Israël partit avec tout ce qui lui appartenait et arriva à Beer Shava, où il immola des victimes au Dieu de son père Isaac.
A Beér Chèva’
Le hé placé en suffixe dans Beéra chava’ équivaut à la préposition lamèd (« en direction de ») (Yevamoth 13b)
Au Eloqim de son père Yits‘haq
On est tenu d’honorer son père plus que son grand-père (Beréchith raba 94, 5). C’est pourquoi le texte rattache ici son acte à Yits‘haq, et non à Avraham
46,2
Le Seigneur parla à Israël dans les visions de la nuit, disant: "Jacob! Jacob!" II répondit: "Me voici."
Ya‘aqov ! Ya‘aqov !
Dieu, en l’appelant deux fois par son nom, lui témoigne Son amour (Torath kohanim Wayiqra 1, 12)
46,3
Il poursuivit: "Je suis le Seigneur, Dieu de ton père: n'hésite point à descendre en Égypte car je t'y ferai devenir une grande nation.
Ne crains pas de descendre en Egypte
Parce qu’il était tourmenté à l’idée de devoir quitter Erets Israël (Pessiqta zoutretha)
46,4
Moi-même, je descendrai avec toi en Égypte; moi-même aussi je t'en ferai remonter; et c'est Joseph qui te fermera les yeux."
Je t’en ferai remonter
Dieu lui garantit ici qu’il sera enseveli en Erets Israël (Yerouchalmi Sota 1, 10)
46,5
Jacob repartit de Beer Shava. Les fils d'Israël firent monter leur père, leurs enfants et leurs femmes dans les voitures envoyées par Pharaon pour l’amener.
46,6
Ils prirent leurs troupeaux et les biens qu’ils avaient acquis dans le pays de Canaan et vinrent en Égypte, Jacob et avec lui toute sa famille:
Qu’ils avaient acquis au pays de Kena‘an
En revanche, ce qu’il avait acquis à Padan Aram, il l’avait donné à ‘Essaw comme prix du rachat de sa part dans le caveau de Makhpéla. Il s’était alors dit : « Les biens dont je suis devenu propriétaire hors d’Erets Israël ne me conviennent pas. » C’est ainsi qu’il est écrit : « dans ma sépulture, que je me suis creusée (karithi) » (infra 50, 5). Il a empilé de l’or et de l’argent en tas (keri) et a dit à ‘Essaw : « Prends tout cela ! » (Midrach tan‘houma)
46,7
ses fils et ses petits-fils, ses filles et ses petites-filles et toute sa descendance l'accompagnèrent en Égypte.
Et les filles de ses fils
Sèra‘h, fille de Achér, ainsi que Yokhèvèd, fille de Léwi
46,8
Suivent les noms des enfants d'Israël venus en Égypte: Jacob et ses fils; l'aîné de Jacob, Ruben
Qui vinrent (habaïm) en Egypte
Le texte parle du moment précis de leur venue. Aussi emploie-t-il le présent. Il ne faut donc pas s’étonner qu’il n’ait pas dit : baou (« ils sont venus »)
46,9
et les fils de Ruben: Hénoc, Pallou, Heçrèn, Karmi;
46,10
et les fils de Siméon: Yemouël, Yamin, Ohad, Yakhin, Çohar; puis Chaoul, fils de la Cananéenne.
Fils de la Kena‘anith
Il s’agit du fils de Dina, laquelle avait été violée par un Kena‘ani. Lorsque ses frères eurent tué Chekhem, Dina n’avait consenti à partir que sous la promesse faite par Chim‘on de l’épouser (et de reconnaître pour sien l’enfant conçu à la suite de son viol) (voir Beréchith raba 80, 11)
46,11
Les fils de Lévi: Gerson, Kehàth, Merari.
46,12
Les fils de Juda: Ér, Onân, Chêla, Péreç et Zérah. Ér et Onân moururent dans le pays de Canaan. Les fils de Péreç furent Heçrôn et Hamoul.
46,13
Les fils d'Issachar: Tôlà, Pouvva, Yôb et Chimron.
