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Torah écrite (pentateuque) » Genèse (Berechit)

Chapitre 32 (Vayichlah)

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32,1
Laban se leva de bon matin, embrassa ses fils et ses filles et les bénit; puis il partit et s'en retourna chez lui.
32,2
Pour Jacob, il poursuivit son voyage; des envoyés du Seigneur se trouvèrent sur ses pas.
Des anges de Eloqim le rencontrèrent

Des anges d’Erets Israël sont venus à sa rencontre pour l’y accompagner (Beréchith raba 74)

32,3
Jacob dit en les voyant: "Ceci est la légion du Seigneur!" Et il appela cet endroit Mahanayim.
Ma‘hanayim

Deux camps, [le mot ma‘hanayim étant au duel] : les anges de l’extérieur du pays qui étaient venus avec lui jusque là, et ceux d’Erets Israël qui s’étaient portés à sa rencontre (Midrach tan‘houma Wayichla‘h)

32,4
Jacob envoya des messagers en avant, vers Ésaü son frère, au pays de Séir, dans la campagne d'Édom.
Ya’aqov envoya des messagers

Véritablement des anges (Beréchith raba 75, 4)

Au pays (artsa) de Sé’ir

Lorsqu’un mot exige le préfixe lamèd, [préposition signifiant : « en direction de »], ce préfixe peut être remplacé par le suffixe hé (Yevamoth 13b)

32,5
Il leur avait donné cet ordre: "Vous parlerez ainsi à mon seigneur, à Ésaü: ‘Ainsi parle ton serviteur Jacob:
J’ai séjourné

Je n’y suis devenu ni un prince ni un notable, mais j’y suis resté un étranger, [le mot garti, (« j’ai séjourné ») étant de la même racine que guér (« étranger »)]. Tu n’as plus aucune raison, par conséquent, de me haïr à cause de la bénédiction que m’a donnée ton père : « sois un chef pour tes frères » (supra 27, 29), car elle ne s’est pas réalisée (Midrach tan‘houma Wayichla‘h 5). Autre explication : La valeur numérique des lettres de garti est six cent treize, comme si Ya‘aqov avait voulu dire : Tout en séjournant chez Lavan l’impie, j’ai continué d’observer les six cent treize commandements et je n’ai pas suivi ses mauvais exemples

32,6
J'ai séjourné chez Laban et prolongé mon séjour jusqu'à présent. J'ai acquis boeufs et ânes, menu bétail, esclaves mâles et femelles; je l'envoie annoncer à mon seigneur, pour obtenir faveur à ses yeux.’ "
J’ai acquis bœuf et âne

Mon père m’avait dit : « de la rosée des cieux et des graisses de la terre » (supra 27, 28). Ce ne sont des produits ni du ciel ni de la terre

Bœuf et âne

On a l’habitude d’employer le singulier « bœuf » pour désigner de grandes quantités de bovins (Beréchith raba 75), de la manière dont parlent les gens : « J’ai entendu cette nuit chanter le coq », et non : « chanter les coqs »

J’ai envoyé annoncer à mon seigneur

Pour annoncer que je viens vers toi

Pour trouver grâce à tes yeux

Pour montrer que je suis en paix avec toi et que je cherche ton amitié, [et non pour me vanter de mes richesses]

32,7
Les messagers revinrent près de Jacob, en disant: "Nous sommes allés trouver ton frère Ésaü; lui même vient à ta rencontre et quatre cents hommes l'accompagnent."
Nous sommes allés vers ton frère

Celui dont tu disais qu’il est ton frère, mais il se comporte envers toi comme ‘Essaw, l’impie, toujours animé par la haine (Beréchith raba 75, 7)

32,8
Jacob fut fort effrayé et plein d'anxiété. II distribua son monde, le menu, le gros bétail et les chameaux en deux bandes,
Ya’aqov s’effraya beaucoup

Il s’est effrayé à l’idée d’être tué, et il a été angoissé à celle de devoir tuer (Beréchith raba 76, 2)

32,9
se disant: "Si Ésaü attaque l'une des bandes et la met en pièces, la bande restante deviendra une ressource."
A l’un des camps (a‘hath

