1. Chaque Juif, sans exception, même le plus mauvais, dispose au plus profond de lui d’une âme pure et sainte dont l’unique désir est de servir Hachem de toutes ses forces, et que les volontés qui l’animent sont meilleures que celles qui s’expriment dans les enveloppes les plus extérieures.
     
  2. Mais le sujet est plus profond qu’il n’apparaît à première vue. Car, l’âme juive est en réalité une lumière spirituelle provenant d’Hachem. Cette lumière a la particularité d’être bonne, absolument, et elle détient une sainteté qu’il serait impossible de décrire. Mais, quand bien même l’homme se sentirait proche d’Hachem, quand bien même il se serait investi des plus hautes dimensions dans le lien qu’il a créé avec Lui, cela resterait sans comparaison avec la proximité réelle qui unit l’âme à son Créateur et avec la formidable sainteté dont celle-ci est porteuse.Or, un Juif, quel qu’il soit, possède une telle âme. Et tous ses désirs les meilleurs ne viennent pas directement de son âme, mais du Saint béni soit-Il qui a octroyé à l’âme deux accompagnateurs : le bon et le mauvais penchant (le yétser haTov et le yétser haRa). Car, on aurait donc tort de croire que le yétser haTov et le yétser haRa constituent deux parties de l’âme elle-même. Ils sont tous les deux extérieurs à elle, tandis que l’âme elle-même est beaucoup plus sainte que le yétser haRa, et même que le yétser haTov.
     
  3. Et si le yétser haRa a la possibilité de pervertir l’âme c’est, comme l’explique le rav ‘Haïm Vital au nom du Ari zal, parce que chaque Juif dispose dans les mondes supérieurs d’un trésor spirituel dans lequel sont emmagasinées toutes ses réussites futures, celles de ce monde-ci comme celles du monde à venir. Or, les forces du mal cherchent à s’emparer de ce trésor. Et la manière dont elles s’y prennent consiste à mettre l’homme en échec, soit en le faisant fauter, soit en l’empêchant d’accomplir les mitsvot. Car, de la sorte, le yétser haRa obtient la possibilité de mettre la main sur ce trésor lui causant par là même un grand tort, en détournant les bienfaits dont il aurait dû bénéficier dans ce monde-ci et dans le monde futur.
     
  4. Et le Ari zal de montrer que c’est pour cette raison que les lettres du mot chéfa (l’abondance) et celles du mot pécha (la faute) sont les mêmes [Chin-Pé-Hé pour chéfa et Pé-Chin-Hé pour pécha, NdT.]. A cette différence que leur ordre est inversé, et ce, parce que le yétser haRa a pour seul et unique but de faire fauter l’homme afin de pouvoir modifier la direction originelle de l’abondance qui, au lieu de se déverser sur l’homme, est orientée vers les forces du mal.
     
  5. Certes, si le yétser haRa se présentait à nous et qu’il nous avouait vouloir nous faire fléchir dans le but de s’emparer des bienfaits qui nous sont réservés, il est certain que personne ne le laisserait faire. Voilà pourquoi le yétser haRa doit mentir et nous faire croire qu’il veut notre bien. Mais en vérité, son seul et unique but est de se rendre maître de la bénédiction qui attend l’homme, lui causant un terrible préjudice dans ce monde-ci et dans le monde à venir.
     
  6. Par conséquent, même lorsqu’un homme suit son yétser haRa, son âme reste sainte et pure tout en étant prisonnière des forces du mal, servant ainsi son ennemi. Pourtant, il lui suffit de prendre conscience de sa situation pour trouver, au fond de soi, les moyens de faire volte-face en un éclair et de réintégrer la voie du bien. Et c’est ce qui arriva à Yossef Méchita. Dans la mesure où l’âme possède une extraordinaire sainteté, quand bien même l’homme se trouverait entre les mains du mal absolu, il garde toujours la possibilité de faire volte-face et d’atteindre très rapidement les plus hauts niveaux de rapprochement avec Hachem ; il reste capable de concentrer toutes les forces dont il dispose pour étudier la Torah et accomplir son Avodat Hachem. Ceci est vrai de tous les Juifs, même du plus mauvais.