"Tu feras aussi un autel pour la combustion des parfums; c'est en bois de chittîm que tu le feras.
Qui fume l’encens
Pour faire monter l’émanation de la fumée de l’encens
30,2
Une coudée sera sa longueur, une coudée sa largeur, il sera carré, et deux coudées sa hauteur; ses cornes feront corps avec lui.
30,3
Tu le recouvriras d'or pur, savoir: sa plateforme, ses parois tout autour et ses cornes; et tu l'entoureras d'une bordure d'or.
Son toit
Cet autel-là était pourvu d’un toit, tandis que celui des holocaustes n’en avait pas. Mais on en remplissait la cavité intérieure de terre lors de chaque étape
Une corniche d’or
Symbole de la couronne du sacerdoce (Yoma 72b)
30,4
Tu y adapteras deux anneaux d'or au-dessous de la bordure, à ses deux parois, les plaçant de part et d'autre: ils donneront passage à des barres qui serviront à le porter.
Ses côtés (tsal‘othaw)
Le mot tsèla’ possède ici le sens d’angle, ainsi que le rend le Targoum Onqelos. Etant donné qu’il est écrit ensuite : « sur ses deux faces », cela signifie : les deux angles qui sont sur deux côtés
Ce sera
La confection de ces anneaux sera
Des réceptacles pour les barres
L’anneau servira de réceptacle pour recevoir la barre
30,5
Tu feras ces barres de bois de chittîm et tu les recouvriras d'or.
30,6
Tu placeras cet autel devant le voile qui abrite l'arche du Statut, en face du propitiatoire qui couvre ce Statut et où je communiquerai avec toi.
Devant le propitiatoire
Peut-être diras-tu : légèrement décalé par rapport à l’arche, vers le nord ou vers le sud. Aussi est-il écrit : « devant le propitiatoire », exactement en face de l’arche, mais en dehors du voile
30,7
C'est sur cet autel qu'Aaron fera l'encensement aromatique. Chaque matin, lorsqu'il accommodera les lampes, il fera cet encensement,
Quand il nettoiera (behétivo)
Le mot hétiv signifie ici : nettoyer les coupelles de la menora, en enlevant la cendre laissée par les mèches qui ont brûlé pendant la nuit. Et on les nettoyait chaque matin
Les lumières (néroth)
En français médiéval : « luces ». Tel est le sens qu’il convient de donner au mot néroth toutes les fois qu’il est employé à propos de la menora, sauf lorsqu’il est question de « faire monter », auquel cas il s’agit de l’allumage
30,8
et lorsque Aaron allumera les lampes vers le soir, il le fera encore: encensement quotidien devant l'Éternel, dans toutes vos générations.
Et lorsqu’il fera monter
Lorsqu’il les allumera pour en faire monter la flamme
Il le fera fumer
Il fera fumer chaque matin une moitié de l’encens, et une moitié vers le soir (Kerithoth 6b)
30,9
Vous n'y offrirez point un parfum profané, ni holocauste ni oblation et vous n'y répandrez aucune libation.
Vous ne ferez pas monter sur lui
Sur cet autel
Un encens profane
Aucun encens provenant d’offrandes volontaires. Ils lui sont tous « profanes », sauf celui-ci
Et un holocauste et une oblation
Ni holocauste ni oblation. L’holocauste consiste à offrir un animal ou un oiseau, l’oblation à offrir du pain
30,10
Aaron en purifiera les cornes une fois l'année; c'est avec le sang des victimes expiatoires, une seule fois l'année, qu'on le purifiera dans vos générations. Il sera éminemment saint devant l'Éternel."
