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Torah écrite (pentateuque) » Nombres (Bamidbar)

Chapitre 27

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27,1
Alors s'approchèrent les filles de Celofhad, fils de Héfer, fils de Ghilad, fils de Makhir, fils de Manassé, de la descendance de Manassé, fils de Joseph, lesquelles filles avaient nom Mailla, Noa, Hogla, Milca et Tirça;
Des familles de Menachè fils de Yossef

Pourquoi ces mots, alors qu’il vient d’être dit qu’il était « fils de Menachè » ? C’est pour te dire que Yossef aimait le pays, comme il est écrit : « … vous ferez monter mes ossements d’ici » (Beréchith 50, 25), et que ses descendantes aimaient le pays, comme il est écrit : « Donne-nous une possession ! » (verset 4). Cela t’apprend aussi qu’ils étaient tous des justes. Car toutes les fois que les actions de quelqu’un et celles de ses parents restent obscures et que le texte cite celles de l’un d’eux à son avantage en mettant l’accent sur sa filiation, c’est qu’il est un juste descendant d’un juste. Et s’il les cite à son désavantage, comme dans : « Vint Yichma‘el fils de Netanya fils de Elichama’… » (II Melakhim 25, 25), il est évident que tous ceux qui sont mentionnés avec lui sont des méchants

Ma‘hla

Alors qu’il est écrit plus loin : « Ma‘hla, Tirtsa […] furent… » (infra 36, 11). Cela nous apprend qu’elles se valaient toutes, d’où cette interversion dans l’ordre de leur énumération (Sifri)

27,2
elles se présentèrent devant Moïse, devant Eléazar le pontife, devant les phylarques et toute la communauté, à l'entrée de la tente d'assignation, disant:
Devant Mochè

Cela nous apprend qu’elles ne se sont présentées devant eux que pendant la quarantième année, après la mort de Aharon

Devant Mochè

Et ensuite devant El‘azar ? Se pourrait-il que Mochè ne l’ait pas su, contrairement à El‘azar qui l’aurait su ? Il faut intervertir ici l’ordre du verset et l’interpréter comme l’a fait Rabi Yochiya : « Aba ‘Hanan a enseigné au nom de Rabi El‘azar : Mochè et El‘azar étaient assis au Beith hamidrach et elles se sont présentées devant eux tous » (Baba bathra 119b)

27,3
"Notre père est mort dans le désert. Toutefois, il ne faisait point partie de cette faction liguée contre le Seigneur, de la faction de Coré: c'est pour son péché qu'il est mort, et il n'avait point de fils.
Et lui il n’était pas…

Étant donné qu’elles étaient venues dire qu’il était mort pour son propre péché, elles ont été obligées de préciser qu’il n’avait été impliqué ni dans l’affaire des récriminateurs (supra 14, 27) ni dans celle de la faction de Qora‘h qui avait excité le peuple contre le Saint béni soit-Il. Il n’était mort que pour son seul péché, et sans avoir fait pécher les autres à sa suite (Baba bathra 118b). Rabi ‘Aqiva a enseigné que c’était le « ramasseur de bois » (supra 15, 32), Rabi Chim‘on qu’il faisait partie des « obstinés » (supra 14, 44) (Chabath 96b)

27,4
Faut-il que le nom de notre père disparaisse du milieu de sa famille, parce qu'il n'a pas laissé de fils? Donne-nous une propriété parmi les frères de notre père!"
Pourquoi le nom de notre père sera-t-il diminué

Nous occupons la place d’un fils, et si les filles ne sont pas considérées comme une postérité, que notre mère épouse son beau-frère ! (Baba bathra 119b)

Parce qu’il n’a pas de fils

Si en revanche il avait eu un fils, elles n’auraient rien réclamé, ce qui nous apprend qu’elles étaient intelligentes (Sifri)

27,5
Moïse déféra leur cause à l'Éternel.
Mochè fit approcher leur cause

Il ignorait la loi applicable, et il a été puni pour s’être targué du contraire en disant : « … et la chose qui sera dure pour vous, vous me la ferez approcher, je l’écouterai » (Devarim 1, 17) (Sanhèdrin 8a). Autre explication : Ce chapitre aurait dû porter le nom de Mochè, mais les filles de Tselof‘had ont mérité qu’il porte leur nom (ibid.)

