"Parle aux enfants d'Israël et dis-leur: Quand vous serez arrivés dans le pays que je vous destine pour votre établissement,
Quand vous viendrez
Il leur promet qu’ils entreront dans le pays
15,3
et que vous ferez un sacrifice à l'Éternel, holocauste ou autre victime, à l'occasion d'un vœu spécial ou d'un don spontané, ou lors de vos solennités, voulant offrir, en odeur agréable au Seigneur, une pièce de gros ou de menu bétail,
Vous ferez un sacrifice par le feu (ichè)
Il ne s’agit pas ici d’un ordre, mais lorsque vous viendrez dans le pays et que vous souhaiterez offrir un ichè à Hachem
Une odeur agréable
Une satisfaction d’esprit pour moi
Pour formuler un vœu ou comme offrande spontanée…
Ou que vous ferez un ichè en exécution de vos obligations liées aux jours de fête, c’est-à-dire de ceux-là mêmes que je vous ai ordonné d’offrir à une fête
15,4
celui qui offrira ce sacrifice à l'Éternel y joindra, comme oblation, un dixième de fleur de farine, pétrie avec un quart de hîn d'huile;
Il approchera
Vous présenterez, lors de l’offrande de tout animal, des nessakhim et une min‘ha. La min‘ha sera entièrement incinérée, ainsi que son contenu d’huile, et le vin sera versé dans des coupes. C’est ce qu’on nous apprend dans le traité Souka (48b)
15,5
plus, du vin, comme libation, un quart de hîn, que tu joindras à l'holocauste ou au sacrifice, pour chaque agneau.
Pour l’agneau
Cela se rapporte à tout ce qui vient d’être dit : à la min‘ha, à l’huile et au vin
15,6
Si c'est un bélier, tu offriras comme oblation deux dixièmes de fleur de farine, pétrie avec un tiers de hîn d'huile;
Ou pour le bélier
Et si c’est un bélier. Nos maîtres ont expliqué que le mot « ou » vient inclure le pilgas [agneau de plus de douze mois et de moins de treize] dans les nessakhim accompagnant un bélier (Mena‘hoth 91b et ‘Houlin 23a
15,7
plus, du vin pour libation, un tiers de hîn, que tu offriras, comme odeur délectable, au Seigneur.
15,8
Et si c'est une pièce de gros bétail que tu offres comme holocauste ou autre sacrifice, à l'occasion d'un vœu particulier ou comme rémunératoire au Seigneur,
15,9
on ajoutera à cette victime, comme oblation, trois dixièmes de fleur de farine, pétrie avec un demi-hîn d'huile;
15,10
et tu offriras, comme libation, un demi-hîn de vin: sacrifice d'odeur agréable à l'Éternel.
Sacrifice par le feu (ichè) d’odeur
Cela ne se rapporte qu’à la min‘ha et à l’huile, tandis que le vin n’est pas incinéré, car on ne le verse pas sur le feu
15,11
C'est ainsi qu'on en usera pour chaque taureau, pour chaque bélier, pour chaque animal de l'espèce des brebis ou des chèvres;
Ou pour l’agneau
Soit de brebis soit de chèvres. On les appelle « brebis » ou « chèvre » pendant leur première année
« brebis »
A partir de treize mois et un jour
15,12
selon le nombre des victimes que vous offrirez, vous suivrez ces prescriptions pour chacune, en nombre égal.
Selon le nombre que vous ferez
Selon le nombre d’animaux que vous présenterez en offrande, vous ferez des nessakhim pour chacun d’eux. Au nombre d’animaux correspond le nombre de nessakhim (Sifri)
15,13
Tout indigène pratiquera ainsi ces rites, lorsqu'il offrira un sacrifice d'odeur agréable au Seigneur.
15,14
Et si un étranger émigre chez vous ou se trouve parmi vous, dans les âges ultérieurs, et qu'il offre à l'Éternel un sacrifice d'odeur agréable, comme vous procéderez, ainsi procédera-t-il.
15,15
Peuple, une même loi vous régira, vous et l'étranger domicilié. Règle absolue pour vos générations: vous et l'étranger, vous serez égaux devant l'Éternel.
Comme pour vous comme pour l’étranger
Il en sera de l’étranger comme de vous-mêmes. [Le doublement de « comme » est] une particularité de la langue hébraïque : « comme le jardin de Hachem, comme le pays d’Égypte » (Beréchith 13, 10), c’est-à-dire : « comme le jardin de Hachem, ainsi en sera-t-il du pays d’Égypte », ou : « comme moi, comme toi, comme mon peuple, comme ton peuple » (I Melakhim 22, 4)
15,16
Même loi et même droit existeront pour vous et pour l'étranger habitant parmi vous."