Aharon fera propitiation
En mettant du sang
Une fois dans l’année
Le jour des pardons. C’est ce qui est écrit : « Il sortira vers l’autel qui [est] devant Hachem, il fera propitiation sur lui… » (Wayiqra 16, 18)
L’expiatoire des pardons
C’est le taureau et le bouc du jour des pardons, qui font expiation pour l’impureté du sanctuaire et de ses offrandes saintes (Chevou‘oth 2a)
Un saint des saints
C’est pour ces objets-là que l’autel est consacré, et non pour un autre service
30,11
L'Éternel parla à Moïse en ces termes:
30,12
"Quand tu feras le dénombrement général des enfants d'Israël, chacun d'eux paiera au Seigneur le rachat de sa personne lors du dénombrement, afin qu'il n'y ait point de mortalité parmi eux à cause de cette opération.
Quand tu élèveras
Le verbe nasso a ici le sens de : « recevoir », ainsi que le rend le Targoum Onqelos. Quand tu voudras « recevoir » le total de leur compte, pour savoir combien ils sont, ne les dénombre pas « par tête », mais chacun donnera un demi-chèqel. Tu compteras les cheqalim, et ainsi sauras-tu leur nombre
Et il n’y aura pas en eux de frappe quand on les dénombrera
Car un recensement est assujetti au « mauvais œil », et la peste vient à éclater, comme nous le verrons à l’époque de David (II Chemouel 24, 10 à 15)
30,13
Ce tribut, présenté par tous ceux qui seront compris dans le dénombrement, sera d'un demi-sicle, selon le poids du sanctuaire; ce dernier est de vingt ghéra, la moitié sera l'offrande réservée au Seigneur.
Ceci donneront-ils
Il lui a montré comme la forme d’une monnaie de feu, d’un poids d’un demi-chèqel, et Il lui a dit : « Comme “ceci” donneront-ils ! » (Chemoth raba)
Passe pour le dénombrement
Ceux qui procèdent à un dénombrement ont pour habitude de faire passer les recensés l’un après l’autre, comme dans : « tout ce qui “passera” sous la houlette » (Wayiqra 27, 32), ou dans : « le petit bétail “passera” par [les mains de] celui qui [le] compte » (Yirmeya 33, 13)
Un demi-chèqel selon le chèqel du sanctuaire
Selon le poids que je t’ai prescrit de peser pour les cheqalim du sanctuaire, comme ceux dont il est question à propos des estimations pour le sanctuaire et des champs patrimoniaux (Wayiqra 27)
Vingt guéra par chèqel
Le texte t’indique maintenant combien il représente
Guéra
Le mot guéra a le même sens que ma‘a (« menue monnaie ») en araméen. Il en est de même dans : « Quiconque sera laissé dans ta maison viendra se prosterner pour une menue pièce (agoura) d’argent et un morceau de pain » (I Chemouel 2, 36)
Vingt guéra par chèqel
Le chèqel complet vaut quatre zouz. Et le zouz valait initialement cinq ma‘a. Mais on a ajouté un sixième à sa valeur, laquelle a atteint six ma‘a d’argent (Bekhoroth 50a). C’est la moitié de ce chèqel-là dont je t’ai dit qu’ils l’apporteront en « offrande prélevée à Hachem »
30,14
Quiconque fera partie du dénombrement depuis l'âge de vingt ans et au-delà doit acquitter l'impôt de l'Éternel.
Depuis l’âge de vingt ans et au-dessus
On t’apprend ici qu’à moins de vingt ans l’on n’est pas incorporable dans l’armée et que l’on ne compte pas parmi les « hommes »
30,15
Le riche ne donnera pas plus, le pauvre ne donnera pas moins que la moitié du sicle, pour acquitter l'impôt de l'Éternel, à l'effet de racheter vos personnes.