Le mot hébreu ma‘hanè (« camp ») s’emploie indifféremment au masculin et au féminin : « si un camp campait (ta‘hanè) contre moi » (Tehilim 27, 3) est au féminin, tandis que « qu’est-ce pour toi que tout ce camp (hazè) » (infra 33, 8) est au masculin. Il existe en hébreu d’autres mots qui peuvent appartenir aux deux genres, comme dans : « le soleil [au masculin] était sorti sur la terre » (supra 19, 23), « l’extrémité du ciel est sa sortie [du soleil, au masculin] » (Tehilim 19, 7), « le soleil brillait [au féminin] sur les eaux » (II Melakhim 3, 22). De même pour le mot roua‘h (« vent ») : « un grand vent [au féminin] est venu » (‘Iyov 1, 19), « il a frappé [au masculin] les quatre angles de la maison » (ibid.), « un vent grand [au féminin] et fort [au masculin] brisait les montagnes » (I Melakhim 19, 11). De même pour le mot éch (« feu ») : « un feu s’élança [au féminin] de devant Hachem » (Bamidbar 16, 35), « un feu flamboyant [au masculin] » (Tehilim 104, 4)

Le camp restant sera sauvé

Malgré ‘Essaw, car je me battrai avec lui. Ya’aqov s’est préparé de trois manières à sa rencontre avec ‘Essaw : par des cadeaux, par la prière et par la préparation au combat. Par le cadeau : « l’offrande passa devant lui » (verset 22), par la prière : « Eloqim de mon père Avraham ! » (verset 10), par la préparation au combat : « le camp restant sera sauvé »

32,10
Puis Jacob dit "O Divinité de mon père Abraham, Divinité d'Isaac mon père! Éternel, toi qui m'as dit: ‘Retourne à ton pays et à ton lieu natal, je te comblerai;’
Eloqim de mon père Yits‘haq

Il avait parlé plus haut de : « la frayeur de Yits‘haq » (supra 31, 42). En outre, pourquoi répète-t-il ici le nom de Dieu, au lieu de dire simplement : « toi qui m’as dit : retourne à ton pays » ? Voici ce qu’a voulu dire Ya’aqov devant le Saint béni soit-Il : Tu m’as fait deux promesses. La première quand j’ai quitté la maison paternelle à Beér-Chéva’, où tu m’as dit : « je suis Hachem, le Eloqim d’Avraham ton père et Eloqim de Yits‘haq » (supra 28, 13), et aussi : « je te garderai partout où tu iras » (supra 28, 15). La seconde dans la maison de Lavan, où tu m’as dit : « Retourne au pays de tes pères et au lieu de ton engendrement. Je serai avec toi » (supra 31, 3). Tu m’y es alors apparu sous ton nom divin seul, ainsi qu’il est écrit : « Et Hachem dit à Ya’aqov : Retourne au pays de tes pères » (ibid.). C’est au bénéfice de ces deux promesses que je me présente devant toi

32,11
je suis peu digne de toutes les faveurs et de toute la fidélité que tu as témoignées à ton serviteur, moi qui, avec mon bâton, avais passé ce Jourdain et qui à présent possède deux légions.
Je suis trop petit pour toutes (mikol) les grâces

Mes mérites ont diminué en raison des grâces et de la fidélité que tu m’as témoignées (Beréchith raba 65, 15). [La lettre mèm dans mikol n’indique pas ici le comparatif, mais elle a le sens de mipené (« en conséquence de »).] C’est pourquoi je crains d’avoir été diminué par le péché, depuis que tu m’as fait des promesses, et je redoute qu’il me vaille d’être livré aux mains de ‘Essaw (Chabath 32a)

Et pour toute la vérité

La fidélité à tes paroles. Tu as tenu toutes les promesses que tu m’avais faites

Car avec mon bâton

Je n’avais ni argent, ni or, ni bétail, mais seulement mon bâton. Explication du midrach : Il a touché le Yardén de son bâton, et celui-ci s’est fendu pour lui livrer passage (Midrach tan‘houma Wayétsé 3)

32,12
Sauve moi, de grâce, de la main de mon frère, de la main d'Ésaü; car je crains qu'il ne m'attaque et ne me frappe, joignant la mère aux enfants!
De la main de mon frère

De la main de mon frère qui ne se comporte pas envers moi comme un frère, mais comme ‘Essaw l’impie

32,13
Pourtant, tu as dit: ‘Je te comblerai de faveurs et j'égalerai ta descendance au sable de la mer, dont la quantité est incalculable.’ "
Je te ferai du bien (littéralement : « faire du bien

« Faire du bien » pour ton propre mérite, « je te ferai du bien » pour le mérite de tes pères (Beréchith raba 76, 7)

