Miryam et Aaron médirent de Moïse, à cause de la femme éthiopienne qu'il avait épousée, car il avait épousé une Ethiopienne,
Parla (watedabér)
Le verbe davor exprime toujours une idée de dureté dans le discours, comme dans : « L’homme, maître du pays, nous parla (dibbèr) durement » (Beréchith 42, 30), tandis que amor exprime la douceur, comme dans : « Il dit (wayomar) : De grâce, mes frères, ne faites pas de mal » (Beréchith 19, 7), « Il dit (wayomar) : Écoutez donc (na) mes paroles » (verset 6), le mot na (« donc ») signifiant toujours une imploration
Miriam parla
C’est elle qui a commencé de médire, c’est donc elle que le texte mentionne en premier. Et d’où Miriam savait-elle que Mochè s’était séparé de sa femme ? Rabi Nathan a enseigné : Miriam se trouvait à côté de Tsipora lorsque l’on a annoncé à Mochè que Eldad et Meidad prophétisaient dans le camp. Entendant cela, Tsipora s’exclama : « Malheur à leurs femmes s’ils s’occupent de prophétie ! Ils se sépareront d’elles tout comme mon mari s’est séparé de moi. » C’est ainsi que Miriam l’a appris, et elle l’a raconté à Aharon. Et si Miriam, qui l’a insulté sans mauvaise intention, a été punie, à plus forte raison le sera-t-il celui qui médit avec malveillance (Sifri)
La femme
Cela nous apprend que tous s’accordaient sur sa beauté, de même que l’on ne peut que s’accorder sur la couleur noire d’un Ethiopien (Sifri)
Kouchith
La valeur numérique des lettres de ce mot est la même que celle de « belle d’aspect » (Midrach Tan‘houma)
À cause de la femme
À cause de sa répudiation
Car il avait pris une femme Kouchith
Que veulent dire ces mots ? Ils nous apprennent qu’il existe des femmes belles physiquement mais pas moralement, d’autres qui sont belles moralement mais pas physiquement, mais que celle-là était belle à tous points de vue (Sifri)
La femme
On l’appelait kouchith à cause de sa beauté, tout comme on appelle un bel enfant kouchi (« nègre ») pour en écarter le mauvais œil (Midrach Tan‘houma)
Car il avait pris une femme kouchith
Et maintenant il l’avait répudiée (Midrach Tan‘houma)
12,2
et ils dirent: "Est-ce que l'Éternel n'a parlé qu'à Moïse, uniquement? Ne nous a-t-il pas parlé, à nous aussi?" L'Éternel les entendit.
Est-ce cependant seulement
Hachem n’a-t-Il parlé qu’à lui
Ne nous a-t-Il pas parlé aussi
Et nous n’avons pas renoncé aux rapports sexuels (Sifri)
12,3
Or, cet homme, Moïse, était fort humble, plus qu'aucun homme qui fût sur la terre.
Humble
Modeste et patient
12,4
Soudain l'Éternel dit à Moïse, à Aaron et à Miryam: "Rendez-vous tous trois à la tente d'assignation!" Et ils s'y rendirent tous trois.
Soudain
Il leur est apparu soudain alors qu’ils étaient impurs à la suite de rapports sexuels et qu’ils réclamaient de l’eau, leur faisant ainsi comprendre que Mochè avait bien agi en se séparant de sa femme : La chekhina se révélait fréquemment à lui et il n’y avait pas de moment fixé pour son apparition (Midrach Tan‘houma)
Sortez vous trois
Cela nous apprend qu’ils ont été appelés à eux trois par une seule voix, ce qu’il est impossible à une bouche d’émettre et à une oreille d’entendre (Sifri)
12,5
L'Éternel descendit dans une colonne nébuleuse, s'arrêta à l'entrée de la tente, et appela Aaron et Miryam, qui sortirent tous deux;
Dans une colonne de nuée
Il s’y est rendu seul, contrairement à ce que font les rois de chair et de sang. Lorsqu’un roi de chair et de sang part en guerre, il le fait avec une armée nombreuse, et quand il part faire la paix, il le fait accompagné d’une escorte légère. Tandis que le Saint béni soit-Il part en guerre seul, comme il est écrit : « Hachem est homme de guerre » (Chemoth 15, 3), et Il va faire la paix accompagné de Ses troupes, comme il est écrit : « Les chars de Eloqim sont par vingt mille, par milliers redoublés » (Tehilim 68, 18) (Sifri)
Il appela Aharon et Miriam
Pour qu’ils se retirent et sortent du parvis à la rencontre de la parole divine (Sifri)
Ils sortirent eux deux
Pourquoi les a-t-Il retirés et séparés de Mochè ? Parce que, pour dresser l’éloge de quelqu’un, on en dit peu en sa présence et beaucoup hors de sa présence. C’est ce que nous avons vu pour Noa‘h : Il a été dit de lui hors de sa présence : « Noa‘h fut un homme juste, il était intègre dans sa génération » (Beréchith 6, 9), et en sa présence : « Car c’est toi que j’ai vu juste devant moi dans cette génération-ci » (Beréchith 7, 1) (‘Erouvin 18b). Autre explication : Pour qu’il n’entende pas la réprimande qu’allait recevoir Aharon (Sifri)
12,6
et il dit: "Ecoutez bien mes paroles. S'il n'était que votre prophète, moi, Éternel, je me manifesterais à lui par une vision, c'est en songe que je m'entretiendrais avec lui.