Pour le pardon de vos âmes
Pour que vous ne soyez pas frappés pour avoir été dénombrés. Autre explication de : « pour le pardon de vos âmes » – le texte fait ici allusion à trois « prélèvements » (Meguila 29b), l’expression : « offrande prélevée de Hachem » y figurant à trois reprises (versets 13, 14 et 15). Le premier de ces prélèvements concerne les socles. Il s’applique au recensement qui a eu lieu au début des offrandes pour le tabernacle, lorsque chacun a donné un demi-chèqel, soit un total de cent kikar, comme il est écrit : « Et l’argent produit du recensement de l’assemblée fut de cent kikar » (infra 38, 25), et de cet argent on a fait des socles, comme il est écrit : « Il y eut cent kikar d’argent pour fondre les socles du sanctuaire et les socles du voile, cent socles pour cent kikar, un kikar par socle » (infra 38, 27). Le deuxième s’applique aussi à un recensement, celui qui a eu lieu après l’édification du tabernacle et dont il est question au début du livre de Bamidbar, « au premier du deuxième mois dans la deuxième année » (Bamidbar 1, 1). Chacun a alors donné un demi-chèqel, destiné à l’achat, d’année en année, des sacrifices offerts par toute la communauté. Les pauvres et les riches y ont pris la même part. C’est au sujet de ce prélèvement-là qu’il est écrit : « pour le pardon de vos âmes », car les sacrifices étaient offerts en expiation. Le troisième s’applique à l’édification du tabernacle, comme il est écrit : « Tous ceux qui offraient une offrande prélevée d’argent et de cuivre… » (infra 35, 24). Ce troisième prélèvement n’était pas le même pour tous, mais chacun a offert selon la générosité de son cœur
30,16
Tu recevras des enfants d'Israël le produit de cette rançon et tu l'appliqueras au service de la Tente d'assignation et il servira de recommandation aux enfants d'Israël devant le Seigneur pour qu'il épargne vos personnes."
Tu le donneras pour le service de la tente d’assignation
On apprend ainsi que l’ordre de les dénombrer a été donné quand on a commencé d’apporter les offrandes destinées à la construction du tabernacle, après l’épisode du veau d’or, car l’épidémie s’attaquait à eux, comme il est écrit : « Hachem frappa le peuple » (infra 32, 35). Cela ressemble à un troupeau aimé de son maître, sur lequel s’est développée une épidémie. Lorsqu’elle a fini par cesser, il dit au berger : « Compte s’il te plaît mon troupeau, et sache combien il en reste ! » Cela lui montre qu’il l’aime. Et il est impossible que ce recensement-ci soit le même que celui dont il est question dans le livre de Bamidbar. Il est écrit, en effet, à propos de ce recensement-là : « au premier du deuxième mois… » (Bamidbar 1, 1). Or, le tabernacle a été édifié le premier jour du premier mois, comme il est écrit : « Le jour du premier mois, le premier jour du mois, tu dresseras le tabernacle… » (infra 40, 2). Et c’est avec le produit en cheqalim de ce recensement qu’ont été fabriqués les socles, comme il est écrit : « Il y eut cent kikar d’argent pour fondre les socles du sanctuaire » (infra 38, 27). D’où nous apprenons qu’il y a eu deux recensements : le premier au début de leurs offrandes, après le jour de Yom Kippour, la première année, et le second pendant la deuxième année, au mois de iyar, après que le tabernacle a été édifié. Sans doute allégueras-tu qu’il n’est pas plausible que ces deux recensements aient pu donner des résultats rigoureusement identiques, à savoir six cent trois mille cinq cent cinquante (603 550), tel étant le résultat donné ici (infra 38, 26) ainsi que dans Bamidbar : « Tous les dénombrés furent six cent mille et trois mille et cinq cents et cinquante » (1, 46). Or, ces recensements ont eu lieu dans deux années différentes, et il est impossible qu’il n’y ait pas eu, lors du premier, des hommes âgés de dix-neuf ans, et donc non dénombrés, qui auront atteint l’âge de vingt ans lors du second ! Réponse à cette question : En ce qui concerne l’âge des hommes, ils ont été recensés pendant la même année, mais cela a fait deux années en comptant par rapport à la sortie d’Egypte. Car on compte les années depuis la sortie d’Egypte à partir du mois de nissan, comme enseigné dans le traité Roch hachana (2b), et donc le tabernacle a été construit la première année et érigé la deuxième, celle qui a commencé le 1er nissan. En revanche, l’âge des gens est déterminé selon le compte des années du monde, qui commencent en tichri. Les deux recensements ont eu lieu, par conséquent, pendant la même année : le premier en tichri, après le jour de Yom Kippour où Hachem s’est réconcilié avec Israël, lui a pardonné et lui a ordonné de construire le tabernacle. Quant au second, il a eu lieu le 1er iyar
Pour le service de la tente d’assignation
Ce sont les socles qui ont été fabriqués avec cet argent
30,17
L'Éternel parla ainsi à Moïse:
30,18
"Tu feras une cuve de cuivre, avec son support en cuivre, pour les ablutions; tu la placeras entre la Tente d'assignation et l'autel et tu y mettras de l'eau.
