Nos Sages nous apprennent que certains moments étant particulièrement propices à la colère, il faut se montrer deux fois plus prudent pour ne pas s’emporter. Parlons ici du Chabbath...

Le Ben Ich ’Haï écrit (Parachat Vaéra, 2ème année) : « Le vendredi après-midi, ce moment qui comporte des écueils, est propice aux disputes entre époux et entre domestiques. Le mauvais penchant déploie de nombreux efforts pour provoquer des disputes. L’homme qui craint D. devra dominer son penchant pour n’occasionner ni querelle ni mécontentement mais, au contraire, pour faire régner la paix. 

Tout homme qui se querelle avec sa femme, ses enfants ou ses domestiques est certain d’avoir raison. Il est persuadé d’avoir à les reprendre pour leur maladresse ou leur sottise.

 

Pourtant, toute personne intelligente comprend que, s’ils ont commis une sottise, ce n’est pas de leur faute et ils n’en sont pas responsables. Nul autre que le mauvais penchant est à l’origine de leur erreur afin de susciter des querelles à ce moment-là. Si le penchant au mal s’en prend à son épouse ou à sa bonne et leur fait faire un faux pas dans la cuisine ou le ménage, au détriment du maître de maison, comment peuvent-elles s’en protéger ? Existe-t-il un être humain qui puisse combattre le Satan et le vaincre ? 

Aussi, chacun doit comprendre que, lorsqu’il constate un dégât dans la maison, il ne doit pas en imputer la responsabilité à sa femme ou à ses domestiques et leur faire des reproches. Il doit se remémorer l’explication que nous avons exposée ci-dessus et qui est juste. Dès lors, il gardera le silence, ne se disputera pas et ne se mettra pas en colère. Ce sera bon pour lui dans ce monde et dans le monde futur ».

Un bon conseil les veilles de Chabbath : commencer les préparations le plus tôt possible

Si nécessaire, mieux vaut renoncer à une partie des plats qu’on avait prévu de cuisiner. Il est préférable d’accueillir le chabbat l’âme pure et calme, même si la maison n’est pas impeccable et que les plats manquent un peu de goût… 

La Guemara rapporte (Chabbat 34 et Guittin 6) : 

« Rabba bar bar ’Hana dit : Les trois choses que nos Sages recommandent à l’homme de dire chez lui la veille de chabbat avant la nuit sont : ’Avez-vous prélevé la dîme ? Avez-vous fait le érouv ? Allumez la lampe (les bougies de chabbat)’. 

Il doit les dire calmement de façon à ce que ses paroles soient bien reçues ».

« Le maître de maison doit dire ces trois choses calmement parce qu’il est important d’avoir de bonnes manières et d’être posé, aimable et apprécié de tous mais aussi et surtout parce que le calme est réellement essentiel ; sans une ambiance détendue, il ne sert à rien de surveiller les membres de sa famille. En effet, diriger la maison dans une atmosphère paisible est une condition indispensable pour que les membres de la famille acceptent ses paroles. Si l’homme se fait obéir en suscitant la peur, l’ordre accompagné de menaces qu’il donnera avec sévérité sera, certes, exécuté parce que sa femme et ses enfants ont peur de lui, mais qui sait ce qu’ils feront derrière son dos ? Si, sous la menace, ils se soumettent à sa volonté par peur, ils effectueront mal les tâches et causeront des accidents qu’ils craindront de lui raconter ensuite. Cependant, tous les incidents décrits plus haut sont négligeables par rapport au vrai problème qui se révèlera quand ses enfants seront adolescents et qu’il perdra tout contrôle sur eux ». (Chiourim Behagadot ’Hazal)

N’allumez pas de feu

Se mettre en colère le chabbat est bien plus grave que de s’emporter les autres jours de la semaine. 

« N’allumez pas de feu dans toutes vos habitations le jour du chabbat » (Chémot 35) dit le verset. Le « feu » désigne aussi la colère et la discorde. En effet, en ce jour saint, la joie, l’amour et la bienfaisance s’éveillent dans les mondes supérieurs ; D. prend patience et ne punit pas les méchants. Il est donc particulièrement important de ne pas montrer de colère et de sévérité le chabbat. 