27,6
Et l'Éternel parla ainsi à Moïse:
27,7
"Les filles de Celofhad ont raison. Tu dois leur accorder un droit d'hérédité parmi les frères de leur père, et leur transmettre l'héritage de leur père.
Les filles de Tselof‘had parlent juste (kén)

Comme le Targoum Onqelos rend le mot kén : yaouth (« bien »). Ce chapitre est écrit devant moi dans le ciel, ce qui nous apprend que leur œil a vu ce que l’œil de Mochè n’avait pas vu (Sifri)

Les filles de Tselof‘had parlent juste

Leur demande est justifiée. Heureux celui dont le Saint béni soit-Il approuve les paroles ! (Sifri)

Donner

Deux parts, celle de leur père qui faisait partie de ceux qui étaient sortis d’Égypte, et celle que celui-ci aurait partagée avec ses frères dans la succession de ‘Héfèr (Baba bathra 118b)

Tu feras passer (weha‘avarta)

Le mot weha‘avarta, qui exprime l’idée de « transmission », mais aussi de « colère » (‘evra), s’applique à celui qui ne laisse pas de fils pour lui succéder (Baba bathra 116a). Autre explication : Il y a « transmission » parce que la fille fait passer la succession d’une tribu à une autre, puisque son fils et son mari héritent d’elle (Baba bathra 147a). L’interdiction du passage d’une succession d’une tribu à une autre (infra 36, 7) n’a été édictée que pour cette génération-là. Dans tous les cas de dévolution successorale il est écrit : « vous donnerez » (versets 9, 10 et 11), tandis que pour la fille il est écrit : « vous ferez passer » (verset 8) (Sifri)

27,8
Et tu parleras en ces termes aux enfants d'Israël: Si un homme meurt sans laisser de fils, vous ferez passer son héritage à sa fille.
27,9
S'il n'a pas de fille, vous donnerez son héritage à ses frères.
27,10
S'il n'a pas de frères, vous donnerez son héritage aux frères de son père.
27,11
Et si son père n'a pas laissé de frères, vous donnerez son héritage au plus proche parent qu'il aura dans sa famille, lequel en deviendra possesseur. Ce sera pour les enfants d'Israël une règle de droit, ainsi que l'Éternel l'a prescrit à Moïse."
À son proche

Il n’est de « famille » que du côté paternel (Baba bathra 109b)

27,12
L'Éternel dit à Moïse: "Monte sur cette hauteur des Abarîm, pour contempler le pays que j'ai donné aux enfants d'Israël.
Monte vers cette montagne-ci des ‘Avarim

Pourquoi ce paragraphe fait-il immédiatement suite à celui qui précède ? Lorsque le Saint béni soit-Il lui a dit : « Donner, tu leur donneras une possession d’héritage » (verset 7), Mochè s’est dit : « Puisque c’est à moi que Hachem a ordonné de faire entrer en possession, peut-être la condamnation [qui me frappe] a-t-elle été révoquée et pourrai-je entrer dans le pays. » Le Saint béni soit-Il lui a rétorqué : « Ma condamnation reste en vigueur » (Midrach Tan‘houma). Autre explication : Lorsque Mochè est entré dans le territoire attribué aux enfants de Gad et à ceux de Reouven, il s’est réjoui et a dit : « On dirait que mon barrage a été levé ! » Cela ressemble à un roi qui a interdit à son fils de passer la porte de son palais. Le roi y entre, et son fils le suit. Il pénètre dans la cour, et son fils continue de le suivre, dans le palais, et son fils est toujours à le talonner. Mais au moment d’entrer dans la chambre à coucher, il apostrophe son fils : « Interdiction d’aller plus loin ! » (Sifri)