Une cuve
Une sorte de grande cuve, pourvue de robinets qui répandaient l’eau par leurs ouvertures
Et son support
Comme le rend le Targoum Onqelos : un « piédestal » aménagé pour accueillir la cuve
Pour se laver
Ce mot se rapporte à la cuve
Et entre l’autel
L’autel des holocaustes, dont il est écrit qu’il se trouve « devant l’entrée du tabernacle de la tente d’assignation » (infra 40, 6). La cuve était légèrement décalée, et elle était placée face à l’intervalle qui séparait l’autel du tabernacle, sans être toutefois située entre eux, comme il est écrit : « Et il plaça l’autel de l’holocauste à l’entrée du tabernacle de la tente d’assignation » (infra 40, 29), ce qui veut bien dire que c’était l’autel, et non la cuve, qui était devant la tente d’assignation. Comment cela ? Légèrement décalée vers le sud, comme cela nous est enseigné dans le traité Zeva‘him (59a)
30,19
Aaron et ses fils y laveront leurs mains et leurs pieds.
Leurs mains et leurs pieds
Simultanément, comme cela nous est enseigné dans le traité Zeva‘him (19b) : « Comment procédait-on pour sanctifier [laver] ses mains et ses pieds ? On plaçait sa main droite sur son pied droit, et sa main gauche sur son pied gauche, et on les lavait.
30,20
Pour entrer dans la Tente d'assignation, ils devront se laver de cette eau, afin de ne pas mourir; de même, lorsqu'ils approcheront de l'autel pour leurs fonctions, pour la combustion d'un sacrifice en l'honneur de l'Éternel,
A leur venue vers la tente d’assignation
Pour offrir l’encens du matin et celui du soir, ou pour asperger le sang du bœuf offert par le kohen qui a reçu l’onction, et les boucs expiatoires pour l’idolâtrie (Torath kohanim parachath Chemini et Zeva‘him 19b)
Et ils ne mourront pas
Si donc ils ne se lavent pas, ils mourront (Sanhèdrin 83a et b), car la Tora pose des principes, et d’une négation tu peux déduire une affirmation
De l’autel
Celui situé à l’extérieur, par lequel on n’a pas à entrer dans la tente d’assignation, mais seulement dans le parvis
30,21
ils se laveront les mains et les pieds, pour ne pas mourir. Ce sera une règle constante pour lui et pour sa postérité, dans toutes leurs générations."
Et ils ne mourront pas
Cette répétition a pour but de rendre passible de la peine de mort celui qui effectue le service sur l’autel extérieur sans s’être lavé les mains et les pieds. Car la précédente allusion à la peine de mort (verset 20) ne s’appliquait qu’à celui qui entre à l’intérieur du sanctuaire
30,22
L'Éternel parla ainsi à Moïse: "
30,23
Tu prendras aussi des aromates de premier choix: myrrhe franche, cinq cents sicles; cinnamone odorant, la moitié, soit deux cent cinquante; jonc aromatique, deux cent cinquante,
Des aromates de premier choix (littéralement : « de tête »)
Excellents
Du cinnamome aromatique
Etant donné que le cinnamome est une écorce d’arbre, il y en a du bon, dont l’odeur et le goût sont agréables, et il y en a qui n’est que du bois. D’où la nécessité de préciser : cinnamome « aromatique », c’est-à-dire du meilleur
Sa moitié : cinquante et deux cents
La moitié de ce qu’on en apportera sera de deux cent cinquante, soit un total de cinq cents, autant que de myrrhe. Dans ce cas, pourquoi parler ici de : « moitié » ? Il s’agit d’une loi correspondant à la volonté pure du texte, qui veut qu’on l’apporte en deux moitiés, et ce de manière à en avoir davantage en deux pesées, car on ne pèse pas chaque fois exactement, mais toujours un peu plus, comme enseigné au traité Kerithoth (5a)
Et du jonc aromatique
Du jonc qui a du parfum. Car il existe des joncs dépourvus de parfum, d’où la nécessité de préciser : « aromatique »
Deux cent cinquante
C’est l’indication du poids total
30,24
enfin casse, cinq cents sicles au poids du sanctuaire; puis de l'huile d'olive, un hîn.
