Rabbi Its’hak Abi’hssira est l’auteur de plusieurs ouvrages profonds sur la Torah.
À l’occasion de sa Hiloula, Torah-Box vous propose de découvrir l’un de ses enseignements.

Rabbi Its’hak Abi’hssira est l’auteur de sept ouvrages :

Elef Hamaguen : Explications et messages cachés dans les versets de la Torah, organisés selon l'alphabet.

Lev Tahor : Cinquante explications et messages sur la prière, cachés dans le mot "Téfila".

Cha’aré Bina : Cinquante explications et messages cachés dans le verset "Chir Hachirim Acher Lichlomo".

Hachabbath Hagadol : Comment sont insinuées toutes les 613 Mitsvot de la Torah et les sept Dérabbanan dans le mot "Hachabbath".

Ziv’hé Tsédek : Lois et coutumes concernant la Ché’hita (abattage rituel).

Charvit Hazahav : Idées novatrices sur le Talmud. Ce livre ne nous est jamais parvenu.

Keter Torah : Discours. Ce livre non plus n’a pas survécu à travers les âges.

Dans les trois livres Elef Hamaguen, Lev Tahor et Cha’aré Bina, Rabbi Its’hak écrit et interprète des passages de la Torah dans le style de son père, le saint Rabbi Ya’akov Abi’hssira, dont la plupart des livres sont des enseignements de morale sur la Torah, la prière et le service divin, la réparation des traits de caractère et l’accomplissement des Mitsvot de manière parfaite, dans l’intention de sanctifier le Nom de D.ieu. Il cache chaque enseignement dans les versets de la Torah.

Voici l'un de ses enseignements, compilé à partir de plusieurs extraits de ces trois livres et présenté dans un langage accessible.

L’une des choses les plus étonnantes que Rabbi Its’hak ait écrites concerne la valeur de l’abnégation d’une personne qui donne sa vie pour sanctifier le Nom de D.ieu. Lorsqu’une personne se trouve face à l’épreuve de transgresser la Volonté de D.ieu ou de donner sa vie pour la sanctification du Nom de D.ieu, elle doit choisir de se sacrifier et d’affronter la tentation du mauvais penchant en se rappelant qu’au final, tout le monde mourra de la même manière, et qu’il est préférable de mourir maintenant pour la sanctification du Nom de D.ieu, car la récompense sera infiniment grande comparée à une mort ordinaire. C’est du reste ce qui arriva exactement à Rabbi Its’hak, qui donna sa vie pour sanctifier le Nom de D.ieu et sauva ainsi les Juifs de sa région. Cela ressemble à ce qui est dit dans la Guémara (Brakhot 61b) au sujet de Rabbi ‘Akiva qui, lorsqu’il fut mis à mort en sanctifiant le Nom de D.ieu et que sa chair était lacérée avec des peignes en fer, récita le Chéma’ Israël et dit à ses élèves : "Toute ma vie, j’attendais le moment où je pourrais accomplir ce verset ‘Békhol Nafchékha’ (de tout ton cœur)".

Rabbi Its’hak écrit dans son livre Cha’aré Bina  (explication 30) :

La Guémara dans Brakhot (5b) dit à propos du verset (Téhilim 4, 5) : "Tremblez et ne péchez pas ; parlez en votre cœur, sur votre lit, et gardez le silence, Séla !" : "Rabbi Levi Bar Chama a dit au nom de Rabbi Chim’on Ben Lakich : Un homme doit toujours provoquer son bon penchant contre son mauvais penchant, comme il est écrit ‘Tremblez et ne péchez pas’. S’il le vainc, tant mieux ; sinon, il doit étudier la Torah, comme il est dit ‘Parlez en votre cœur’. S’il le vainc, tant mieux ; sinon, il doit réciter le Chéma’ Israël, comme il est écrit : "Sur votre lit". S’il le vainc, tant mieux ; sinon, il doit se rappeler le jour de la mort, comme il est écrit : ‘Et gardez le silence, Séla’".

Le remède contre le mauvais penchant

Rabbi Its’hak commence par poser plusieurs questions, puis il écrit que ce passage peut être interprété à propos de l’abnégation pour la sanctification du Nom de D.ieu. Il existe en effet plusieurs Mitsvot dans la Torah, dont les Sages disent qu’un homme doit être prêt à mourir plutôt que de les transgresser, comme la sanctification du Nom de D.ieu, à l’image d’Avraham Avinou qui fut jeté dans une fournaise, ou encore Daniel et ses compagnons ‘Hanania, Michaël et ‘Azaria.

Cela s’interprète ainsi : la Guémara avertit chaque Juif que s’il est confronté au choix de transgresser la Volonté divine et rester en vie ou bien de ne pas la transgresser et mourir, il doit se sacrifier et sanctifier D.ieu en public. Sa récompense sera immense. À ce moment-là, il ne doit pas écouter son mauvais penchant qui le pousse à outrepasser la parole de son Créateur, mais il doit provoquer son bon penchant pour lutter contre le mauvais penchant, afin de vaincre ce dernier et accomplir la volonté de son Créateur. C’est ce que veut dire "Un homme doit toujours provoquer son bon penchant contre son mauvais penchant", c’est-à-dire "toujours", même face à la mort.

"Si il le vainc, tant mieux, sinon il doit s’occuper de la Torah" : cela signifie que si la personne a le temps d’étudier la Torah pour comprendre la grande récompense qui attend celui qui meurt pour sanctifier le Nom de D.ieu et si cela l’aide ainsi à vaincre son mauvais penchant qui le pousserait à choisir l’autre option, tant mieux.

Sinon, l’homme devra réciter le Chéma’ Israël, comme il est dit dans Dévarim (6, 5) : "Tu aimeras D.ieu ton Seigneur de tout ton cœur et de toute ton âme", et les Sages expliquent (Brakhot 61b) : "Même s’Il prend ta vie". En récitant le Chéma’, le Satan n’a pas de prise.

Si, même après avoir récité le Chéma’, il n’a pas réussi à vaincre son mauvais penchant, il doit se rappeler le jour de la mort, c’est-à-dire qu’il doit dire à son mauvais penchant : "Pourquoi me pousses-tu à ne pas mourir maintenant pour la sanctification du Nom de D.ieu ? Si je devais survivre après, ton argument serait valable, mais si je survis à cette mort, je mourrai de toute façon comme tout le monde, alors il est préférable de mourir maintenant pour la sanctification du Nom de D.ieu et obtenir une récompense infiniment grande". Ainsi, "il se rappellera de la mort", car il n’y a pas de plus grand argument que celui-ci : si l’on ne meurt pas maintenant pour sanctifier le Nom de D.ieu, on finira par mourir comme tout le monde, donc il est préférable de mourir maintenant pour Le sanctifier.

Rav Méir Chalom Busso