46,14
Les fils de Zabulon: Séred, Élôn et Yahleêl.
46,15
Ceux-là sont les fils de Léa, qui les enfanta à Jacob sur le territoire araméen, puis Dina sa fille: total de ses fils et de ses filles, trente trois.
Ceux-là sont les fils de Léa... et Dina sa fille (à lui)
Les fils sont rattachés à Léa, et la fille à Ya‘aqov. Cela t’apprend que si le mari « sème » en premier, l’enfant est une fille. Si c’est la femme, l’enfant est un garçon (Nidda 31a)
Trente-trois
En comptant bien, on n’en trouve que trente-deux. Yokhèvèd est née « entre les remparts » au moment où ils entraient dans la ville-frontière, ainsi qu’il est écrit : « qu’elle avait engendrée à Léwi en Egypte » (Bamidbar 26, 59). C’est l’engendrement qui a eu lieu en Egypte, pas la conception (Baba Batra 123a)
46,16
Les fils de Gad: Cifyôn, Hagghi, Chouni, Eçbôn, Éri, Arodi, Aréli.
46,17
Les enfants d'Aser: Yimna, Yichva, Yichvi, Berïa et Sérah leur sœur; et les fils de Berïa: Héber et Malkïél.
46,18
Ceux-là sont les enfants de Zilpa, que Laban avait donnée à Léa sa fille; c'est elle qui les enfanta à Jacob, seize personnes.
46,19
Les fils de Rachel, épouse de Jacob: Joseph et Benjamin.
Les fils de Ra‘hel
Tandis qu’à propos des autres fils, il n’est pas écrit : « femme de... ». C’est que Ra‘hel était le « fondement de son foyer » (Beréchith raba 73, 1. Voir Rachi supra 31, 4)
46,20
Il naquit à Joseph, dans le pays d'Égypte; Asenath, fille de Pôti-Féra, prêtre d'On, les lui enfanta: Manassé et Éphraïm.
46,21
Et les fils de Benjamin: Béla, Béker, Achbêl, Ghêra, Naamân, Éhi, Rôch, Mouppim, Houppim et Ard’.
46,22
Ceux-là sont les fils de Rachel, qui naquirent à Jacob; en tout, quatorze.
46,23
Fils de Dan: Houchim.
46,24
Fils de Nephtali: Yahceél, Gouni, Yécer et Chillem.
46,25
Ceux-là sont les fils de Bilha, que Laban avait donnée à Rachel sa fille; c'est elle qui les enfanta à Jacob, en tout, sept personnes.
46,26
Toutes les personnes de la famille de Jacob et issues de lui, qui vinrent en Égypte, outre les épouses des fils de Jacob, furent en tout soixante-six personnes.
Toutes les âmes
Qui ont quitté le pays de Kena‘an pour venir en Egypte. Le verbe habaa (« venir ») est ici au présent, pas au passé, comme dans : « le soir elle arrive (vaa) » (Esther 2, 14), ou dans : « et voici Ra‘hel sa fille vient (baa) » (supra 29, 6. Voir Rachi ibid.). Aussi l’accent tonique est-il mis sur la dernière syllabe. Lorsqu’ils se sont mis en route pour aller en Egypte, ils n’étaient que soixante-six. En revanche, au verset 27, le mot baa est au passé, et l’accent est donc mis sur l’avant-dernière syllabe. En effet, lorsqu’ils sont arrivés à destination, ils étaient soixante-dix, ayant trouvé sur place Yossef et ses deux fils, et Yokhèvèd étant née « entre les remparts ». Quant à l’opinion selon laquelle une sœur jumelle est née avec chacun des fils de Ya‘aqov (voir Rachi supra 35, 17 et 37, 35), force nous est de dire qu’elles sont mortes avant leur arrivée en Egypte, puisqu’elles ne sont pas comptées ici. J’ai trouvé ceci dans Wayiqra raba (4, 6) : Lorsque ‘Essaw a quitté Kena‘an, sa famille ne comptait que six personnes (lui-même et ses cinq fils), que le texte appelle « les gens (nafchoth, au pluriel, littéralement : « les âmes ») de sa maison » (supra 36, 6). Ils adoraient en effet des divinités multiples. La famille de Ya‘aqov, en revanche, en comptait soixante-dix, et la Tora les appelle « personnes (nèfèch, au singulier, littéralement : « l’âme ») », parce qu’elles n’adoraient qu’un seul Dieu
46,27
Puis, les fils de Joseph, qui lui naquirent en Égypte, deux personnes: total des individus de la maison de Jacob qui se trouvèrent réunis en Égypte, soixante-dix.