Écoutez donc (na) mes paroles
Le mot na (« donc ») signifie toujours une imploration (Sifri)
S’il est votre prophète
Quand vous aurez des prophètes (Targoum Onqelos)
Moi
La divinité de mon Nom ne se révèle pas à lui comme dans un miroir flamboyant, mais dans un rêve et une vision (voir Yevamoth 49b)
12,7
Mais non: Moïse est mon serviteur; de toute ma maison c'est le plus dévoué.
12,8
Je lui parle face à face, dans une claire apparition et sans énigmes; c'est l'image de Dieu même qu'il contemple. Pourquoi donc n'avez-vous pas craint de parler contre mon serviteur, contre Moïse?"
Bouche vers bouche
Je lui ai dit de se séparer de sa femme. Et où cela ? au Sinaï : « Va, dis-leur : retournez pour vous à vos tentes ! Et toi, tiens-toi ici avec moi » (Devarim 5, 27 et 28) (Chabath 87a)
Une vision et non dans des énigmes
La « vision » désigne ici la « clarté de la parole ». Je lui explique clairement ma parole et je ne la dissimule pas sous des énigmes comme celles dont il est question chez Ye‘hezqèl : « Propose une énigme… » (Ye‘hezqèl 17, 2). J’aurais pu penser que la « vision » est celle de la chekhina. Aussi est-il écrit : « Tu ne peux pas voir ma face » (Chemoth 33, 20) (Sifri)
Et il contemplera l’image de Hachem
C’est la vision par derrière, ainsi qu’il est écrit : « tu me verras par derrière » (Chemoth 33, 23) (Sifri)
Contre mon serviteur
Il n’est pas écrit : « contre mon serviteur Mochè », mais : « contre mon serviteur, contre Mochè ». Vous auriez dû respecter mon serviteur même si ce n’avait pas été Mochè, et Mochè même s’il n’avait pas été mon serviteur, et ce d’autant plus qu’il est « mon » serviteur. Car « le serviteur d’un roi est roi lui-même » (Chevou‘oth 47b). Vous auriez dû vous dire que l’amour que lui porte le roi n’est pas sans fondement (Midrach Tan‘houma). Et si vous dites que je ne sais pas ce qu’il fait, vous commettez une faute encore plus grave (Sifri)
12,9
La colère de l'Éternel éclata ainsi contre eux, et il se retira.
La colère de Hachem s’enflamma contre eux
Après leur avoir fait connaître leur mauvaise action, Il prononça leur éviction. À plus forte raison un être de chair et de sang ne doit-il pas se fâcher contre quelqu’un sans lui avoir fait connaître la faute qu’il lui reproche (Sifri)
12,10
La nuée ayant disparu de dessus la tente, Miryam se trouva couverte de lèpre, blanche comme la neige. Aaron se tourna vers Miryam, et la vit lépreuse.
Et la nuée se retira
Après quoi : « et voici que Miriam était lépreuse comme la neige ». Cela ressemble à un roi qui aurait dit au précepteur de son fils : « Punis-le, mais pas avant que je sois parti ! Car j’ai pitié de lui. » (Sifri)
12,11
Et Aaron dit à Moïse: "Pitié, mon Seigneur! De grâce, ne nous impute pas à péché notre démence et notre faute!
Nous avons agi en folie
Comme le rend le Targoum Onqelos : idée de « folie »
12,12
Oh! Qu'elle ne ressemble pas à un mort-né qui, dès sa sortie du sein de sa mère, a une partie de son corps consumée!"
