Ainsi furent terminés les cieux et la terre, avec tout ce qu'ils renferment.
2,2
Dieu mit fin, le septième jour, à l’œuvre faite par lui; et il se reposa, le septième jour, de toute l’œuvre qu'il avait faite.
Eloqim termina
Rabi Chim‘on a enseigné : Etant donné que l’être humain ne sait pas calculer avec exactitude ses moments et ses instants, nous ajoutons une partie de la semaine à la journée sainte du chabath. Le Saint béni soit-Il, en revanche, qui sait calculer avec une précision absolue Ses moments et Ses instants, entre dans le chabath avec une rigoureuse ponctualité, et Il nous donne l’impression d’avoir terminé Son œuvre en ce septième jour. Autre explication : Que manquait-il au monde ? Le repos. Le chabath est venu, et avec lui le repos. Alors seulement l’œuvre de création a été terminée et menée à bonne fin (Beréchith raba 10, 10)
2,3
Dieu bénit le septième jour et le proclama saint, parce qu'en ce jour il se reposa de l’œuvre entière qu'il avait produite et organisée.
Eloqim bénit... le sanctifia
Il l’a béni avec la manne, qui tombait chaque jour de la semaine à raison d’un ‘omer par personne, et le double le sixième jour. Et Il l’a proclamé saint avec la manne, qui ne tombait pas le chabath (Beréchith raba 11, 1). Le texte anticipe ici sur l’avenir
Que Eloqim créa pour faire
Le travail qui aurait dû être exécuté le chabath, Il l’a fait le sixième jour, faisant ce jour-là œuvre double, comme expliqué dans le Beréchith raba (11, 10)
2,4
Telles sont les origines du ciel et de la terre, lorsqu'ils furent créés; à l'époque où l'Éternel-Dieu fit une terre et un ciel.
Celles-ci sont les générations
Exposées ci-dessus
Des cieux et de la terre
Cela t’apprend qu’ils ont tous [à savoir le ciel et la terre] été créés le premier jour. Autre explication (Mena‘hoth 29b. Voir Beréchith raba 12, 9) : « Lorsqu’ils furent créés » – Il les a créés avec un hé [behé baram], ainsi qu’il est écrit : « En yah Hachem, rocher des siècles » (Yecha’ya 26, 4), ce qui veut dire que Dieu les a créés avec les deux lettres de Son nom : yod et hé. C’est ainsi que ce monde-ci a été créé avec un hé. Car le hé est fermé de tous les côtés et ouvert vers le bas : les hommes descendent inexorablement vers la mort. [Ou encore : les « scélérats » finiront tous par tomber, il n’y a pas de salut pour eux. Mais ils peuvent, par la pénitence, remonter. Le hé est ouvert, et donc la porte leur reste ouverte]
2,5
Or, aucun produit des champs ne paraissait encore sur la terre, et aucune herbe des champs ne poussait encore; car l'Éternel-Dieu n'avait pas fait pleuvoir sur la terre, et d'homme, il n'y en avait point pour cultiver la terre.
Ne paraissait encore (tèrèm) sur la terre
Le mot tèrèm employé dans le texte signifie toujours « pas encore », et jamais « auparavant ». On ne peut pas le conjuguer comme un verbe, pour dire hitrim, comme on dit hiqdim [forme conjuguée à partir de la racine qdm]. Notre texte en est la preuve, ainsi que : « mais toi et tes serviteurs, je sais que vous ne craignez pas encore (tèrèm) Hachem-Eloqim » (Chemoth 9, 30). On doit l’expliquer de la même manière ici : Aucun produit des champs ne paraissait encore sur la terre lorsque la création a été achevée le sixième jour avant la création de l’homme. Et aucune herbe des champs ne poussait encore. Quant au troisième jour de la création où il est écrit : « que la terre produise des végétaux... » (supra 1, 11), cela ne signifie pas qu’ils ont poussé au-dessus du sol, mais cela veut dire qu’ils sont restés enfouis sous terre jusqu’au sixième jour (‘Houlin 60b)
Car Il n’avait pas fait pleuvoir
Et pour quelle raison n’avait-Il pas fait pleuvoir ? Parce que « d’homme, il n’y en avait pas pour travailler la terre ». Il n’y avait donc personne qui pût apprécier les bienfaits des pluies. Et lorsque l’homme est arrivé, il a reconnu que les pluies étaient nécessaires au monde. Il a prié pour elles, et elles sont tombées. C’est alors que les arbres et les végétaux se sont mis à pousser
Hachem-Eloqim
Hachem est Son nom. Quant à Eloqim, il signifie qu’Il est juge et maître de l’univers. C’est ainsi que l’on explique toujours cette dualité selon son sens simple : Hachem, qui est Eloqim
2,6
Mais une exhalaison s'élevait de la terre et humectait toute la surface du sol.
