Nous sommes quelques jours avant Yom Kippour, pendant les "10 jours de Téchouva". Chaque jour, Torah-Box vous propose de vous renforcer dans un des traits de caractères incompatibles à un bon jugement du Créateur. Aujourd'hui, parlons de savoir "juger l'autre positivement" !
C’est l’histoire d’Hillel l’ancien, qui organisa un repas chez lui. Avant le repas, un indigent se présenta à sa porte et dit à sa femme : « Je dois me marier aujourd’hui, mais je n’ai rien pour le repas de noces ! » Celle-ci prit l’ensemble des mets préparés et les lui donna. Elle retourna dans sa cuisine et prépara de nouveau du pain et des plats. Cependant, bien entnedu, le repas fut prêt avec un retard important. Après avoir été servi, Hillel lui demanda : « Pourquoi, ma fille, ne nous as-tu pas amené les plats à l'heure ? » Elle lui raconta alors toute l’histoire. Il reprit : « Je ne t’ai pas jugé défavorablement, mais au contraire, car il est certain que tout ce que tu as fait, a été fait pour la gloire du Ciel. »
Il est clair que nous aimerions toujours être jugés favorablement, que l’on nous comprenne, que l’on ne s’énerve pas avec nous ! Que l’on sache que, même si nous avons fait une erreur, il y a surement une raison valable. Imaginez quel bien règnerait parmi nous, si tout le monde pensait ainsi d’autrui, si les gens ne s’empressaient pas de s’énerver. Si un ami ne se comporte pas comme il se doit, on ne s’énervera pas intèrieurement, mais on préfèrera en élucider les causes.
Et comme Hillel, dans l’histoire précédente, on ne viendra pas directement agresser, mais on parlera posément, avec une intonation laissant entendre que l’on veut comprendre, clarifier : « Pourquoi as-tu agi comme ceci et comme cela ? » On serait surpris de voir, que dans la majorité des cas, notre colère n’est pas justifiée. Il faut faire preuve de justice avec son prochain. La majorité des gens ne sont pas mauvais et n’ont pas l’intention de nuire, mais font des erreurs entraînées par des quiproquos, par d'autres problèmes extérieurs, etc. Ce dont nous avons besoin ? Juste d’un peu plus de ‘ayin tova (un bon regard) vis-à-vis d’autrui, et de ne pas s’empresser de se mettre en colère et d’accuser.
La Michna dit [Pirké Avot 1.46] : « Juge tout homme positivement. » Que signifie « tout homme » ? A nous de regarder l’homme, avec un regard large et non étroit, focalisé sur les erreurs, les oublis et les dérapages. Au contraire, il faut s’habituer à voir de manière plus globale, voir ce qui pourrait l’empêcher de faire telle ou telle chose, prendre en compte la nature de chacun et son caractère. Et en parallèle, voir les points positifs, présents chez les autres. Tout cela réuni permettra de voir autrui avec un regard différent, précisément celui avec lequel nous nous regardons chaque jour.
Et voici ce que raconte un des proches du Rav Arié Lévine, de mémoire bénie, qui avait l’habitude de passer voir les prisonniers dans leur cellule afin de les renforcer. « Cela se passa un Chabbath. Je vis le Rav Arié Lévine, serrer la main d’un détenu, un meurtrier dont l’image divine avait disparu de son visage. Malgré cela, le Rav lui demanda comment il allait et écouta attentivement sa réponse. Je fus vraiment stupéfait des qualités morales de Rav Arié Lévine, de son amour sans conditions pour autrui, même pour quelqu’un qui avait peut-être tué son épouse. Le lendemain de Chabbath, lorsque je retirais mes Téfilines et pliais mon Talith, se présenta à moi ce détenu, Mr Y.M. Il me demanda s’il pouvait m’emprunter mes objets de prière. Je me suis interrogé : « Etait-il convenable qu’un homme ayant les mains pleines de sang innocent, se pare d’ornements comme le Talith et les Téfilines ? » Après qu’il ait insisté, je les lui ai donnés. Le détenu se mit dans un coin de la pièce, se revêtit du Talith, mit les Téfilines et commença à murmurer la prière. Plusieurs criminels de la même cellule me demandèrent la permission de ridiculiser Mr Y.M. car, selon eux, il dénigrait les objets de culte. « Depuis quand Y.M. met-il les Téfilines et prie-t-il ? En fait, il se moque de ceux qui accomplissent les Mitsvot en prison ! La preuve en est, qu'il met les Téfilines sur le bras droit au lieu du gauche, tel que la loi le prévoit dans son cas ! » Je savais que les détenus étaient prêts à le frapper, c’est pourquoi je eur ai dit que j’allais enquêter sur ce sujet. J’ai demandé à Y.M. de venir me voir, nous avons parlé en tête à tête, afin qu’il m’explique ses agissements. Il me répondit avec beaucoup d’émotion : « Tu sais, après la visite du Rav Arié, je me suis mis à réfléchir durant toute la journée sur mes actes. J’ai tout regretté et même senti, en mon âme, un besoin de prier. Cependant, comment pourrais-je mettre de saints Téfilines sur un bras impur, sur cette main qui a versé le sang d’un innocent. En revanche ma main droite est pure. » A cet instant j’ai compris la puissance de notre Maître, qui remontait des étincelles d’âme, des abysses les plus profonds. »
Voilà une autre histoire à propos, cette fois, d’un prisonnier communiste qui était un jeune arrogant et grossier personnage. Il tentait de faire sortir de ses gonds le Rav Arié Lévine.Toutes les fois où il voyait le Rav, le Chabbath, il s’empressait d’allumer une cigarette devant lui, uniquement dans le but de l’énerver. Mais le Rav Arié restait le même, comme à son habitude. Il précédait toujours les autres par un « Chabbath Chalom ». Ce détenu se tourna vers le Rav et lui demanda : « Pourquoi t’occupes-tu de menteurs et d'escrocs ? » Le Rav Arié répliqua : « Pourquoi médis-tu sur les autres hommes ? » Le jeune poursuivit : « Tu penses que ces détenus sont religieux ? Je vis avec eux, vois comment ils mangent et boivent la tête nue, ce ne sont que des hypocrites. » Rav Arié répondit : « Ce sont eux que tu appelles menteurs et escrocs ? A D.ieu ne garde ! Crois-moi, je ne regarde pas leur tête, si elle est couverte ou non, je suis concentré sur leur cœur. Or devant moi, leurs cœurs sont à découvert, ils sont brûlants… » Quelques jours plus tard, même ce jeune détenu, à la vue de Rav Arié, coura mettre sa kippa et devint un habitué de la synagogue !
Rav Arié Lévine disait : « C’est ainsi que cela se passe, lorsque l’on regarde le monde avec un bon œil : l’œil qui juge favorablement son prochain, dans toutes les situations, même pour les gens qui croulaient sous le poids de leurs fautes. » Parlons de nous, de choses qui nous sont plus proches : s'efforcer d'avoir un meilleur regard sur son époux, sur son épouse, son ami, son patron. C’est sûr que cela les renforcerait et les pousserait à faire le bien. Exactement comme pour nous, qui nous renforçons et sommes encouragés à faire mieux, si on nous regarde d’un bon œil. De plus, nos Maîtres nous ont assuré que celui qui juge son prochain favorablement, le Ciel en fera autant pour lui. Et qui n’en n’a pas besoin, surtout durant ces jours-ci ?