Notre calendrier ne fixe pas le Nouvel An en commémoration d’un événement particulier lié au judaïsme. Roch Hachana marque tout simplement la naissance d’Adam, le premier homme de l’histoire et père de toute l’humanité. Ce jour-là, il fut créé et ce jour-là, il fut également jugé. C’est pourquoi, chaque premier jour de l’année, toute l’humanité est jugée, individuellement et collectivement, à l’image de son ancêtre. Ce jugement ne vient pas définir notre place dans le monde futur, mais détermine plutôt ce que sera l’avenir de chacun durant l’année à venir, que ce soit en termes de santé, de subsistance, de paix, de vie, etc.

Ce jour redoutable devrait, en toute logique, nous plonger dans la tristesse et l’angoisse. Pourtant, il s’agit d’un jour de fête, où l’on s’habille de nos plus beaux vêtements, où l’on mange des mets raffinés et où l’on chante des louanges. On consomme même des aliments porteurs de messages de bon augure, comme si la rigueur de ce jour ne nous concernait pas véritablement, ce qui peut paraître surprenant !

En réalité, nous sommes pleinement conscients que ce jour est crucial pour notre avenir, mais nous nous réjouissons parce que nous avons un Père qui s’intéresse à nous et qui fera tout pour garantir notre bien. Il sera peut-être sévère – ou du moins, c’est ainsi que nous le percevrons –, mais au final, Ses décisions seront toujours ce qu’il y a de mieux pour notre avenir. C’est pourquoi, le jour de Roch Hachana, nous reconnaissons Sa souveraineté en la proclamant. Nous mettons l’accent sur notre identité juive en nous rappelant la sortie d’Égypte, la révélation au Mont Sinaï et le sacrifice d'Its’hak, grâce auquel Avraham mérita l’élection pour lui et sa descendance. Nous sonnons également du Chofar afin de nous éveiller et de ne pas laisser la matérialité nous alourdir et nous paralyser dans l’inaction.

C’est, en fait, le peuple juif, qui a connu tout au long de son histoire un parcours difficile, qui prend en charge ce grand jour de reconnaissance de la royauté divine et le célèbre. Tandis que les nations – qui sont tout autant concernées par le jugement divin – n’y prêtent pas attention et ne cherchent même pas à s’y intéresser. Leur seule préoccupation est de jouir d’une tranquillité qui leur permet de profiter des plaisirs de ce monde. Cela pourrait sembler leur donner raison, car leur vie, dans l’ensemble, se déroule sans trop de bouleversements.

Certains se poseront alors une question existentielle : comment se fait-il que ceux qui s’efforcent d’accomplir la volonté divine n’aient pas une existence facile, tandis que ceux qui ne s’en préoccupent pas traversent la vie relativement sereinement ? La réponse est que, justement parce qu’ils refusent de se plier à Lui, l’Éternel ne S’intéresse pas non plus à leur destin, les laissant, en quelque sorte, livrés à eux-mêmes. Cet “abandon” est en réalité une forme de punition qui devrait éveiller une inquiétude, car il n’y a rien de pire que de se sentir délaissé.

Durant cette année 5784 qui touche à sa fin, le peuple hébreu a été secoué. Confronté à des épreuves dans son quotidien, ‘Am Israël aura eu le mérite de se rapprocher de la Torah, tout en s’unifiant. Tout réveil d’en bas appelle un réveil d’en haut, et nous espérons que l’année à venir sera marquée par la paix, la joie, l’abondance et une connaissance approfondie de D.ieu. C’est ce que toute l’équipe de Torah-Box souhaite à toute la communauté juive, avec l’espoir de continuer à vous servir fidèlement, jusqu’au moment où nous passerons enfin le relais au Machia'h Tsidkénou tant attendu ! Amen.