Une humidité s’élevait
Comme elle était nécessaire à la création de l’homme, Il l’a fait remonter de l’abîme jusque dans les nuages, afin d’en humecter la terre et créer l’homme. C’est comme lorsque l’on pétrit : on commence par verser de l’eau, puis on pétrit la pâte. Ici aussi il est écrit : « elle humectait », et ensuite : « Il façonna » (Beréchith raba 14)
2,7
L'Éternel-Dieu façonna l'homme, - poussière détachée du sol, - fit pénétrer dans ses narines un souffle de vie, et l'homme devint un être vivant.
Il façonna l’homme (wayyitsèr)
Le mot wayyitsèr est écrit avec deux yod, car il y a eu deux façonnages : celui de l’homme dans ce monde-ci, et celui de l’homme dans le monde à venir (Beréchith raba 14, 5). Tandis que pour les animaux, qui ne sont pas justiciables du tribunal divin, le même mot wayitsèr (verset 19) n’est écrit qu’avec un seul yod
Poussière détachée du sol
Dieu a amassé la poussière de toute la terre, des quatre points cardinaux, afin qu’elle accepte, où que l’homme vienne à mourir, de devenir sa tombe (Midrach tan‘houma Peqoudei 3). Autre explication : Il a pris la poussière de l’endroit dont il est dit : « Tu feras pour moi un autel de terre » (Chemoth 20, 21), [à savoir le site où allait être construit le Temple], en se disant : « Pourvu qu’elle lui soit une expiation afin qu’il puisse tenir ! » (Beréchith raba 14, 9)
Il insuffla dans ses narines une âme de vie
Il l’a formé d’éléments d’ici-bas et d’éléments d’en haut : le corps d’en-bas, et l’âme d’en haut. Car le premier jour, Il a créé le ciel et la terre. Le deuxième jour, le firmament pour les êtres d’en haut. Le troisième jour, la terre ferme est apparue pour les êtres d’en-bas. Le quatrième, les luminaires pour les êtres d’en haut. Le cinquième, Il a fait fourmiller les eaux d’une multitude rampante d’êtres vivants, pour les êtres d’en-bas. Il fallait donc, le sixième jour, créer tout à la fois des éléments d’en haut et des éléments d’en-bas. Car il se serait établi, sinon, de la jalousie dans l’œuvre de la création, puisque les uns auraient dépassé les autres pendant une des journées qu’a duré celle-ci (Beréchith raba 12, 7)
Et l’homme fut une âme vivante
Les animaux et les bêtes sauvages sont également appelés « âmes vivantes ». Cependant, celle de l’homme est la plus vivante de toutes, car il s’y ajoute la connaissance et la parole
2,8
L'Éternel-Dieu planta un jardin en Éden, vers l'orient, et y plaça l'homme qu'il avait façonné.
Vers l’orient (miqèdèm)
C’est à l’est de ‘Eden que Dieu a planté le jardin. Mais peut-être objecteras-tu [en prenant le mot miqèdèm comme exprimant une antériorité] qu’Il avait déjà créé l’homme, puisqu’il est écrit : « Eloqim créa l’homme à son image » (supra 1, 27). J’opposerai, dans ce cas, la barayetha de rabi Yossi Haglili qui nous enseigne les trente-deux règles d’interprétation de la Tora. Voici l’une d’elles : Lorsqu’une « généralité » est suivie d’un récit, ce dernier constitue un détail de la première. « Eloqim créa l’homme » – généralité, mais celle-ci ne spécifie pas à partir de quoi et comment. Puis il est écrit : « Hachem-Eloqim façonna l’homme... Il fit pousser du sol tout arbre... Il le plaça dans le jardin de ‘Eden... Il fit tomber un sommeil... » On pourrait croire, en entendant cela, qu’il s’agit d’un autre récit, alors qu’il ne constitue, en fait, qu’un détail du premier. Pour les animaux aussi, dont la création a déjà été mentionnée (supra 1, 27), le texte se répète : « Hachem-Eloqim avait formé de matière terrestre tous les animaux » (verset 19). Mais c’est pour ajouter : « Il les amena vers l’homme pour voir comment il les appellerait », et aussi pour indiquer que les oiseaux ont été créés d’un mélange de terre et d’eau
2,9
L'Éternel-Dieu fit surgir du sol toute espèce d'arbres, beaux à voir et propres à la nourriture; et l'arbre de vie au milieu du jardin, avec l'arbre de la science du bien et du mal.
