Cette histoire se déroule deux semaines après la nomination à son poste. Ça y est, il en a assez, combien peut-il travailler ! Il se leva le matin et déclara : « Aujourd’hui, je ne vais pas au travail », décida-t-il. « Quoi ? Je n’ai pas droit à un jour de congé ? » Il avait très envie d’aller à la mer. Il prépara son sac, sans oublier les raquettes de ping-pong, et s’apprêta à quitter la maison, mais les gardes, dont le rôle est de le protéger, commencèrent à lui faire des ennuis. « C’est impossible, maintenant, dans une heure », déclara fermement le responsable de ses déplacements. « Où voudrais-tu aller ? », lui demanda le second vigile. « A la mer », répondit-il. « Je ne pense pas pouvoir obtenir d’autorisation pour une telle destination », répondit-il sèchement. Quoi ? Ce n’est pas possible de s’amuser un jour ? Se déconsidère-t-il en s’absentant un jour de travail pour aller à la mer ? Quelques minutes plus tard, les téléphones décidèrent de sonner sans répit. Au début, c’était le secrétaire, et il ne répondit pas. Il n’en avait pas la force. Ensuite, c’était un interlocuteur de l’étranger, il lui répondit en lui expliquant qu’il le rappellerait plus tard dans la journée, mais la série de téléphones ne cessait pas. Il était sur le point d’exploser : « Quoi, je ne peux plus faire ce que j’ai envie ? »
« C’est comme ça, lui expliqua son épouse dans la soirée, si tu es Premier ministre, tu ne peux pas te contenter de ce qui est suffisant pour tout le monde. Tu as une plus grande responsabilité que tout un chacun, tu as un rôle plus important que tout le monde, que faire, ce n’est pas toujours une partie de plaisir, cela demande des efforts de ta part. »
« Est-il possible d’être un bon Juif sans respecter la Torah et les Mitsvot ? », me demanda un jour quelqu’un, alors voici la réponse que je lui adresse.
Etre juif, ce n’est pas seulement l’appartenance familiale ou nationale au peuple juif, ce n’est pas non plus le fait de vivre en Israël ou de croire à la vision sioniste. Etre juif, c’est avoir un rôle différent de tous les autres peuples, un rôle élevé et chargé de responsabilités. C’est pourquoi ce n’est pas toujours une partie de plaisir, mais cela requiert des efforts et une certaine exigence de notre part. Alors, de même que le Premier ministre ne peut se contenter d’être un « homme bon », mais se doit d’être un « bon Premier ministre », le Juif ne peut se contenter d’être un « homme bon », il doit être un « bon Juif », à savoir : assumer son rôle et sa responsabilité jusqu’au bout.
Le rôle du Juif
Le rôle du Juif est d’assurer la liaison entre le Maître du monde et le monde entier, ce qui inclut les hommes, les animaux, le végétal et même l’inerte. Expliquons-nous :
Le Maître du monde, nous le savons tous, ne se trouve pas ici sur terre, Il n’a ni corps ni ressemblance de corps, n’a aucune expression physique ou matérielle, Il est toute spiritualité, nous ne pouvons pas, en tant qu’êtres humains, Le voir ou Le toucher, mais seulement croire à Son existence. La raison de ce phénomène, en passant, est de permettre à la Emouna (foi en D.ieu) d’exister, d’exprimer notre libre arbitre pour que l’homme ait deux options à sa disposition.
C’est ici que commence le problème : si le Maître du monde est spirituel et que nous - le monde entier - sommes matériels, qu’est-ce qui peut faire le lien entre nous ? Qu’est-ce qui peut créer ce lien entre Ciel et terre, entre l’esprit et la matière ? Ce sont deux opposés.
Pour offrir une réponse à ce problème, D.ieu a créé l’homme, et surtout - le peuple juif. Le peuple juif résout le problème d’incompatibilité entre le monde spirituel et le monde matériel, car il est lui-même prodigieusement composé de ces deux composantes. Le Juif possède clairement, d’après la définition de la Torah, « une partie divine d’en-haut ». D’un autre côté, il est également très lié à la matérialité - il est après tout un être humain, avec les besoins d’un être humain, des désirs humains et une parole humaine.
La complexité du Juif avec ces deux contraires - la spiritualité de son âme et la matérialité de son corps - lui permet de jouer un rôle déterminant, le plus crucial de l’humanité : faire le lien entre le Ciel et la terre, entre D.ieu et les hommes. En l’absence de Juifs, le monde n’aurait pas de relation avec le Maître du monde et il serait détruit. Avec les Juifs, tout le monde est gagnant.
Alors, en une phrase : notre rôle est de nous connecter à D.ieu pour y relier le monde entier en même temps que nous. Il nous reste juste une question : comment exécuter ce rôle ? De quels moyens disposons-nous, les Juifs, pour créer ce lien ?
La réponse, c’est le Maître du monde qui l’a offerte il y a plusieurs milliers d’années lors d’une scène historique tenue au Mont Sinaï, lorsqu’Il nous a donné la Torah et les Mitsvot. La Torah et les Mitsvot sont en réalité une série d’actions concrètes réalisées ici, dans le monde physique et matériel (par exemple les Téfilines, qui sont confectionnées à partir de la peau de bêtes ! Aussi matériel que possible !), qui renferment la possibilité de relier le Ciel à la terre. Comment ça fonctionne ? Comment se peut-il que chaque Mitsva ait la faculté de faire ce pont ? Ce n’est pas le sujet de notre article. Mais le point essentiel : l’accomplissement des Mitsvot et de la Torah est le seul moyen d’accomplir notre rôle de Juif dans le monde.
En conséquence, vouloir être un bon Juif sans respecter la Torah et les Mitsvot, c’est comme vouloir être un bon Premier ministre tout en souhaitant aller à la mer quand bon nous semble…
Bonne chance !
Moché Witman