Je rendrai ta descendance comme le sable de la mer

Où Dieu lui a-t-Il dit cela ? Il ne lui avait promis que de rendre « sa descendance comme la poussière de la terre » (supra 28, 14). En fait, Dieu avait ajouté : « car je ne t’abandonnerai pas jusqu’à ce que j’aie fait ce que je t’ai dit » (ibid. 15). Or Il avait dit à Avraham : « je multiplierai à profusion ta descendance comme les étoiles des cieux et comme le “sable” qui est sur le bord de la mer » (supra 22, 17)

32,14
Il établit là son gîte pour cette nuit et il choisit, dans ce qui se trouvait en sa possession un hommage pour Ésaü son frère:
De ce qu’il avait dans sa main

En sa possession, comme dans : « et lui ayant pris tout son territoire de sa main »(Bamidbar 21, 26). Explication du midrach (Midrach tan‘houma Wayichla‘h 11) : L’expression « de ce qu’il avait dans sa main » s’entend des pierres précieuses et des perles que l’on garde dans une petite bourse et que l’on tient dans la main. Autre explication : Il s’agit de ce qui lui appartenait légitimement, comme ne possédant plus un caractère sacré puisqu’il en avait prélevé la dîme. Ya‘aqov avait en effet annoncé : « je t’en prélèverai la dîme » (supra 28, 22), et c’est ensuite qu’il a pris le cadeau [destiné à son frère]

32,15
deux cents chèvres et vingt boucs, deux cents brebis et vingt béliers;
Deux cents chèvres et vingt boucs

On a besoin, pour cents chèvres, de vingt boucs. Quant aux autres espèces, le nombre des animaux mâles dépend des besoins des femelles. Le midrach Beréchith raba (76, 7) en déduit la fréquence du devoir conjugal tel qu’il est prescrit dans la Tora : pour ceux qui n’exercent aucune activité, chaque jour. Pour les ouvriers, deux fois par semaine. Pour les âniers, une fois par semaine. Pour les chameliers, une fois tous les trente jours. Pour les navigateurs, une fois tous les six mois. Je ne sais cependant pas comment ce midrach se rattache exactement à notre texte. Il me semble toutefois qu’il convient d’en déduire que la périodicité du devoir conjugal n’est pas identique chez tous les individus, et qu’il dépend de l’effort que demande leur travail. Nous lisons ici qu’il a associé dix chèvres à chaque bouc, de même à chaque bélier. Leur inactivité les porte à procréer davantage, et ils peuvent chacun féconder dix femelles. Or, une bête, lorsqu’elle est pleine, refuse le mâle. Quant aux taureaux, qui travaillent, il ne leur est affecté que quatre femelles. L’âne effectue de longs trajets, il ne possède donc que deux femelles. Le chameau en accomplit de plus étendus encore, il n’aura qu’une seule femelle

32,16
trente chamelles laitières avec leurs petits, quarante vaches et dix taureaux, vingt ânesses et dix ânes.
Trente chamelles allaitantes et leurs petits

Avec elles. Le midrach (Beréchith raba 76, 7) lit ouvenéhem (« et leurs petits ») comme s’il était écrit oubanoeïhem (« leurs constructeurs »), soit un mâle par femelle. Mais comme ces animaux sont connus pour leur discrétion lorsqu’ils s’accouplent, on en parle à mots couverts

Et dix ânes

Le mot ‘ayarim (« ânes ») désigne des ânes mâles

32,17
Il remit aux mains de ses esclaves chaque troupeau à part et il leur dit: "Marchez en avant et laissez un intervalle entre un troupeau et l'autre."
Chaque troupeau à part

Chaque espèce formant un troupeau à part

Passez devant moi

A un jour de marche ou bien moins, et je vous suivrai

Et mettez de l’espace

Entre un troupeau et l’autre, aussi loin que puisse porter le regard, afin de satisfaire l’œil de cet impie et de l’impressionner par l’importance du cadeau (Beréchith raba 76, 8)

32,18
Il donna au premier l'ordre suivant: "Lorsqu’Ésaü, mon frère, te rencontrera et te demandera: ‘A qui es-tu? où vas tu? et pour qui ce bétail qui te précède?’
A qui es-tu ?

« A qui appartiens-tu ? qui t’a envoyé ? » ainsi que le traduit le Targoum

Et pour qui sont ceux-là devant toi ?