Et de la casse
C’est le nom de la racine d’une plante, appelée qetsi‘a dans le langage des Sages (Ma‘asroth 2, 7)
Un hin
Soit douze log. Les Sages d’Israël sont en désaccord : Rabi Méir enseigne qu’on y faisait bouillir les racines. Rabi Yehouda lui a objecté : « Mais même pour en frotter les racines, la quantité n’y suffirait pas ! » (Horayoth 11b). Mais on commençait par les faire tremper dans de l’eau afin qu’elles n’absorbent pas d’huile. Puis on y répandait l’huile jusqu’à ce qu’elle en eût recueilli le parfum, après quoi on essuyait l’huile de sur les racines (Voir Horayoth 11b, Kerithoth 5a – Yerouchalmi Cheqalim 6, 1)
30,25
Tu en composeras une huile pour l'onction sainte, manipulant ces aromates à l'instar du parfumeur: ce sera l'huile de l'onction sainte.
Une composition (roqa‘h) aromatique (merqa‘hath)
Le mot roqa‘h est un substantif, ainsi qu’en témoigne l’accent tonique, lequel est sur l’avant-dernière syllabe. Il en est donc comme dans : rèqa‘h (« aromatique » – Chir hachirim 8, 2), règa’ (« instant » – infra 33, 5), et non comme dans : roga’ (« qui agite » – Yecha’ya 51, 15), ou dans : roqa’ (« qui déploie » – Yecha’ya 42, 5), où l’accent tonique est sur la dernière syllabe. Et tout ce qui est mélangé avec autre chose, au point de s’imprégner de son odeur ou de son goût, s’appelle merqa‘hath
Une composition aromatique
C’est une composition obtenue par savoir-faire et par mélange
Un ouvrage de parfumeur (roqèa‘h)
Le mot roqèa‘h désigne l’artiste en la matière
30,26
Tu en oindras la Tente d'assignation, puis l'arche du Statut;
Tu en oindras
Toutes les onctions se faisaient sous la forme d’un khi grec, à l’exception de celles des rois qui étaient en forme de couronne (Horayoth12a)
30,27
la table avec tous ses accessoires, le candélabre avec les siens; l'autel du parfum;
30,28
l'autel aux holocaustes avec tous ses ustensiles et la cuve avec son support.
30,29
Tu les sanctifieras ainsi et ils deviendront éminemment saints: tout ce qui y touchera deviendra saint.