27,13
Quand tu l'auras contemplé, tu iras rejoindre tes pères, toi aussi, comme l'a fait Aaron ton frère;
Comme a été réuni Aharon ton frère

D’où l’on apprend que Mochè enviait la mort de Aharon (Sifri). Autre explication : « Tu n’es pas meilleur que lui, puisque “vous ne m’avez pas sanctifié au milieu des fils d’Israël” (Devarim 32, 51). Si en revanche vous m’aviez sanctifié, le moment où vous auriez dû quitter ce monde-ci ne serait pas encore arrivé » (Sifri). Partout où le texte parle de leur mort, il rappelle également leur faute. La décision ayant été prise de faire mourir dans le désert la génération qui l’avait traversé pour n’avoir pas cru en Lui, Mochè a demandé que sa propre faute soit mentionnée afin que l’on ne dise pas qu’il a participé, lui aussi, à la rébellion. Cela ressemble à deux femmes punies par le tribunal, l’une pour adultère, l’autre pour avoir mangé des figues pendant la septième année, etc. Il en est de même ici : Partout où le texte parle de leur mort, il rappelle également leur faute, afin que l’on sache qu’il n’avaient commis que ce seul péché (Yoma 86b)

27,14
parce que vous avez contrevenu à ma parole dans le désert de Cîn, lors de la querelle soulevée par la communauté, au lieu de faire éclater devant eux ma sainteté par les eaux." Ce sont les eaux de Meribath-Kadêch, au désert de Cîn.
Elles sont les eaux de la désobéissance de Qadéch

Elles seules, et ils n’avaient commis aucune autre faute. Autre explication : Ceux-là mêmes qui avaient fomenté une rébellion à Mara en ont fomenté une à la mer des Joncs, et c’est encore eux qui en ont fomenté une dans le désert de Tsin

27,15
Alors Moïse parla à l'Éternel en ces termes:
Mochè parla à Hachem

Cette phrase est à l’éloge des justes : Lorsqu’ils sont sur le point de quitter ce monde-ci, ils se désintéressent de leurs propres intérêts et se préoccupent de ceux de la collectivité (Sifri)

En disant

Il lui a dit : « Réponds-moi ! Vas-tu leur nommer un chef ou non ? » (Sifri)

27,16
"Que l'Éternel, le Dieu des esprits de toute chair, institue un chef sur cette communauté,
Que Hachem donne mission

Lorsque Mochè a entendu l’ordre de Hachem : « Donne l’héritage de Tselof‘had à ses filles ! », il s’est dit : « Le moment est venu de m’occuper de mes propres intérêts et de demander que mes enfants héritent de ma dignité. » Le Saint béni soit-Il lui a répondu : « Tel n’est pas mon dessein. Yehochou‘a mérite de recueillir la récompense de sa fidélité pour n’avoir pas « bougé de l’intérieur de la tente » (Chemoth 33, 11). C’est ce qu’a voulu dire Chelomo : « Qui garde le figuier mangera de ses fruits » (Michlei 27, 18) (Midrach Tan‘houma)

Le Eloqim des esprits

Pourquoi ces mots ? Il a dit : « Maître de l’univers ! Il est clair et connu devant toi que la pensée de chacun d’eux est différente de celle des autres. Nomme sur eux un chef qui sache accepter chacun selon son tempérament ! » (Midrach Tan‘houma)

27,17
qui marche sans cesse à leur tête et qui dirige tous leurs mouvements, afin que la communauté de l'Éternel ne soit pas comme un troupeau sans pasteur."
Qui sortira devant eux

