Depuis quelques jours, plusieurs pays européens et des dizaines d'États américains ont entamé une sortie du confinement, qui fut le seul remède efficace à ce jour pour tenter d’enrayer la pandémie du Covid-19. S’en est donc fini de la « coronaphobie ». On nous autorise à sortir de nos refuges après presque deux mois d’une retraite paisible dans nos petits coins de paradis. Nous pourrons de nouveau nous mouvoir librement sans craindre la contamination au coromachin, enfin peut-être… éventuellement… avec l’aide de D.ieu.
Certes, les chiffres en Israël sont très encourageants. L’épidémie semble sous contrôle. Mais qu’en est-il des statistiques journalières en France, en Italie, en Angleterre, mais surtout aux USA avec plus de 105.000 décès ? En effet, on décompte encore des centaines, voire des milliers de morts chaque jour. Et on observe depuis peu des formes graves du virus chez les jeunes enfants, D.ieu nous en préserve. N’est-ce pas trop tôt pour une sortie totale du confinement ? Nos enfants ne seront-ils pas plus en sécurité à la maison (au moins jusqu’en septembre) ? Que nenni, les gouvernements ont décidé de nous sortir de nos abris. Il faut rendre sa liberté au peuple, mais il faut surtout rendre son souffle à des économies qui battent de l’aile. Sauver l'économie ou sauver des vies : telle est la question du jour. Et les gouvernements tâtonnent pour établir un équilibre optimal entre activité économique et risques sanitaires.
Qu’en pense la Torah ?
Nous lisons deux fois par jour le Chema. Il y est écrit : Tu aimeras l’Éternel, ton D.ieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir. Rachi explique : de tout ton pouvoir – de tout ton argent. Car il y a des personnes pour lesquelles l’argent est plus précieux que la vie. La Torah considère avec exactitude la place qu’occupe l’argent dans la vie de chacun de nous. Il est un moyen ou un but. L’argent est par ailleurs appelé « Damin » en hébreu. Ce terme désigne initialement le sang. À l’instar du sang, vital à notre organisme, l’argent nous permet de pourvoir à notre subsistance ainsi qu’à celle de nos proches. Cet aspect de l’argent trouble l’esprit des plus cupides qui l’idolâtrent. Le moyen de subsistance devient alors l’objectif ultime de la vie. Cela dit, Rabbi El’azar Ben ‘Azaria nous enseigne : sans farine (moyens de subsistance), point de Torah. Certes nous aimons et respectons la vie, mais il faut de l’argent pour vivre, n’est-ce pas ? Où se trouve donc le point d’équilibre entre une extrême cupidité et une attitude désinvolte vis-à-vis de l’argent. Car ces deux comportements sont erronés.
Le fondement de la vie est la clarification par l’homme de son obligation dans ce monde.
La réponse à cette problématique réside dans une simple question : quelle est mon obligation dans mon monde ?
Dès lors que nous cernons avec exactitude notre rôle dans ce monde, il nous est plus facile d’harmoniser notre existence. Nous pouvons établir des priorités avec plus de justesse et vivre notre judaïsme de façon équilibrer. Rav Moché Luzzato écrit que le but de notre vie est de nous délecter du Divin et de jouir de Sa présence. Concrètement, D.ieu veut que nous “kiffions” un “kiff” authentique et éternel. Ce “kiff” s’obtient par l’attachement à Lui. En tant que Juif, nous ne pouvons y parvenir que par une vie de Torah. C’est-à-dire par le respect des commandements de la Torah. Les non-juifs peuvent quant à eux bénéficier du monde futur par l’observance des sept lois de Noé. C’est pourquoi notre vie est si importante. D.ieu nous veut. On comprendra avec aisance que l’argent ne peut en aucun cas constituer un but. Selon la Torah, la vie passe avant tout, même avant les commandements Divins, a fortiori avant l’argent.
La vie avant tout
Lors d’une récente allocution, Rav Asher Weiss, l’un des plus grands décisionnaires de la génération, a ainsi déclaré : « Eux ils pensent à l'économie, nous à la santé de nos anciens. »
Nous pensons à la santé de nos anciens, car nous avons conscience de la valeur inestimable de chaque vie. Une petite augmentation du PIB ne remplacera jamais une âme humaine. Et il y a suffisamment de richesses dans le monde pour assumer quelques jours d’inactivité. Tâchons de suivre les conseils de nos Sages afin de vivre une vie intelligemment et pleinement vécue, sans risquer de se réveiller à la fin de notre vie en ayant vécu totalement à côté de la plaque, dans du vide … (que D.ieu nous en préserve !)