Tu les consacreras
Cette onction les consacre, pour les rendre porteurs d’une « sainteté majeure ». Et en quoi leur sainteté consiste-t-elle ? « Tout ce qui y touche sera saint. » Tout ce qui peut être entreposé dans un ustensile sacré, dès qu’il y a pénétré, acquiert une sainteté personnelle. C’est ainsi qu’il deviendra inapte au service sacré s’il est sorti du sanctuaire, où s’il passe la nuit sans avoir été placé sur l’autel, ou s’il est entré en contact avec un tevoul yom (homme en état d’impureté qui s’est immergé le même jour dans le bain rituel, mais qui ne retrouvera son état de pureté qu’au coucher du soleil). Et il ne peut être racheté pour être employé à une utilisation profane. En revanche, ce qui ne peut pas être entreposé dans un ustensile sacré, on ne peut pas le rendre saint (Zeva‘him 87a). C’est ce que nous enseigne la michna (V. Zeva‘him 83b) à propos de l’autel. De ce qu’il est écrit : « tout ce qui touche à l’autel sera saint » (supra 29, 37), je déduis que cela s’applique à ce qui peut être offert sur l’autel comme à ce qui ne le peut l’être. Aussi est-il écrit : « des agneaux » (supra 29, 38) : de même que les agneaux peuvent être présentés sur l’autel, de même s’agit-il de toute chose qui peut l’être. Toutes les fois que le texte parle d’une « onction » à propos du tabernacle, des kohanim ou des rois, le Targoum Onqelos emploie le mot ribouï (« investiture dans une dignité »), car ils n’ont besoin de leur onction que pour marquer leur dignité. C’est le Roi qui en a ainsi décidé, en ordonnant que ce soit là leur manière d’inaugurer leur haute fonction. Dans les autres cas d’onction, en revanche, comme lorsqu’il s’agit de galettes de matsoth ointes d’huile (supra 29, 2) ou de personnes qui s’enduisent d’huile (‘Amos 6, 6), le mot araméen est le même qu’en hébreu
30,30
Tu en oindras aussi Aaron et ses fils et tu les consacreras à mon ministère.
30,31
Quant aux enfants d'Israël, tu leur parleras ainsi: Ceci sera l'huile d'onction sainte, en mon honneur, dans vos générations.
Pour vos générations
D’où l’enseignement de nos maîtres : Cette huile se conservera entièrement pour les temps à venir (Horayoth 11b)
Ceci (zè)
La guematria [valeur numérique des lettres] du mot zè est douze, correspondant à douze log (Kerithoth 5b)
30,32
Elle ne doit point couler sur le corps du premier venu et vous n'en composerez point une pareille, dans les mêmes proportions: c'est une chose sainte, elle doit être sacrée pour vous.
Elle ne sera pas versée (lo yissakh)
Le mot yissakh est écrit avec deux yod. Il est donc au mode passif, comme dans yitav (« qu’il te soit fait du bien » – Devarim 6, 18)
On n’en versera pas sur la chair d’un homme
De cette huile même
Et dans sa formule vous n’en ferez pas comme elle
Vous n’en ferez pas d’autre comme elle en respectant la même composition et en mêlant les mêmes quantités d’épices avec un hin d’huile. Mais il est permis de mélanger des quantités différentes d’épices, en plus ou en moins, avec un hin d’huile. Quant à l’huile qui aura été confectionnée selon cette formule-là, ce n’est pas celui qui s’en versera qui sera passible de châtiment, mais celui qui l’aura composée (Kerithoth 5a)
Et dans sa formule (ouvemathkounto)
Le mot mathkounto exprime l’idée de quantité, comme dans : « Et la quantité (mathkoneth) de briques… » (supra 5, 8). C’est le même mot qui est employé pour l’encens (verset 37)
30,33
Celui qui en imitera la composition, ou qui en appliquera sur un profane, sera retranché de son peuple."
Et qui en donnera
De celle qui a été faite par Mochè (Kerithoth 5a)
Sur un profane
Qui n’en aura pas besoin pour le sacerdoce ou pour la royauté
30,34
L'Éternel dit à Moïse: "Choisis des ingrédients: du storax, de l'ongle aromatique, du galbanum, divers ingrédients et de l'encens pur; le tout à poids égal.