Etant donné que la colère fait fuir l’âme et que l’homme possède une âme supplémentaire le chabbat, l’interdiction de s’emporter est plus stricte ce jour-là (Orekh Apaïm). Le jour saint est qualifié de ‘délice’ ainsi qu’il est écrit : « Tu appelleras le chabbat, un délice ». Le chabbat peut constituer pour toute la famille une source de joie et de lumière qui éclairera les jours à venir. Mais parfois, il manque l’atmosphère de calme, ce qui transforme le jour saint en un jour de tension encore plus grande que les autres jours. Quel dommage car c’est souvent la seule occasion dans la semaine où tous les membres de la famille se trouvent réunis ! Lorsque la réunion familiale accompagne la mitsva de ’oneg chabbat, de plaisir du chabbat, dans « le repos fait de paix, de tranquillité, de silence et de sûreté », cette réunion peut resserrer les liens d’amour naturel que D. a ancré dans le cœur des membres d’une même famille.

Si le chabbat se transforme en un jour de rigueur à cause de la conduite des enfants et si, à chaque instant, les parents font des réflexions en voyant un défaut ou une faiblesse chez l’un

de leurs enfants, ils risquent de perdre l’essentiel du chabbat et de gâcher leurs bonnes relations avec leurs enfants. Aussi, même si le chabbat, on remarque régulièrement un défaut chez l’un des enfants, par exemple qu’il est jaloux ou se dispute avec ses frères et sœurs, les parents raisonnables sauront se retenir et ne pas gâcher l’atmosphère du chabbat par des remontrances et des accès de colère. Ils feront bien de s’attacher à remarquer les qualités de chacun et à les mettre en valeur. Quant aux défauts, ils attendront une autre occasion pour les faire remarquer aux enfants. S’il le faut vraiment, ils feront un reproche brièvement et d’un ton calme.

Chacun doit accepter la situation de son foyer avec résignation et amour « car l’Eternel votre D. vous met à l’épreuve pour savoir si vous aimez l’Eternel votre D. de tout votre cœur et de toute votre âme ». 

Chaque épreuve a un but positif : le chabbat peut être un test révélateur. Acceptons-nous vraiment le service de D. avec amour, chaque jour suivant sa conjoncture ? Voulons-nous plutôt décider nous-mêmes de notre sort et, dans ce cas, lorsque D. nous met dans des situations contraires à notre volonté, ne rejetons-nous pas le joug du service de D. ? 

Le repas du chabbat joue un rôle essentiel dans la vie de la famille. Les enfants, surtout les petits, ont du mal à rester assis à table notamment lors des longues soirées d’été. Les parents doivent être patients et comprendre que leurs enfants sont encore petits. Il faut les habituer à rester assis à table d’une part mais il faut aussi les laisser la quitter de temps à autre, selon leur âge et leur tempérament. Si le père dit un dvar Torah à table, qu’il se souvienne qu’il n’est pas en train de donner un cours ou une conférence. Il lui faut seulement intéresser ses enfants suivant leur niveau de compréhension. Pour y parvenir, il ne devra pas improviser mais préparer ce qu’il va dire avant le repas.

Le repas n’est pas un moment propice aux remarques déplaisantes adressées aux enfants car le chabbat perd son goût. A plus forte raison, si on fait ces réflexions sous l’effet de la colère car alors, tout le plaisir du chabbat – qu’on ressent surtout au cours des repas – risque de s’évaporer et la maison deviendra un enfer. Bien pire, c’est souvent la raison, plus ou moins directe, pour laquelle, en fin de compte, les enfants peuvent en venir à rejeter la Torah et les mitsvot, D. en préserve, comme l’expérience le prouve. Pour ces enfants, le fondement de la Torah que représente le chabbat devient un lourd fardeau qui leur pèse et les contrarie. Le repas de chabbat peut être une occasion de puiser la foi.

De plus, au moment où tous les membres de la famille sont rassemblés pour prendre le repas, mitsva ordonnée par le Créateur, une occasion extraordinaire se présente de tisser des liens d’affection entre les membres de la famille. C’est également l’occasion de développer chez ses enfants de bons traits de caractère et de montrer, par l’exemple, combien les qualités qui s’expriment à table sont importantes que ce soit d’avoir un esprit conciliant, d’aider autrui, d’honorer le chabbat ou ses parents. Cet enseignement spontané a l’avantage de se joindre aux chants du chabbat dont nos Sages ont vanté la valeur, disant qu’ils sont susceptibles d’encourager à servir D. 

L’essentiel pour réussir, c’est de décider fermement de vivre le chabbat comme le Créateur l’a ordonné et non comme nous le désirons. Pour y parvenir, il nous faut une grande mesure d’aide divine. Il est recommandé de prier D. de nous aider à atteindre le niveau du chabbat où « tu te délecteras en D. et Je te ferai monter sur les éminences de la terre et Je te ferai jouir du patrimoine de ton père Yaacov ». Comme l’expliquent nos Sages, l’homme reçoit un patrimoine sans limites (Chabbat 118). (Lev Avot Al Banim page 73)