15,17
L'Éternel parla à Moïse en ces termes:
15,18
"Parle aux enfants d'Israël et dis-leur: A votre arrivée dans le pays où je vous conduirai,
À votre venue vers le pays
La « venue » dont il est question ici a une signification différente de celle des autres « venues » dont parle la Tora. Il est écrit pour toutes les autres : « quand tu viendras » ou : « quand vous viendrez », de sorte que l’on peut déduire un enseignement de l’une de ces formulations aux autres. Et étant donné que le texte spécifie à l’occasion de l’une d’elles (Devarim 26, 1) que l’obligation qu’elle édicte n’entrera en vigueur qu’après la conquête et l’établissement dans le pays, ainsi en est-il de toutes. Tandis qu’il est écrit de celle-ci : « à votre venue », ce qui veut dire : dès qu’ils y seront entrés et qu’ils mangeront de son pain, ils seront tenus de la mitswa de la ‘hallah. (Sifri)
15,19
lorsque vous mangerez du pain de la contrée, vous en prélèverez un tribut au Seigneur.
15,20
Comme prémices de votre pâte, vous prélèverez un gâteau en tribut; à l'instar du tribut de la grange, ainsi vous le prélèverez.
Primeur de votre pâte
Quand vous aurez pétri la même quantité que « votre » pâte telle que vous avez l’habitude d’en pétrir dans le désert (‘Erouvin 83a et b). Et quelle est cette quantité ? « Ils mesurèrent au ‘omer », « un ‘omer par tête » (Chemoth 16, 16 et 18), c’est-à-dire le volume de quarante-trois œufs de poule et un cinquième. Vous prélèverez de ses prémices, c’est-à-dire : Avant d’en manger la première portion (les « prémices »), il en sera pris un morceau comme prélèvement pour Hachem
Un gâteau
En français médiéval : « tortel »
Comme le prélèvement de la grange
Pour lequel n’est stipulée aucune mesure (Devarim 18, 4 – voir Rachi ibid.), et non comme la terouma sur le ma‘assér [du Léwi] (infra 18, 26). Mais les Sages ont fixé une mesure : un vingt-quatrième pour le particulier, un quarante-huitième pour le boulanger (Sifri)
15,21
Des prémices de votre pâte vous ferez hommage à l'Éternel dans vos générations futures.
De la primeur de votre pâte
Pourquoi ces mots ? Étant donné qu’il est écrit plus haut : « comme primeur de votre pâte… » (verset 20), je pourrais entendre par là : « la première de vos pâtes » [dans sa totalité]. Aussi est-il écrit : « “de la” primeur de votre pâte… », à savoir une partie mais pas la totalité (Sifri)
Vous donnerez à Hachem un prélèvement
Puisqu’il n’a pas été stipulé de mesure pour la ‘halla, le texte indique ici : « vous donnerez ». Il faut qu’il y ait de quoi la considérer comme un « don »
15,22
Si, par suite d'une erreur, vous n'observez pas tous ces commandements que l'Éternel a communiqués à Moïse,
Et lorsque vous agissez par mégarde et ne faites pas
L’interdiction de l’idolâtrie est une mitswa parmi toutes celles dont la transgression crée pour la communauté l’obligation d’offrir un taureau. Mais le texte fait ici exception à la règle et impose un taureau comme ‘ola et un bouc comme ‘hatath (Sifri)
Et lorsque vous agissez par mégarde…
Le texte parle-t-il ici de l’interdiction de l’idolâtrie, ou bien d’une mitswa quelconque parmi toutes les autres ? Étant donné qu’il ajoute : « toutes ces mitswoth-là », il s’agit d’une mitswa qui équivaut à toutes les autres. De même que celui qui transgresse toutes les mitswoth « rompt le joug » [du royaume céleste], viole l’alliance et falsifie l’écriture, de même s’agit-il ici d’une mitswa par laquelle on « rompt le joug », on viole l’alliance et on falsifie l’écriture. Et quelle est-elle ? L’idolâtrie (Sifri)
Que Hachem a déclarées à Mochè
« Je suis Hachem, ton Eloqim » (Chemoth 20, 2) et « Tu n’auras pas d’autres dieux » (Chemoth 20, 3), entendues de la bouche même du Tout-Puissant (Horayoth 8a) : « Eloqim a parlé une fois, deux fois j’ai entendu cela » (Tehilim 62, 12)
15,23
tout ce que l'Éternel a prescrit à votre intention par l'organe de Moïse, et cela depuis l'époque où l'Éternel l'a prescrit jusqu'à vos générations ultérieures;
Tout ce que Hachem a ordonné…
Cela nous apprend que celui que celui qui adhère à l’idolâtrie est comme s’il rejetait la Tora tout entière avec tout ce qu’ont dit les prophètes, comme il est écrit : « depuis le jour où Hachem a ordonné et au-delà » (Sifri)
15,24
si c'est par l'inadvertance de la communauté qu'a eu lieu cette erreur, la communauté entière offrira un jeune taureau comme holocauste, en odeur agréable à l'Éternel, avec son oblation et sa libation selon la règle; plus un bouc, comme expiatoire.