A qui appartiennent-ils ? A qui est envoyé ce cadeau ? La préposition le placée en préfixe a le même sens que le mot chèl [qui marque l’appartenance], comme dans : « tout ce que tu vois est à moi (li hou) » (supra 31, 43), « à Hachem (lachem) la terre et tout ce qui la remplit » (Tehilim 24, 1) – ils appartiennent à Hachem

32,19
Tu répondras: ‘A ton serviteur Jacob; ceci est un hommage adressé à mon seigneur Ésaü; et Jacob lui même nous suit.’ "
Tu diras : A ton serviteur

Il commence par répondre à la première question, puis à la seconde. Tu m’as demandé : « A qui es-tu ? » J’appartiens à ton serviteur, à Jacob, ainsi que le traduit le Targoum. Tu m’as demandé ensuite : « Et pour qui sont ceux-ci qui te précèdent ? » Cela est un hommage adressé à mon seigneur ‘Essaw..

Et voici

Ya‘aqov

32,20
II ordonna de même au second, de même au troisième, de même à tous ceux qui conduisaient les troupeaux, en disant: "C'est ainsi que vous parlerez à Ésaü quand vous le rencontrerez.
32,21
Et vous direz: ‘Voici que lui même, ton serviteur Jacob nous suit" car il disait: "Je veux rasséréner son visage par le présent qui me devance et puis je regarderai son visage, peut être deviendra t il bienveillant pour moi."
J’apaiserai sa face

Je ferai cesser (akhapera) sa colère, comme dans : « et cessera (wekhoupar) votre pacte avec la mort » (Yecha’ya 28, 18), « tu ne pourras pas le faire cesser (kapera) » (ibid. 47, 11). A mon avis, lorsque le mot kapara est associé à la notion de faute, de péché ou de colère, il exprime l’idée d’effacement et d’éloignement. Tel est le sens de ce mot en araméen, et nous le trouvons fréquemment dans la guemara, comme dans : « il s’est essuyé (kapar) les mains », « il a voulu se laver (lekhapouré) les mains [dans le sens de : “se dégager d’une responsabilité”] de cet homme » (Guitin 56a). On trouve le même mot en hébreu biblique, comme dans : « trente bols (keforé) d’or » (Ezra 1, 10), où il s’agit des coupes pour l’aspersion dans le Temple, sur les bords desquelles le kohen s’essuyait les mains (Zeva‘him 93b)

32,22
Le présent défila devant lui et lui, demeura cette nuit dans le camp.
Devant lui (‘al panaw – littéralement : « sur sa face »)

Comme lefanaw (« devant sa face »), c’est-à-dire devant lui, comme dans : « violence et pillage y sont constamment entendus sur ma face (‘al panaï) » (Yirmeya 6, 7), « ces gens qui me mettent en colère (‘al panaï) » (Yecha’ya 65, 3). Quant au midrach, il associe l’expression ‘al panaw au mot panim (« colère ») : Ya‘aqov était irrité de devoir faire tout cela (Beréchith raba 76, 8)

32,23
Il se leva, quant à lui, pendant la nuit; il prit ses deux femmes, ses deux servantes et ses onze enfants et passa le gué de Jaboc.
Et ses onze fils

Et Dina, où était-elle ? Ya‘aqov l’avait enfermée dans une caisse verrouillée pour que ‘Essaw ne puisse porter ses regards sur elle. Et il a été puni pour l’avoir ainsi refusée à son frère. Peut-être l’aurait-elle ramené vers le bien ! On sait qu’elle est tombée par la suite entre les mains de Chekhem (Beréchith raba 76, 9)

Yaboq

C’est le nom de la rivière

32,24
Puis il les aida à traverser le torrent et fit passer ce qui lui appartenait.
Ce qui était à lui

Les animaux et les biens meubles. Il s’est transformé en passeur, prenant d’un côté et déposant de l’autre

32,25
Jacob étant resté seul, un homme lutta avec lui, jusqu'au lever de l'aube.
Ya‘aqov resta seul

Il avait oublié de menus ustensiles, [l’essentiel ayant déjà été transporté (verset précédent),] et il était retourné pour les chercher (‘Houlin 91a)

Un homme lutta (wayéavéq)

Le grammairien Mena‘hem ben Sarouq traduit le verbe wayéavéq par : « il souleva de la poussière », du mot avaq (« poussière »). Car ils faisaient jaillir, par leurs mouvements, de la poussière sous leurs pieds. Il me semble, quant à moi, que ce verbe signifie : « il s’enlaça (dans un corps à corps) », comme en araméen : « après s’être attaché (aviqou) » (Sanhèdrin 63b) ou bien : « il s’y fixa (weaviq) comme avec un nœud » (Mena‘hoth 42a). Lorsque deux personnes luttent à qui fera tomber l’autre, elles s’enlacent et se serrent dans les bras l’une de l’autre. Nos maîtres ont expliqué que l’homme en question était l’ange gardien de ‘Essaw (Beréchith raba 77, 3)

