Après avoir évoqué la rencontre entre Its'hak et Rivka à la fin de la Paracha de la semaine de dernière, la Sidra de cette semaine fait état dans ses premiers versets de la stérilité de Rivka qui ne parvient pas à donner de descendance à Its'hak durant leurs vingt premières années de mariage.
Cette stérilité était l’objet d’une grande souffrance et donnait lieu à des prières d’une grande intensité pour susciter la miséricorde divine. La Torah nous précise que « Itsh’ak implora la miséricorde divine… et il fut exaucé ».
Notre tradition fait remarquer que le texte biblique semble dire que c’est sa prière à lui qui a été exaucée en premier. Rachi souligne à cet égard que la prière d’un « Tsadik fils de Tsadik » a plus de poids que celle d’un « Tsadik fils de Racha’ » ( Its'hak était le fils d’Avraham, alors que Rivka était la fille de Béthouel). Nous pouvons trouver dans cette référence une première justification aux bénédictions sollicitées, de nos jours encore, auprès des grandes dynasties de Tsadikim.
Toutefois, notre tradition tire également de cet épisode un enseignement central en matière de « Ahavat Israël » : l’importance de « prier pour son prochain ». En effet, lorsqu’une personne a une requête à adresser à l’Éternel, il est fondamental qu’elle prie elle-même pour ce qu’elle désire obtenir, mais il est très important aussi que son entourage (famille, amis, visiteurs…) prie pour elle.
C’est ainsi que « prier pour le rétablissement, la guérison d’un malade » fait partie de la Mitsva de « Bikour 'Holim » « rendre visite aux malades ». Nos Sages recommandent même de rendre visite aux malades de préférence à certaines heures de la journée afin que nos prières soient les plus efficaces possibles. Dans son livre Ahavat 'Hessed, le Hafets Haïm précise que, dans la mesure du possible, il ne faut pas se rendre trop tôt dans la journée car les effets de la maladie sont souvent estompés et on pourrait être faussement rassuré et prier avec peu de ferveur ; inversement, se rendre à une heure trop tardive chez un malade risque de nous décourager de prier tant la fatigue du malade peut être exacerbée par la journée qui s’est écoulée.
De manière plus générale, la Torah nous recommande de développer en nous la sensibilité, l’empathie aux épreuves endurées par nos prochains et d’être « nossé ‘ol » de « partager avec eux le fardeau » qu’ils doivent supporter. Lorsque le poids d’une charge est partagé à plusieurs, son intensité est amoindrie aussi bien du point de vue matériel que moral et psychologique.
Cette « Midda » (trait de caractère) est caractéristique des grands Tsadikim qui ressentent avec une acuité toute particulière la souffrance de ceux qui les sollicitent.
Concluons sur deux histoires racontées à propos de Rav 'Ovadia Yossef zatsal. Alors qu’il était sur le point de rentrer dans le bloc opératoire pour une opération importante et lourde, le Rav demanda à son fils de lui amener un papier et un stylo , et il s’empressa de rédiger une note assez longue et détaillée. Au sortir de l’opération qui, Baroukh Hachem, s’était bien passée, son fils l’interrogea : « Papa, pourquoi tenais-tu tant à écrire avant l’opération ? » « Mon fils, je cherchais depuis longtemps un moyen conforme à la Halakha pour libérer une femme qui m’avait consulté de son statut d’Agouna (impossibilité de se remarier pour des femmes dont le mari a disparu), et j’avais enfin trouvé. Ne sachant pas quelle seraient les suites de l’opération, je ne voulais pas laisser cette femme sans solution ».
La belle-fille de Rav 'Ovadia Yossef raconte qu’elle avait évoqué avec son beau-père un examen important qu’elle devait subir 3 jours plus tard. Le lendemain matin, elle constata que le lit du Rav n’était pas défait. Et il en fut de même les deux jours suivants. Finalement, les résultats furent par miracle positifs, et elle se rendit chez Rav 'Ovadia Yossef pour lui apprendre la bonne nouvelle. Le Rav se réjouit grandement, et elle ajouta : « Puis je vous poser une question ? Comment se fait-il que votre lit n'ait pas été défait ces trois derniers jours ? » Et Rav 'Ovadia Yossef zatsal de lui répondre : « Ma fille, lui dit-il avec une grande émotion, j’avais demandé à Hachem que le mérite de mon étude jour et nuit de ces trois jours te soit crédité pour que tu aies des résultats positifs et une guérison complète ! »