Il existe un Minhag, une coutume très peu pratiquée où il est déconseillé de boire de l’eau pendant l’heure de la Tékoufa. Si vous souhaitez trouver la plage d’horaires, vous pouvez vous rendre directement à la fin de ce document, au paragraphe « Conclusion ».

Signification des Tékoufot

Notre calendrier est basé sur des années solaires et des mois lunaires.

L’année est déterminée par la révolution de la Terre autour du Soleil et dure 365 jours et 6 heures. Les mois sont synchronisés par rapport aux révolutions de la Lune autour de la Terre

Les Tékoufot et les Moladot (lunaisons) sont des phénomènes planétaires (saisons, lunaisons, conjonctions) qui se produisent aux mêmes moments pour tout le monde. C’est autour du calcul de ces moments qu’est fondé notre calendrier.

Le terme « Tékoufa » signifie « saison » et désigne également le moment du début d’une saison. Il existe 4 Tékoufot, moments-clés dans l’année. La Tékoufa de Tichri en automne, celle de Tévet en hiver, celle de Nissan au printemps et celle de Tamouz en été.

Chaque Tékoufa se situe chaque année, aux mêmes dates du calendrier civil, qui lui, est solaire, mais à des heures différentes.

La Tékoufa de Nissan, par exemple, nous sert de point de repère afin que Pessa’h soit toujours célébré au printemps, comme le demande la Torah (Deutéronome 16,1). Étant donné que 12 mois lunaires sont plus courts que 12 mois solaires, lorsque l’on s’aperçoit que Pessa’h va tomber plus d’un mois avant la Tékoufa de Nissan, on insère le mois supplémentaire de Adar I.

Heures des Tékoufot (‘Iroubin 56a)

Les Tékoufot sont inscrites dans le temps moyen, ce qui nous permet de pouvoir additionner ces moments.

Les quatre Tékoufot d’une même année sont espacées de 365 j ¼ / 4 = 91j et 7h 30, c’est-à-dire, 13 semaines et 7h 30. Par exemple, une Tékoufa de Nissan à 0h, la Tékoufa suivante, celle de Tamouz sera à 7h 30, celle de Tichri à 15h, puis celle de Tévet, à 22h30.

D’autre part, dans notre calendrier dit « de Chmouel », l’année solaire dure 365j ¼, c’est-à-dire 52 semaines et 1 jour ¼. D’une année sur l’autre, une même Tékoufa tombe donc 1j et 6h plus tard. Par exemple, une Tékoufa de Nissan à 0h, l’année suivante, elle tombera à 6h, ensuite 12h, puis 18h.

 

NISSAN (printemps)

7 – 8 avril

Tékoufot espacées de 7,5h

TAMOUZ

(été)

7 – 8 juillet

TICHRI

(automne)

7 octobre

TEVET

(hiver)

6 – 7 janvier

         

0

+ 7h30

7h 30

15

22h 30

+ 6 h par année

       

6

 

13h 30

21

4h 30

12

 

19h 30

3

10h 30

18

 

1h 30

9

16h 30

Tableau des heures des Tékoufot

Ces heures de Tékoufot (et Moladot) indiquées sur nos calendriers ne sont pas des heures de nos montres, ni même à celles des habitants de Jérusalem. En effet, nos montres indiquent des heures moyennes, déterminées par les scientifiques, avec Greenwich comme référence, alors que nos heures de Tékoufot sont calées sur le méridien de Jérusalem et ne peuvent être exprimées selon les méridiens des autres régions du globe. 

Cependant, pour ce qui est des implications de ces moments, comme par exemple, les temps limites pour la récitation de Birkat Halévana, ou, selon un Minhag (coutume) très peu pratiqué, il est recommandé de s’abstenir de boire de l’eau aux moments des Tékoufot, il sera alors nécessaire de traduire ces heures selon les montres de chaque pays du monde. 

Pour la plupart des opinions, ces heures ne sont pas Zemaniot, mais Chavot fixes, car elles mesurent des phénomènes planétaires et ne sont pas influencées par les levers et couchers du Soleil en un lieu du globe.

Chéélat Guéchamim (demande de pluie)

La prière de demande de pluie est récitée à partir du 60ème jour après la Tékoufa de Tichri (Ta’anit 10b).

Comme nous l’avons vu plus haut, les Tékoufot se situent toujours aux mêmes dates du calendrier civil qui lui, est solaire. 