Fit pousser du sol
Le texte parle ici uniquement du jardin [dont il est question au verset 8]
Au milieu du jardin
Au centre même du jardin
2,10
Un fleuve sortait d'Éden pour arroser le jardin; de là il se divisait et formait quatre bras.
2,11
Le nom du premier: Pichon; c’est celui qui coule tout autour du pays de Havila, où se trouve l’or.
Pichon
C’est le Nil, le fleuve de l’Egypte. Il est appelé Pichon (du mot pachou signifiant « se répandre ») parce que ses eaux, par la bénédiction de Dieu, montent et arrosent le sol. C’est comme dans : « et ses cavaliers se répandent (pachou) » (‘Habaqouq 1, 8). Autre explication : le Pichon fait pousser le lin (pichtan) (Beréchith raba 16, 2), ainsi qu’il est écrit à propos de l’Egypte : « ils seront confondus, ceux qui travaillent le lin (‘ovdé pichtim) » (Yecha’ya 19, 9)
2,12
L’or de ce pays-là est bon; là aussi le bdellium et la pierre de chôham.
2,13
Le nom du deuxième fleuve: Ghihôn; c’est lui qui coule tout autour du pays de Kouch.
Gui‘hon
Ainsi nommé parce que ses eaux coulent en mugissant violemment, comme dans : « si un bœuf cogne (yiga‘h) un homme », [mugir et cogner vont ensemble], car un bœuf cogne en mugissant
2,14
Le nom du troisième fleuve: Hiddékel; c’est celui qui coule à l’orient d’Assur; et le quatrième fleuve était l’Euphrate.
‘Hiddèqel
[Le Tigre], ainsi appelé parce que Ses eaux sont « vives » (‘hadin) et « légères » (qalin) (Berakhoth 59b)
Perath
[L’Euphrate], ainsi nommé parce que ses eaux sont fécondes (parim – similaire à Perath) et se multiplient (weravim) et qu’elles sont bonnes pour la santé (ibid. Voir aussi Beréchith raba 16, 6)
Kouch et Achour
Ils n’existaient pas encore en tant que pays. Le texte anticipe sur l’avenir (Ketouvoth 10b, Beréchith raba 16, 4)
A l’orient d’Achour
C’est le mizra‘h de Achour
Perath
C’est le plus important de tous, comme étant cité à propos d’Erets Israël (Beréchith raba 16, 5)
2,15
L’Éternel-Dieu prit donc l’homme et l’établit dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le soigner.
Il prit
Il le « prit » avec des paroles de douceur, pour le persuader d’entrer dans le jardin (Beréchith raba 16, 8)
2,16
L’Éternel-Dieu donna un ordre à l’homme, en disant: "Tous les arbres du jardin, tu peux t’en nourrir;
2,17
mais l’arbre de la science du bien et du mal, tu n’en mangeras point: car du jour où tu en mangeras, tu dois mourir!"
2,18
L’Éternel-Dieu dit: "Il n’est pas bon que l’homme soit isolé; je lui ferai une aide digne de lui."
Il n’est pas bon...
Pour qu’on ne dise pas qu’il y a deux autorités : le Saint béni soit-Il en-haut, seul et sans compagnon, et l’homme ici-bas, seul et sans compagnon (Pirqé deRabi Eli‘èzèr 12)
Une aide qui soit face à lui
Si l’homme a du mérite, elle lui sera une aide. S’il n’en a pas, elle sera contre lui et le combattra (Beréchith raba 17, 3. Voir aussi Yevamoth 63a)
2,19
L’Éternel-Dieu avait formé de matière terrestre tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel. Il les amena devant l’homme pour qu’il avisât à les nommer; et telle chaque espèce animée serait nommée par l’homme, tel serait son nom.
Avait formé (wayitsèr) de matière terrestre
Cette formation est la même que celle dont il a été question plus haut : « Eloqim fit les animaux de la terre... » (supra 1, 25). Cela vient nous apprendre que les oiseaux ont été créés d’un mélange de terre et d’eau. Il est indiqué plus haut qu’ils ont été créés à partir de l’eau, et ici qu’ils ont été créés à partir de la terre (‘Houlin 27b). Cela t’apprend aussi qu’Il a amené les animaux à l’homme, dès leur création, pour qu’il leur donne un nom. Le midrach explique le mot wayitsèr (« avait formé ») dans le sens de « domination », « assujettissement », comme dans : « si tu es arrêté longtemps au siège [ki thatsour] d’une ville » (Devarim 20, 19), car Il les a assujettis au pouvoir d’Adam (Beréchith raba 17, 4)
Et tout ce que l’homme aura appelé
Intervertis l’ordre des mots et explique ainsi : toute espèce animée que l’homme aura appelée d’un nom, ce sera son nom pour toujours
2,20
L’homme imposa des noms à tous les animaux qui paissent, aux oiseaux du ciel, à toutes les bêtes sauvages; mais pour lui-même, il ne trouva pas de compagne qui lui fût assortie.