32,26
Voyant qu'il ne pouvait le vaincre, il lui pressa la cuisse; et la cuisse de Jacob se luxa tandis qu'il luttait avec lui.
Il le toucha au creux de sa hanche

L’os qui s’enfonce dans la hanche s’appelle kaf (« cuiller »), car la chair qui est dessus a la forme d’une cuiller à pot

Se luxa (watéqa’)

L’os a été violemment arraché de son articulation, comme dans : « de peur que mon âme ne se déplace (téqa’) de toi » (Yirmeya 6, 8), dans le sens de : « s’éloigne ». Comme aussi dans la michna : « arracher (leqa’aqé’a) leurs œufs » (Guitin 55a)

32,27
Il dit: "Laisse moi partir, car l'aube est venue." II répondit: "Je ne te laisserai point, que tu ne m'aies béni."
Car l’aube s’est levée

Et il faut que j’aille entonner un cantique (‘Houlin 91b, Beréchith raba 78, 1)

32,28
Il lui dit alors: "Quel est ton nom?" II répondit: "Jacob."
32,29
Il reprit: "Jacob ne sera plus désormais ton nom, mais bien Israël; car tu as jouté contre des puissances célestes et humaines et tu es resté fort."
Ya’aqov ne sera plus

On ne pourra plus soutenir que c’est par ruse et par éviction (‘iqva – même racine que Ya‘aqov) que tu as obtenu les bénédictions, mais en toute dignité et ouvertement. Le Saint béni soit-Il va se révéler à toi à Beith-El, Il y changera ton nom et te bénira. J’y serai moi-même et j’y consentirai. C’est ce que dira le prophète : « Il a lutté avec un ange et il l’a vaincu. Il a pleuré et l’a supplié » (Hoché‘a 12, 5). Que lui demandait-il ? « A Beith-El il nous trouvera, et là il nous parlera » (ibid.). Autrement dit : « Attends jusqu’à ce qu’Il nous y parle, et c’est alors que je reconnaîtrai ton droit aux bénédictions ! » Mais Ya‘aqov ne l’a pas voulu ainsi, et l’ange a dû, malgré lui, lui confirmer son droit. C’est ce que veut dire le verset suivant : « Il le bénit “là-bas” » – Il l’avait supplié d’attendre, mais Ya‘aqov avait refusé (Beréchith raba 78, 3)

Et avec des hommes

‘Essaw et Lavan

Tu as triomphé

D’eux

32,30
Jacob l'interrogea en disant: "Apprends-moi, je te prie, ton nom." II répondit: "Pourquoi t'enquérir de mon nom?" Et il le bénit alors.
Pourquoi demandes-tu

Nous n’avons pas de nom immuable. Nos noms changent suivant les missions dont on nous charge (Beréchith raba 78, 4)

32,31
Jacob appela ce lieu Penïel "parce que j'ai vu un être divin face à face et que ma vie est restée sauve."
32,32
Le soleil commençait à l'éclairer lorsqu'il eut quitté Penïél; il boitait alors à cause de sa cuisse.
Le soleil se leva sur lui

C’est une façon habituelle de parler, comme on dirait : « Quand nous sommes arrivés à tel endroit, le soleil s’était levé sur nous ». Explication du midrach (Sanhèdrin 95b) : « Sur lui » équivaut à « pour lui », pour le guérir de sa luxation, comme dans : « un soleil de charité, la guérison est dans ses rayons » (Malakhi 3, 20). Le soleil « récupère » à présent, en se levant plus tôt à son intention, les heures qu’il avait perdues en se couchant prématurément lors du départ de Ya‘aqov de Beér Chèva’

Et il boitait

Il boitait lorsque le soleil s’est levé

32,33
C'est pourquoi les enfants d'Israël ne mangent point aujourd'hui encore le nerf sciatique, qui tient à la cavité de la cuisse; parce que Jacob fut touché à la cavité de la cuisse, sur le nerf sciatique.
Le nerf sciatique

En hébreu : hanachè, parce qu’il « se retire » (nachè) et s’élève (‘Houlin 91a). Le mot évoque une idée de « retrait », comme dans : « leur courage s’est évanoui (nacheta), ils ressemblent à des femmes » (Yirmeya 51, 30), ou dans : « Eloqim m’a fait oublier (nachani – littéralement : “a retiré de moi”) toute ma peine » (infra 41, 51)

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