Nous devons savoir que le vrai but de la prière est seulement d’implanter en nous la croyance que seul Hachem dirige le monde, que nous devons nous tourner exclusivement vers Lui et que Lui uniquement a le pouvoir de nous sauver et de nous exaucer, bien que ceci ne soit pas l’objectif principal.
Voici ce qui est rapporté dans l’ouvrage Beit Elokim du Mab’it : Il est possible qu’on vienne nous enseigner ici un principe essentiel de la prière qui est que l’homme ne doit pas placer toute son espérance dans le fait que sa prière soit exaucée, comme nos Sages ont dit (Traité Brakhot 32b) : La maladie arrive à cause des souffrances du cœur, comme il est écrit dans le verset (Michlé 13, 12) : « Une espérance qui traine en longueur est un crève-cœur ». Rabbi ‘Hama Bar ‘Hanina a dit (Traité Brakhot 36) : « Celui qui prie et n’est pas exaucé, réitèrera sa prière, comme il est dit (Téhilim 27, 14) : « Espère en l’Eternel, courage, que ton cœur soit ferme ! Oui, espère en l’Eternel ! »
Le but de la prière n’est pas d’être exaucé mais de nous enseigner qu’il n’y a personne dans le monde à qui nous adresser si ce n’est D.ieu. Nous devons reconnaître devant Lui tous nos manques et qu’Il est le Seul à pouvoir les combler et à la fin, nous recevrons notre récompense. Que la prière ne soit pas dite dans le but d’obtenir ce qu’on demande car cela donnerait à croire, que D.ieu nous en garde, que si nous savons au préalable que nous ne serons pas exaucés, alors nous ne prierons pas.Ceci explique un point difficile au sujet de la prière : il semblerait qu’il ne soit pas convenable de répéter plusieurs fois la même requête. Se comporter ainsi avec un roi pourrait l’irriter. En effet, si celui-ci avait voulu combler sa demande, il lui aurait suffi de l’entendre une fois ou deux. L’insistance est superflue et nuit à l’efficacité de la requête. Pourtant, nous nous adressons à D.ieu chaque jour, le soir, le matin et l’après-midi en une unique prière contenant dix-huit bénédictions et même si, pour la majorité de nos requêtes nous n’obtenons pas toutes les réponses, cela ne nous empêche pas de la répéter chaque jour. Notre réelle intention, en effet, est d’admettre et d’enseigner qu’il n’y a personne vers qui nous puissions diriger nos prières en dehors de D.ieu, le Maître du monde.
Nos manques sont exprimés dans le texte de la prière que nous rappelons devant Lui afin de reconnaître que Lui seul peut les combler et nous libérer de nos souffrances. Nous plaçons tous nos espoirs en Lui. C’est ainsi que nous remplissons notre devoir de prier et D.ieu fera ce qui semble bon à Ses yeux : recevoir ou non notre prière.
Dans l’ouvrage ‘Hovot Halévavot, il est écrit : « Il convient que tu saches mon frère, que notre intention lorsque nous prions n’est que de nous soumettre à D.ieu et de comprendre combien nous, ses Créatures, sommes dépendantes de Sa volonté. Nous ne voulons que L’élever, Le louer, Le remercier et placer toute notre confiance en Lui. »
Le Ramban a écrit au sujet de la Paracha Bo : La Kavana, l’intention à avoir lors de l’accomplissement des Mitsvot est de croire en D.ieu et de proclamer qu’Il est notre Créateur, ce qui est l’objectif de la Création. C’est l’unique raison pour laquelle D.ieu affectionne les mondes inférieurs. Voici pourquoi les lieux de prière existent et aussi la raison pour laquelle nous devons prier en communauté, afin qu’il y ait un endroit où les hommes puissent manifester à D.ieu leur reconnaissance de les avoir créés et dire devant Lui : « Nous sommes Tes créatures ». La même intention se retrouve dans les paroles de nos Sages : « Que chacun invoque D.ieu avec force ». (Yona 3, 8) De là, tu apprends que la prière a besoin d’être prononcée d’une voix (Talmud Yérouchalmi Traité Ta’anit, chap.2)
Il est expliqué dans l’ouvrage Korban Ha’éda : « Comme dans le monde, l’effronterie l’emporte sur l’humilité, à plus forte raison, lorsqu’on s’adresse à D.ieu, il convient de le faire avec force, même si cela ressemble à de l’impertinence ». C’est pourquoi, il nous incombe véritablement de saisir l’occasion de vaincre notre mauvais penchant en priant avec détermination.
A la lumière de ce qui a été dit, j’ai expliqué le verset « Que l’Eternel donne la force à son peuple ! Que l’Eternel bénisse son peuple par la paix ! » (Téhilim 29, 11) en disant que le terme "’Oz", la force, vient de "’Azout ", l’effronterie, et lorsque D.ieu dit "Que l’Eternel donne la force à son peuple !", c’est comme s’Il donnait l’autorisation à son peuple de Lui parler d’une manière qui ressemble à de l’impertinence, comme il est rapporté dans le Talmud Yérouchalmi ci-dessus.
Bien que l’effronterie semble s’opposer à la paix et s’apparenter davantage à l’impertinence et à la dispute, nous ne devons pas redouter que répéter les requêtes entraîne que D.ieu s’irrite ou les repousse. Au contraire, Il va "nous bénir par la paix" car telle est sa volonté.