2,21
L’Éternel-Dieu fit peser une torpeur sur l’Homme, qui s’endormit; il prit une de ses côtes, et forma un tissu de chair à la place.
L’Éternel-Dieu fit peser une torpeur sur l’Homme
Lorsque Dieu lui a amené toutes les espèces animales, mâle et femelle, l’homme a dit : « Chacun a sa compagne, et moi je n’en ai pas ! ». Aussitôt, « Hachem-Eloqim fit tomber un sommeil sur l’homme... » (Beréchith raba 17, 5)
De ses côtés (mitsal‘othaw)
Un de ses côtés, comme dans : « de même, pour le second côté (tsèla’) du tabernacle » (Chemoth 26, 20). C’est pourquoi on enseigne que l’homme avait été créé avec deux visages (Berakhoth 61a, Beréchith raba 17, 6)
Il referma
L’endroit où a eu lieu l’incision
Il s’endormit. Il prit
Pour que l’homme ne voie pas le fragment de chair dont la femme avait été faite et qu’il n’en vienne à la mépriser (Sanhèdrin 39a)
2,22
L’Éternel-Dieu organisa en une femme la côte qu’il avait prise à l’homme, et il la présenta à l’homme.
Il édifia
Comme un bâtiment, étroite au sommet et large à la base pour pouvoir recevoir l’enfant. A l’instar d’un silo à blé qui est large à la base et étroit au sommet pour que la charge ne pèse pas trop sur les parois (Sanhèdrin 61a)
Hachem-Eloqim édifia en femme le côté
Pour qu’elle soit une femme, comme dans : « Guid’on en fit un éphod » (Choftim 8, 27) – c’est-à-dire : pour que cela devienne un éphod
2,23
Et l’homme dit: "Celle-ci, pour le coup, est un membre extrait de mes membres et une chair de ma chair; celle-ci sera nommée Icha, parce qu'elle a été prise de Ich."
Cette fois
Cela nous enseigne que Adam s’est uni à tous les animaux et à toutes les bêtes, mais qu’il n’a trouvé d’épanouissement que par son union avec ‘Hawa (Yevamoth 63a)
Celle-ci sera appelée icha
Icha (« femme ») est dérivé de ich (« homme »). Nous apprenons d’ici que le monde a été créé avec la langue sainte, [étant donné que seule la langue hébraïque relie les mots « homme » et « femme » à une racine commune] (Beréchith raba 18, 4)
2,24
C'est pourquoi l'homme abandonne son père et sa mère; il s'unit à sa femme, et ils deviennent une seule chair.
C’est pourquoi l’homme abandonne
C’est l’esprit saint qui parle ici, [et non Adam], pour interdire l’inceste aux Noa‘hides (Sanhèdrin 57b)
Une seule chair
L’enfant est créé par les deux parents, et c’est en lui qu’ils deviennent une seule chair
2,25
Or ils étaient tous deux nus, l'homme et sa femme, et ils n'en éprouvaient point de honte.
Et ils n’en avaient pas honte
Car ils ne connaissaient pas la pudeur, pour pouvoir distinguer le bien du mal. L’homme, il est vrai, possédait la connaissance, puisqu’il avait su donner des noms aux animaux (supra 2, 20), mais il ignorait le penchant au mal avant d’avoir mangé du fruit défendu. C’est seulement à ce moment-là que le penchant au mal est entré en lui, et qu’il a su distinguer le bien du mal
Rabi Chim‘on a enseigné : Etant donné que l’être humain ne sait pas calculer avec exactitude ses moments et ses instants, nous ajoutons une partie de la semaine à la journée sainte du chabath. Le Saint béni soit-Il, en revanche, qui sait calculer avec une précision absolue Ses moments et Ses instants, entre dans le chabath avec une rigoureuse ponctualité, et Il nous donne l’impression d’avoir terminé Son œuvre en ce septième jour. Autre explication : Que manquait-il au monde ? Le repos. Le chabath est venu, et avec lui le repos. Alors seulement l’œuvre de création a été terminée et menée à bonne fin (Beréchith raba 10, 10)