Si c’est loin des yeux de la communauté qu’elle a été faite en mégarde
Si c’est loin des « yeux de la communauté » [c’est-à-dire du Sanhèdrin] qu’a été commis par erreur ce péché, si par exemple ils ont enseigné par méprise que telle manière d’adorer une idole est permise (Horayoth 5b)
Pour expiatoire (le‘hatath)
Il manque la lettre alef au mot le‘hatath, pour souligner que ce‘hatath n’est pas comme les autres. Dans tous les autres cas prescrits par la Tora où un ‘hatath accompagne une ‘ola, l’offrande de ‘hatath précède celle de la ‘ola, comme il est écrit : « Et le deuxième, il en fera une ‘ola… » (Wayiqra 5, 10). Ici au contraire, c’est la ‘ola qui précède le ‘hatath (Horayoth 13a, Zeva‘him 90b)
15,25
Le pontife effacera la faute de toute la communauté des enfants d'Israël, et elle leur sera remise, parce que c'était une erreur, et qu'ils ont apporté devant Dieu leur offrande, un sacrifice destiné au feu pour le Seigneur, ainsi que leur expiatoire, pour réparer cette erreur.
Apporteront leur offrande
Celui dont il est question dans le texte, à savoir le taureau à offrir en ‘ola, comme il est écrit : « ichè à Hachem » (Yevamoth 9a, Sifri)
Et leur expiatoire (‘hatath)
C’est le bouc
15,26
Et il sera pardonné à toute la communauté des enfants d'Israël et à l'étranger qui séjourne parmi eux; car l'erreur a été commune à tout le peuple.
15,27
Que si c'est une seule personne qui a péché par erreur, elle offrira une chèvre, âgée d'un an pour expiatoire.
A péché par mégarde
Par l’idolâtrie (Sifri)
Une chèvre âgée d’un an
Pour les autres péchés individuels, on apporte une brebis ou une chèvre (Wayiqra 5, 6), tandis qu’ici seule doit être offerte une chèvre
15,28
Le pontife fera expiation pour la personne imprudente (car elle n'a péché que par imprudence) devant le Seigneur; afin qu'étant expiée, sa faute lui soit remise.
15,29
Indigène entre les enfants d'Israël ou étranger résidant parmi eux, une même règle sera la vôtre, si l'on a agi par erreur.
15,30
Mais celui qui aurait agi ainsi de propos délibéré, parmi les nationaux ou parmi les étrangers, celui-là outrage le Seigneur! Cette personne sera retranchée du milieu de son peuple.
Audacieusement
De manière délibérée
Blasphème (megadéf)
Outragé, comme dans : « Et l’opprobre et l’outrage (ouguedoufa) seront… » (Ye‘hezqèl 5, 15), ou dans : « par lesquelles m’ont outragé (godfou) les jeunes gens du roi d’Assyrie » (Yecha’yah 37, 6). Nos maîtres ont également déduit d’ici que le blasphémateur est passible de la peine de retranchement (Kerithoth 7b, Sanhèdrin 90b)
15,31
Pour avoir méprisé la parole du Seigneur, pour avoir violé sa loi, cette personne sera certainement retranchée: elle est coupable!"
La parole de Hachem
L’interdiction de l’idolâtrie a été promulguée de la bouche même du Tout-Puissant, et le reste de la bouche de Mochè (Sanhèdrin 99a
Son crime est en elle
Aussi longtemps qu’elle conserve sa culpabilité et qu’elle ne s’est pas repentie (Sanhèdrin 90b)
15,32
Pendant leur séjour au désert, les enfants d'Israël trouvèrent un homme ramassant du bois le jour du Sabbat.
Les fils d’Israël étaient dans le désert
Ce paragraphe jette un discrédit sur Israël, lequel n’a observé qu’un seul Chabath, le premier. Le deuxième, cet homme est venu le profaner (Sifri)
15,33
Ceux qui l'avaient trouvé ramassant du bois le conduisirent devant Moïse et Aaron, et devant toute la communauté.
Ceux qui l’ont trouvé ramassant
Ils l’avaient averti, mais sans qu’il interrompe son ramassage, même après avoir été trouvé et averti (Sifri)
15,34
On le mit en lieu sûr, parce qu'il n'avait pas été expliqué comment il fallait agir à son égard.