Du storax (nataf)
Il s’agit du baume (tsari). Et comme ce n’est qu’une résine qui « coule goutte à goutte » (hanotef) des baumiers (Kerithoth 6a), on l’appelle nataf, et en français : « gomme ». Quant au tsari, on l’appelle : « theriake »
Et de l’ongle aromatique (tsiporèn)
C’est la racine d’une plante aromatique, lisse et brillante comme l’ongle (Kerithoth 6a). Dans la langue de la michna on l’appelle tsiporèn (« ongle »), et le Targoum Onqelos la rend par toufra (« ongle »)
Et du galbanum
C’est une essence qui dégage une mauvaise odeur et que l’on appelle : « galbana ». Le texte l’a inclus dans la composition de l’encens afin de nous apprendre à ne pas tenir pour indigne de nous, dans nos réunions de jeûnes et de prières, la présence de pécheurs d’Israël, lesquels doivent au contraire être comptés comme étant des nôtres (Kerithoth 6b)
Des épices
D’autres essences
Et de l’oliban pur
D’où l’enseignement suivant de nos maîtres : Onze variétés d’essences ont été prescrites à Mochè au Sinaï. En effet, le minimum du pluriel de : « épices » est deux, plus les trois espèces constituées par « le storax, l’ongle aromatique et le galbanum », cela fait cinq. La répétition dans le même verset du mot : « épices », cela fait dix. Et : « de l’oliban », cela fait onze. En voici la liste : le baume, l’ongle aromatique, le galbanum, l’oliban, la myrrhe, la casse, le spic à nard et le safran. Le spic et le nard ne forment qu’une seule espèce, car le nard ressemble au spic. Le costus, l’écorce aromatique et le cinnamome, cela fait onze. La soude de vesce n’était pas brûlée comme encens, mais elle servait à polir et à blanchir l’ongle aromatique afin de l’embellir (Kerithoth 6b)
Ce sera poids (bad) à poids
Les quatre espèces énumérées ici seront à poids égaux, le poids de l’une sera le même que celui de l’autre. C’est ce que l’on nous apprend : « Le baume, l’ongle aromatique, le galbanum et l’oliban, leur poids est de soixante-dix manè chacun. » (Kerithoth 6a). Le mot bad me semble avoir le sens de : « seul » : ils seront « seul à seul », l’un égal à l’autre
30,35
Tu en composeras un parfum, manipulé selon l'art du parfumeur; mixtionné, ce sera une chose pure et sainte.
Mélangé (memoula‘h)
Ainsi que le rend le Targoum Onqelos. Il fallait soigneusement mélanger l’une à l’autre les poudres obtenues par pilage. Le mot memoula‘h possède, à mon avis, la même signification que dans : « les matelots (hamala‘him) eurent peur » (Yona 1, 5), ou dans : « tes marins (malla‘hayikh) et tes pilotes » (Ye‘hezqel 27, 27). On les appelle ainsi parce qu’ils « retournent » les eaux avec les rames quand ils font avancer le bateau. C’est comme celui qui retourne à la cuiller des œufs battus pour les mélanger avec de l’eau. Tout ce que l’on veut très bien mélanger, on le « retourne » avec le doigt ou une cuiller
Mélangé
Il sera « mélangé », il sera « pur », il sera « chose sainte »
30,36
Tu le réduiras en poudre fine et tu en poseras devant le Statut, dans la Tente d'assignation, où je communiquerai avec toi; ce sera pour vous une chose éminemment sainte.
Tu en donneras…
Il s’agit de l’encens que l’on faisait brûler chaque jour sur l’autel intérieur qui se trouvait dans la tente d’assignation
Là où je te rencontrerai
Toutes les rencontres que je te fixerai, je le ferai à cet endroit-là
30,37
Ce parfum que tu composeras, vous n'en ferez point un semblable pour votre usage: ce sera pour toi une chose sacrée, réservée au Seigneur.
Dans sa formule
Selon la quantité des épices qui le composent
Il te sera chose sainte pour Hachem
En ce que tu n’en feras qu’à mon intention
30,38
Quiconque en fera un pareil pour en aspirer l'odeur, sera retranché de son peuple."
Pour en sentir
Mais tu peux en faire selon sa formule avec tes épices s’il s’agit de le vendre pour les besoins de la communauté (Kerithoth 5a)
Pour faire monter l’émanation de la fumée de l’encens