Cette histoire se passe durant la Guerre froide. A l’époque, la vie est presque impossible pour les Juifs vivant à Léningrad. Lorsqu’un non-juif travaille de longues heures pendant toute la semaine, il gagne à peine de quoi nourrir sa famille. Mais lorsqu’un Juif tente de gagner sa vie, il a encore plus d’obstacles à franchir.
Travailler dans n’importe quel emploi gouvernemental est une torture. Si on arrive 5 minutes en retard, on reçoit un avertissement et une baisse de salaire. Si on est en retard une deuxième fois, on est licencié et on fait un court séjour dans une prison locale. Mais personne n’ose se plaindre, car si on fait la moindre réclamation, on est directement envoyé en Sibérie, où les températures sont glaciales. Une fois un homme exilé là-bas, on n’entend plus jamais parler de lui. Les Juifs religieux vivent dans la terreur que leur pratique, interdite à cette époque, soit découverte. Toute cette pression a forcé des centaines de milliers de Juifs à cesser de respecter le Chabbath et à quitter la Torah.
Mais Its’hak Krasik ne veut pas renoncer à son judaïsme. Ni la faim, ni la pression politique, ni la peur ne l’empêche de respecter la volonté divine. Un jour, le premier samedi matin de son nouveau travail, il arrive en portant un faux bandage sur la tête pour tenter d’obtenir un congé en ce jour de Chabbath. Le samedi suivant, il arrive en se plaignant d’une autre douleur. Son directeur lui accorde des dispenses de travail pour les premiers samedis, mais il finit par remarquer que chaque samedi, Its’hak arrive avec une excuse différente.
Finalement, le directeur convoque Its’hak et l’informe que s’il persiste à ne pas vouloir travailler le samedi, il sera obligé de le renvoyer ou de le dénoncer aux autorités. Réalisant qu’il n’a aucune chance d’obtenir gain de cause, Its’hak implore son patron de ne pas le dénoncer, quitte à être viré. Le directeur accepte, mais quelques semaines plus tard, Its’hak est licencié et se met à la recherche d’un nouvel emploi.
Cependant, personne n’est prêt à fermer les yeux sur son absence au travail tous les samedis. Les semaines se transforment en mois, et la famille Krasik manque désespérément de nourriture.
A l’approche de Pessa’h, la maison est complètement vide, sans la moindre trace de nourriture. Toute la famille est épuisée et affamée. La veille du 14 Nissan, le moment arrive où il faut procéder à la recherche du ‘Hamets dans la maison. Mais pour la famille Krasik, cette pensée est absurde. Dans leur foyer vide, inutile espérer trouver du pain, et de toute manière, comment rechercher du ‘Hamets à un moment pareil où toute la famille meurt de faim ?
Its’hak pense alors que dans son cas, il n’est peut-être pas tenu de rechercher du ‘Hamets chez lui. Mais son amour pour les Mitsvot l’incite à contacter un Rav afin d’en être certain. Après avoir écouté le cas, le Rav répond à Its’hak :
- L’idée de faire totalement l’impasse sur la recherche du ‘Hamets n’est pas fondée. Nous recherchons le ‘Hamets parce que c’est un ordre d’Hachem, et pas nécessairement pour en trouver.
Malgré la faim qui le tenaille, Its’hak est heureux de pouvoir finalement accomplir la Mitsva de recherche du ‘Hamets. Une fois la nuit tombée, à la lueur d’une bougie, il examine une pièce après l’autre, à l’affût de la moindre miette de pain ou de gâteau.
Alors qu’il s’apprête à terminer, ses yeux se posent sur… une grande miche de pain ! Its’hak a du mal à y croire. D’où peut bien venir ce pain ? Il était sûr de n’avoir plus aucune nourriture chez lui. Et voilà que ce pain apparaît, comme par magie…
Peu après, toute la famille s’installe à table et remercie Hachem pour ce grand miracle. Malgré toutes les difficultés qu’il a rencontrées, la détermination d’Its’hak pour accomplir les Mitsvot n’a jamais faiblie, et il a finalement été récompensé pour ses efforts.
Lorsque nous sommes témoins des immenses sacrifices consentis par les Juifs dans les circonstances les plus difficiles, nous pouvons tous nous en inspirer pour introduire des changements dans notre propre existence, en réaffirmant notre engagement d’observer les Mitsvot d’Hachem.