur des lamentations. La rumeur dit que l'élu serait situé dans une petite salle en pierre datant de l'époque du second Temple, localisée dans les souterrains du Mur occidental.
Les représentants officiels arrivent enfin à proximité du lieu, tandis que des gens font signe aux journalistes de se tenir à l'écart. Seul le chef de la police de Jérusalem ainsi que le représentant de la Knesset qui l’accompagne sont invités à pénétrer les lieux.
À peine la porte fermée, elle se rouvre aussitôt, les deux hommes ressortent après quelques minutes en sanglots. Ils déclarent dans un état second devant les caméras : “c'est lui, c'est bien lui !”
Le lendemain, le journal Haaretz titre sa Une : “Serait-il vraiment là ?” et les médias du monde entier lui emboîtent le pas. En l'espace d'une semaine seulement, tous les plateaux télé et les radios ne parlent plus que ça. Certains jouent de scepticisme, d'autres en sont complètement persuadés. Sur le web, les moteurs de recherche redirigent des milliards de gens dans le monde entier vers des sites de judaïsme. « JewConversion.com », « Judaism.com », « Torah-Box » etc.
Le public religieux en Israël demeure, quant à lui, encore divisé. Il y a ceux qui ont immédiatement adopté l'idée que le Machia'h est arrivé sans demander la moindre vérification, le son du Chofar et l’effervescence publique leur ont suffi. D'autres, plus sceptiques, attendent l'aval des grands de la génération. Ce jour-là, l'assemblée des Sages prévoit de se rendre dans la vieille ville à la rencontre de ce mystérieux homme au cœur de toute cette effervescence. On conduit les Sages à proximité des lieux, les gens dégagent les voies d'accès, chacun comprend qu'ils sont les seuls à pouvoir véritablement identifier l'élu.
La porte se referme derrière la dizaine d'hommes vêtus du long manteau rabbinique noir. Quelques instants plus tard, les Sages sortent, le visage comme éclairé d'une lumière sainte. Ils prononcent à l'unisson la bénédiction de circonstance. Le peuple éclate d'une exaltation sans pareille.
Le Machia'h s'est enfin dévoilé.
La nouvelle traverse aussitôt les quatre coins du monde. Dans un premier temps, le christianisme et l'islam tout autant que les représentants du judaïsme regardent avec une grande méfiance cette actualité, car leurs eschatologies respectives mettent en scène l'arrivée d'un faux messie à la fin des temps (Antéchrist pour les chrétiens, Dajjal pour les musulmans). Mais rapidement, le phénomène dénoue leurs croyances et ils se rendent à l'évidence. Il s'agit du vrai messie, le Messie d'Israël.
Au Vatican, le Pape en fonction, dans un communiqué officiel, appelle tous ses fidèles à se convertir au judaïsme dans les plus brefs délais, tandis que les pays musulmans joignent leurs forces pour arrêter tous les membres des organisations terroristes.
Les pays en guerre cessent immédiatement tout combat. La délinquance s’effondre, atteignant le taux le plus bas de tous les temps. Le gouvernement israélien fait immédiatement voter des lois pour interdire le défilé de la Gay Pride dans tout Israël ainsi que l’interdiction formelle d’ouvrir les commerces durant le Chabbath. Dans la foulée, le budget annuel alloué aux centres d’études talmudiques est décuplé.
À l’étranger, les aéroports affichent complet et les vols en partance pour Israël sont absolument hors de prix. Les embarcations de marchandises se transforment en bateaux de voyage. Le monde entier cherche à monter en Israël par tous les moyens possibles.
Dans les rues, on est à la recherche du moindre juif pour le questionner sur la suite des événements.
À présent, tout le monde ressent que quelque chose est en train de se tramer, un sentiment indescriptible et unique en son genre.
Les programmes télévisés sont boudés, la bêtise n’intéresse plus personne. Les endroits réputés mal famés sont laissés en friche, leurs propriétaires font profil bas. L’humanité entière se concentre sur l’événement qu’elle est en train de vivre à l’unisson. Personne n’est insensible à l’événement. À l’échelle individuelle, les gens sont portés par des élans de bonté les uns envers les autres, plus particulièrement envers les Juifs. Les rues sont sûres, les gens joyeux : la gaieté se lit sur les visages des hommes et femmes du monde entier.
Les Juifs les plus éloignés de la religion sentent un appel intérieur, une soif d'en savoir plus sur leur identité.
Aux sommets de l'ONU, du G20 et des autres rassemblements de dirigeants nationaux, des messages de paix sont envoyés à Israël, les Palestiniens sont même parmi les premiers à reconnaître la souveraineté de l'État juif. Les rabbins sont littéralement harcelés par les journalistes qui les supplient de leur accorder la moindre interview.
Des manifestations pro-Machia’h s’organisent un peu partout dans le monde avec des pancartes écrites en hébreu brandies par des gens de tout âge et de tout bord.
Le monde se soumet naturellement à l’autorité de celui qu’il a secrètement attendu depuis toujours.
C’est de la petite pièce en pierre d’époque qu’émanera le premier message de l’élu de D.ieu, l’humanité est prête à l'entendre.
Le dévoilement du Machia'h pourrait ressembler à cela. La seule question que nous devons nous poser est la suivante : sommes-nous prêts à vivre ce moment ? Qu'aimerions-nous faire de plus, d'ici à ce moment ? Il n'est pas encore trop tard...