Le premier Chabbath qui suit Ticha' Béav est le Chabbath de la consolation qu’on espérait. Il s’appelle "Chabbath Na’hamou", du nom de la Haftara : "Na’hamou Na’hamou 'Ami" (« Consolez, consolez Mon peuple »).
La Haftara Na’hamou est la première des "Chiva' Déné’hamata", les sept Haftarot de consolation qu’on lit dans le prophète Yéch'aya pendant les sept Chabbathot qui suivent Ticha' Béav.
Dans ces sept Haftarot, il y a 144 encouragements, correspondant aux 143 remontrances qui se trouvent dans la Torah des Parachiot Bé’houkotaï, Ki Tavo et Nitsavim, et la Chirat Haazinou. L’encouragement supplémentaire vient montrer que la consolation est plus grande que la remontrance.
Il est dit dans le Talmud (Traité "Ta’anit", 30a) : « Réjouissez-vous avec Jérusalem, et soyez dans la joie à cause d’elle, prenez part à sa joie, vous tous qui êtes en deuil à son sujet » (Yéch'aya 66, 10). Nous en concluons que quiconque prend le deuil pour Jérusalem mérite de voir sa joie. Ces choses ont été dites au présent, "mérite", et non au futur.
Par conséquent, où est la joie qui a été promise à toutes les générations passées, qui ont versé des torrents de larmes sur la destruction de Jérusalem ?
C’est que le fait d’être en deuil sur la destruction constitue en soi la consolation. Nos Sages ont en effet affirmé : « Il y a un décret qui veut que celui qui est mort s’oublie du cœur. »
Dans les Chroniques anciennes, nous lisons que les peuples qui ont perdu leur indépendance ont pris le deuil pendant une certaine période à cause de cette catastrophe, mais au fil des années, ce deuil a fini par s’émousser, et les descendants de ces peuples se sont dispersés et assimilés aux autres peuples qui étaient venus à leur place. Le décret sur la mort s’est accompli sur ces peuples, et ils ont été oubliés du cœur.
Seul le peuple d’Israël, qui est en deuil sur la destruction de son pays et de son Temple depuis près de deux mille ans, reste en deuil et refuse de se consoler. Le peuple d’Israël ne s’est jamais résigné à sa situation, il n’a jamais désespéré du salut, sachant que notre sauveur reviendra bel et bien vers nous.
Maintenant, nous comprenons les paroles du Talmud « il mérite de voir sa joie ». Le fait même que les Bné Israël continuent à rester en deuil, est un signe que le Temple n’est pas mort, car s’il était mort, il y a un décret selon lequel le mort s’oublie du cœur. Et maintenant « il mérite de voir sa joie », la joie découlant de cet espoir que rien n’est perdu.
Le Temple descendra tout construit dans le feu, car le peuple d’Israël n’a jamais désespéré, et, en vérité, immédiatement après le jeûne, nous fêtons le Chabbath Na’hamou, dans la joie et l’allégresse, même pendant les années écoulées où rien ne s’est passé, où le Temple n’a pas été construit et où le sauveur n’est pas encore venu. Mais nous sommes restés en deuil pour Jérusalem, c’est pourquoi nous avons la certitude qu’elle se relèvera.