Non pas à la manière des rois des nations qui restent chez eux et envoient leurs troupes au combat, mais comme j’ai agi moi-même lorsque j’ai combattu contre Si‘hon et ‘Og, comme il est écrit : « Ne le crains pas… » (supra 21, 34), et comme agira Yehochou‘a , comme il est écrit : « Yehochou‘a alla vers lui et lui dit : “Es-tu pour nous ou pour nos ennemis ?” » (Yehochou‘a 5, 13). De même est-il écrit de David qu’il « sortait et rentrait devant eux » (I Chemouel 18, 16) : Il sortait et rentrait à leur tête (Sifri)

Et qui les fera sortir

Par ses mérites (Sifri)

Et qui les fera venir

Par ses mérites. Autre explication : « Et qui les fera venir » – que tu ne le traites pas comme moi qui ne les ferai pas entrer dans le pays

27,18
Et l'Éternel dit à Moïse: "Fais approcher de toi Josué, fils de Noun, homme animé de mon esprit, et impose ta main sur lui.
Prends-toi

Attire-le par des paroles : « Heureux es-tu d’avoir mérité de conduire les enfants de Hachem ! » (Sifri)

Toi

Celui qui a été scruté par toi, celui que tu connais (Sifri)

En qui est l’esprit

Comme tu l’as demandé, qui s’accorde avec l’état d’esprit de chacun

Tu appuieras ta main sur lui

Fais de lui un porte-parole, afin qu’il enseigne de ton vivant et que l’on ne dise pas qu’il n’osait lever la tête du vivant de Mochè (Sifri)

27,19
Tu le mettras en présence d'Eléazar le pontife et de toute la communauté, et lui donneras ses instructions devant eux.
Tu lui donneras des ordres

Au sujet d’Israël. Sache qu’ils sont fatiguants et prompts à se rebeller,et accepte cette mission en connaissance de cause (Sifri)

27,20
Tu lui communiqueras une partie de ta majesté, afin que toute l'assemblée des enfants d'Israël lui obéisse.
Tu donneras de ta majesté sur lui

Il s’agit du rayonnement de la peau de son visage

De ta majesté

Et non toute ta majesté. D’où nous apprenons que le visage de Mochè était comme le soleil et celui de Yehochou‘a comme la lune (Baba bathra 75a)

Afin qu’ils écoutent

Afin qu’ils l’honorent et le respectent, comme ils le font pour toi

27,21
II devra se présenter devant le pontife Eléazar, qui interrogera pour lui l'oracle des Ourîm devant le Seigneur: c'est à sa voix qu'ils partiront, à sa voix qu'ils rentreront, lui-même aussi bien que tous les enfants d'Israël et toute la communauté."
Et il se tiendra devant El‘azar le pontife

Cela donnera satisfaction à ta requête de ne pas voir cet honneur sortir de la maison de ton père, car Yehochou‘a aura besoin, lui aussi, d’El‘azar

Il l’interrogera

Quand il devra partir en guerre

Conformément à lui

D’El‘azar

Et toute la communauté

Le Sanhèdrin (Yoma 73b)

27,22
Moïse fit comme l'Éternel lui avait prescrit: il prit Josué, le mit en présence du pontife Eléazar et de toute la communauté,
Il prit Yehochou‘a

Il le prit par des paroles en lui faisant connaître la récompense réservée dans le monde à venir à ceux qui guident Israël (Sifri)

27,23
lui imposa les mains et lui donna ses instructions, comme l'Éternel l'avait dit par l'organe de Moïse.
Il appuya ses mains

De bon cœur, et faisant beaucoup plus que ce qui lui avait été demandé : Car le Saint béni soit-Il lui avait dit : « Tu appuieras “ta main” sur lui » (verset 18), tandis que lui l’a fait de ses deux mains, le remplissant généreusement de sa sagesse, comme on remplit un récipient à ras bord (Sifri)

Ainsi que Hachem parla

Pour sa majesté aussi, il lui en donna une partie

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