46,28
Jacob avait envoyé Juda en avant, vers Joseph, pour qu'il lui préparât l'entrée de Gessen. Lorsqu'ils y furent arrivés,
Pour guider devant lui
Traduction du Targoum : Pour préparer les lieux et montrer comment s’y installer
Pour guider
Avant son arrivée. Le midrach interprète le verbe lehoroth dans le sens de « donner un enseignement » : pour lui préparer un centre d’études d’où sortira l’enseignement (Beréchith raba 95, 3)
46,29
Joseph fit atteler son char et alla au-devant d'Israël, son père, à Gessen. A sa vue, il se précipita à son cou et pleura longtemps dans ses bras.
Yossef attela son char
C’est lui-même qui a attelé les chevaux à son char, dans son zèle à vouloir honorer son père (Mekhilta Bechala‘h 1, Beréchith raba 55, 8)
Il lui apparut
Yossef apparut devant son père
Il pleura encore (‘od) à son cou
C’est-à-dire abondamment, comme dans : « car Il ne place pas sur l’homme encore (‘od) » (Iyov 34, 23), c’est-à-dire beaucoup, et Il ne porte pas sur lui des accusations en plus de ses fautes. De même ici : Yossef a pleuré beaucoup et d’abondance, plus que d’habitude. Quant à Ya‘aqov, il n’est pas tombé au cou de Yossef et ne l’a pas embrassé. Nos maîtres ont enseigné qu’il était alors en train de réciter le chema’
46,30
Et Israël dit à Joseph: "Je puis mourir à présent, puisque j'ai vu ta face, puisque tu vis encore!"
Que je meure à présent (hapa‘am)
Le sens simple correspond à la traduction du Targoum : puisque je suis consolé. Explication du midrach (Midrach tan‘houma Wayigach 9) : Je redoutais de mourir deux fois, dans ce monde-ci et dans la monde à venir. La chekhina s’était en effet retirée de moi, et je craignais que le Saint béni soit-Il me rende responsable de ta mort. Du moment que tu es en vie, je ne mourrai qu’une seule fois (pa‘am a‘hath)
46,31
Joseph dit à ses frères, à la famille de son père"Je vais remonter pour en faire part à Pharaon; je lui dirai ‘Mes frères et toute la famille de mon père, qui habitent le pays de Canaan, sont venus auprès de moi.
Je lui dirai : mes frères...
Je lui dirai aussi : « et les hommes sont bergers de troupeaux... ». (verset suivant)
46,32
Ces hommes sont pasteurs de troupeaux, parce qu'ils possèdent du bétail; or leur menu et leur gros bétail et tout ce qu’ils possèdent, ils l’ont amené.’
46,33
Maintenant, lorsque Pharaon vous mandera et dira: ‘Quelles sont vos occupations?’
46,34
vous répondrez: ‘Tes serviteurs se sont adonnés au bétail depuis leur jeunesse jusqu'à présent et nous et nos pères.’ C'est afin que vous demeuriez dans la province de Gessen, car les Égyptiens ont en horreur tout pasteur de menu bétail."
Afin que vous demeuriez dans le pays de Gochèn
Qui vous est nécessaire, car c’est une région de pâturage. Lorsque vous lui direz que vous n’êtes pas experts à un autre travail, il vous éloignera de lui et vous y fera demeurer
Car tout berger de moutons est une abomination pour les Egyptiens
Le hé placé en suffixe dans Beéra chava’ équivaut à la préposition lamèd (« en direction de ») (Yevamoth 13b)