Nous savons par calcul que la Tékoufa de Tichri tombe toujours un 7 octobre. Par exemple, le 7 octobre à 3h, puis l’année suivante, le 7 octobre à 9h, puis 7 octobre à 15h, puis 7 octobre à 21h, puis de nouveau 3h, etc. Or, dans l’année où elle tombe à 21h, donc après 18h, c’est déjà le lendemain pour le calendrier juif, comme si nous étions le 8 octobre. C’est la raison pour laquelle nous récitons la Chéélat Guéchamim le 60ème jour de la Tékoufa de Tichri, c’est-à-dire le 5 décembre, mais une fois tous les 4 ans, c’est le 6 décembre.

On retiendra comme moyen mnémotechnique, lorsque l’année civile à venir est bissextile, la Chéélat Guéchamim sera le 6 décembre. En effet, le 29 février à venir nous fera « consommer un jour » et donc reculer les Tékoufot d’une journée et nous ramener la Chéélat Guéchamim de l’année suivante au 5 décembre. Ce qui fut le cas récemment avec le 6 décembre 2023, suivi du 29 février 2024.

Minhag de ne pas boire de l’eau pendant les Tékoufot

Selon un Minhag (Rav Aboudaram Ch.29, Taz Y.D. 116,4, Solet Nékiya de Rav Mazouz p.110), il est déconseillé de boire de l’eau en raison des risques encourus. La Tékoufa de Tévet est associée à l’histoire de la fille de Yiftah dont les larmes souillèrent les eaux du monde. La Tékoufa de Nissan est quant à elle, liée à la plaie du sang en Égypte. La Tékoufa de Tamouz est reliée à l’épisode des eaux de Mara, avec les eaux amères dans le désert. Enfin, la Tékoufa de Tichri est associée au sacrifice d’Its'hak, où une goutte de sang coula quand même et pollua les eaux du monde.

Selon une seconde explication, les Tékoufot coïncident avec la relève des anges tutélaires, chargés de mission sur l’approvisionnement en eau dans le monde.

Le ‘Hida (Ma’hazik Berakha Sim 455) en parle, ainsi que le Rama (O.H. Sim. 455). Le ‘Alé Hadass  cite de nombreux Poskim

Selon le Péri ‘Hadach (OH. fin Sim 428), il est de coutume d’annoncer l’heure de la Tékoufa à la synagogue afin que les fidèles pensent à s’abstenir de boire de l’eau à ce moment-là. Ceci pour plusieurs raisons essentiellement liées à certains dangers que cela représente. L’eau ne serait consommable au moment de la Tékoufa que si l’on avait auparavant immergé un morceau de métal ou qu’elle avait été bouillie auparavant.

Exemple de calcul

Voici la formule de calcul pour adapter les Tékoufot à l’heure d’un pays, à partir des heures indiquées sur nos calendriers.

Heure de la Tékoufa – 2h 21 (longitude de Jérusalem) + décalage horaire du pays (1h pour la France et 2h pour Erets-Israël) +1 heure d’été (éventuelle)

Prenons l’exemple de la Tékoufa de Tichri 5785 signalée à 3h du matin.

3h est l’heure moyenne de Jérusalem.

On soustrait la longitude de Jérusalem (35°14’E) qui vaut 2h21 pour avoir l’heure de Greenwich.

On ajoute le décalage horaire du pays : +1h pour la France ou +2h pour Erets-Israël.

On ajoute l’heure d’été (ici, en octobre) : +1h (ne pas ajouter 1h en hiver)

Résultat pour Tichri 5785, pour la France, 3h – 2h21 + 1h + 1h = 2h39

Pour Erets-Israël, 3h – 2h21 + 2h + 1h = 3h39 

Plages d’horaires 

Afin d’encadrer ces moments de Tékoufa, on ne boira donc pas d’eau une demi-heure avant et une demi-heure après ce moment, comptées en heures fixes et non Zemaniot (saisonnières), car ce sont des heures « planétaires » et elles ne dépendent pas des coordonnées locales de nos villes.

Dans Solet Nékiya p.109-111, Rabbi Méïr Mazouz cite plusieurs opinions qui prévoient des moments différents, avant ou après celui de la Tékoufa, et même pour certaines, des moments différents selon les saisons (1h ou 1h ½ avant ou après la Tékoufa). Mais il cite le ‘Hida pour qui il n’y a pas lieu d’être Ma’hmir – rigoureux – en consacrant un long moment, car seul l’instant précis de la Tékoufa compte.

Conclusion

En résumé, on ne boira pas d’eau pendant 1 heure.

- En France :

En été, à partir de 1 heure avant la Tékoufa

En hiver, à partir de 2 heures avant la Tékoufa

- En Erets-Israël :

En été, à partir de l’heure de la Tékoufa

En hiver, à partir de 1 heure avant la Tékoufa

Exemple pour cette Tékoufa de Tichri 5785, prévue à 3h du matin, on ne boira pas d’eau :

en France entre 2h et 3h,

en Erets-Israël entre 3h et 4h.