Parce qu’il n’était pas expliqué ce qui lui sera fait
Ils ne savaient pas par quel mode d’exécution il devait être mis à mort, mais ils savaient que celui qui profane le Chabath est passible de la peine de mort (Sanhèdrin 78b)
15,35
Alors l'Éternel dit à Moïse: "Cet homme doit être mis à mort; que toute la communauté le lapide hors du camp."
Lapide
Ce verbe est au gérondif, en français: « faisant ». De même pour « va » – « allant », « souviens-toi » ou « garde »
15,36
Et toute la communauté l'emmena hors du camp, et on le fit mourir à coups de pierres, comme l'Éternel l'avait ordonné à Moïse.
La fit sortir
D’où l’on apprend que le lieu de la lapidation se trouve hors du tribunal et loin de lui (Sanhèdrin 42b)
15,37
L'Éternel parla à Moïse en ces termes:
15,38
"Parle aux enfants d'Israël, et dis-leur de se faire des franges aux coins de leurs vêtements, dans toutes leurs générations, et d'ajouter à la frange de chaque coin un cordon d'azur.
Ils se feront une frange (tsitsith)
[Ainsi appelés] à cause des cordons qui y sont suspendus, comme dans : « Il me prit par les tresses (tsitsith) de ma tête ». Autre explication : On les appelle tsitsith à cause de : « vous le verrez » (verset 39), comme dans : « il regarde (métsits) depuis les treillis » (Chir hachirim 2, 9)
D’azur
C’est la couleur verte produite par le ‘hilazon (Mena‘hoth 42b)
15,39
Cela formera pour vous des franges dont la vue vous rappellera tous les commandements de l'Éternel, afin que vous les exécutiez et ne vous égariez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux, qui vous entraînent à l'infidélité.
Vous vous souviendrez de toutes les mitswoth de Hachem
La valeur numérique des lettres du mot tsitsith est six cents, auxquels on ajoutera les huit fils et les cinq nœuds, soit au total six cent treize (Midrach Tan‘houma)
Et vous ne vous égarerez (thathourou) pas derrière votre cœur
Comme dans : « de l’exploration (mitour) du pays (supra 13, 25). Le cœur et les yeux sont les explorateurs du corps et ils se font ses courtiers pour les péchés : l’œil voit, le cœur désire et le corps les commet (Midrach Tan‘houma)
15,40
Vous vous rappellerez ainsi et vous accomplirez tous mes commandements, et vous serez saints pour votre Dieu.
15,41
Je suis l'Éternel votre Dieu, qui vous ai fait sortir du pays d'Egypte pour devenir votre Dieu, moi, l'Éternel votre Dieu!"
Je suis Hachem
À qui on peut faire confiance pour récompenser (Sifri)
Votre Eloqim
À qui on peut faire confiance pour punir (Sifri)
Qui vous ai fait sortir
C’est à cette condition que je vous ai sauvés : pour que vous vous soumettiez à mes décrets (Sifri)
Je suis Hachem votre Eloqim
Pourquoi cette répétition ? Pour qu’Israël ne dise pas : « Pourquoi Hachem a-t-Il parlé ainsi ? N’est-ce pas pour que nous observions et que nous soyons récompensés ? Dans ce cas, abstenons-nous d’observer et renonçons à toute récompense ! » Cependant, « que cela vous convienne ou non, je suis votre roi ! » De même est-il écrit : « si je ne règne sur vous avec une main forte et un bras étendu… » (Ye‘hezqèl 20, 33). Autre explication : Pourquoi est-il fait ici référence à la sortie d’Égypte ? « C’est moi qui ai su distinguer en Égypte entre la goutte ayant engendré un premier-né et celle n’ayant pas engendré un premier-né. C’est moi aussi qui saurai distinguer et punir celui qui suspendra du coton bleu à son vêtement en disant que c’est de la laine azur. » (Baba Metsi‘a 61b). Et j’ai découvert ceci dans les écrits de Rabi Mochè Hadarchan : Pourquoi le paragraphe relatif au « ramasseur de bois » fait-il immédiatement suite à celui relatif à l’idolâtrie ? Pour indiquer que celui qui profane le Chabath est comme un adorateur d’idoles, car l’observance du Chabath équivaut à celle de toutes les mitswoth. De même est-il écrit : « Et tu descendis sur le mont Sinaï, et tu donnas à ton peuple la Tora et les mitswoth, et tu leur fis connaître ton saint Chabath » (adapté de Né‘hémia 9, 13 et 14). De même le paragraphe relatif aux tsitsith fait-il immédiatement suite aux deux précédents car leur observance équivaut à celle de toutes les mitswoth, comme il est écrit : « afin que vous vous souveniez, vous ferez “toutes” mes mitswoth » (verset 40)
Il leur promet qu’ils entreront dans le pays