Qu’elle ne soit donc pas
Notre sœur que voici
Comme un mort
Car le lépreux est considéré comme mort (Nedarim 64b, Beréchith raba 71, 6). Tout comme un cadavre, le lépreux rend impur celui qui pénètre dans un local (Sifri)
Qui
Il aurait fallu dire : « “notre” mère ». Le texte a cependant choisi une expression plus bienséante. Il en est de même de : « la moitié de sa chair », où il aurait fallu dire : « la moitié de “notre” chair ». Mais le texte a choisi, là aussi, une expression plus bienséante. Étant donné qu’elle est sortie de la matrice de notre mère, c’est comme si la moitié de notre chair était consumée, comme il est écrit : « car il est notre frère, notre chair » (Beréchith 37, 27). Et il en est également ainsi selon le sens littéral : Il ne convient pas qu’un frère abandonne sa sœur comme si elle était morte
Qui
Celui qui, étant en mesure d’aider quelqu’un qui est sorti de la même matrice, s’abstient de le faire, la « moitié de sa chair » sera consumée car un frère est sa propre chair. Autre explication : « Qu’elle ne soit donc pas comme un mort » – si tu ne daignes pas la guérir par ma prière, qui donc ordonnera son isolement et qui la rendra pure ? Je n’ai pas le droit, moi [Aharon], de l’examiner car je suis un proche parent, et un proche parent n’a pas le droit d’examiner les plaies lépreuses. Or, il n’existe pas d’autre kohen. Voilà ce que veulent dire les mots : « qui à sa sortie de la matrice de sa mère » (Sifri)
12,13
Et Moïse implora l'Éternel en disant: "Seigneur, oh! Guéris-la, de grâce!"
Qél
Le texte nous enseigne ici une règle de bonne conduite : Celui qui a une demande à présenter à quelqu’un doit la faire précéder de deux ou trois supplications, après quoi il fera savoir ce qu’il attend de lui (Sifri)
En disant
Que veulent dire ces mots ? Il lui a dit : « Réponds-moi si tu veux la guérir ou non ! » Il a alors répondu : « Et si son père, cracher, avait craché à sa face… » Rabi El‘azar ben ‘Azaria a enseigné : En quatre circonstances Mochè a demandé au Saint béni soit-Il de lui dire s’Il allait exaucer ses demandes ou non. Il en est ainsi dans : « Mochè parla devant Hachem en disant… » (Chemoth 6, 12). Que veut dire : « en disant » ? « Réponds-moi si tu es décidé à les sauver ou non ! » Il a alors répondu : « Maintenant tu verras ce que je ferai à Pharaon » (Chemoth 6, 1). Il en est également ainsi dans : « Mochè parla à Hachem “en disant” : Que Hachem, le Eloqim des esprits de toute chair… » (infra 27, 15 et 16), ainsi que dans : « J’ai imploré vers Hachem en ce temps-là “en disant” » (Devarim 3, 23), ce à quoi Il a répondu : « Assez pour toi » (Devarim 3, 26) (Sifri)
Guéris-la
Pourquoi Mochè n’a-t-il pas récité une longue prière ? Pour que les enfants d’Israël ne disent pas : « S’il prolonge sa prière, c’est parce que c’est sa propre sœur qui se trouve dans la souffrance. » Autre explication : Pour qu’ils ne disent pas : « S’il prolonge sa prière, c’est parce qu’elle est sa sœur, mais il ne le ferait pas pour nous » (Sifri)
12,14
L'Éternel répondit à Moïse: "Si son père lui eût craché au visage, n'en serait-elle pas mortifiée durant sept jours? Qu'elle soit donc séquestrée sept jours hors du camp, et ensuite elle y sera admise."
Et si son père
Si c’est son père qui lui avait manifesté de la réprobation, « n’aurait-elle pas eu honte pendant sept jours » ? À plus forte raison, s’agissant de la chekhina, sa honte devrait-elle durer quatorze jours. Cependant, dans un raisonnement a fortiori, ce qui est contenu dans la mineure est compris, à tout le moins, dans la majeure. C’est pourquoi, alors même que c’est moi qui la réprimande, elle ne sera enfermée que pendant sept jours (Baba Qama 25a, Baba Bathra 11a)
Après elle sera réintégrée
À mon avis, toutes les fois qu’il est question de « réintégration » pour les lépreux, c’est parce qu’ils sont expulsés hors du camp et que, une fois guéris, ils le réintègrent. « Réintégrer » signifie : « faire rentrer »
12,15
Miryam fut séquestrée hors du camp pendant sept jours; et le peuple ne partit que lorsque Miryam eut été réintégrée.
Et le peuple ne partit pas
Si Hachem lui a accordé cet honneur, c’est parce qu’elle avait veillé pendant une heure sur Mochè lorsqu’il avait été jeté dans le fleuve, comme il est écrit : « Sa sœur se tint de loin, pour savoir ce qui lui serait fait » (Chemoth 2, 4) (Sota 9b)
12,16
Après cela, le peuple partit de Hacêroth, et ils campèrent dans le désert de Pharan.
Le verbe davor exprime toujours une idée de dureté dans le discours, comme dans : « L’homme, maître du pays, nous parla (dibbèr) durement » (Beréchith 42, 30), tandis que amor exprime la douceur, comme dans : « Il dit (wayomar) : De grâce, mes frères, ne faites pas de mal » (Beréchith 19, 7), « Il dit (wayomar) : Écoutez donc (na) mes paroles » (verset 6), le mot na (« donc ») signifiant toujours une imploration