Chaque mercredi, retrouvez les aventures de Eva, célibattante parisienne de 30 ans… Super carrière, super copines. La vie rêvée ? Pas tant que ça ! Petit à petit, Eva découvre la beauté du judaïsme et se met à dessiner les contours de sa vie. Un changement de vie riche en péripéties… qui l’amèneront plus loin que prévu !
Dans l'épisode précédent : A la suite d’un cours de Torah inattendu, Eva est toute chamboulée. Elle ne s’attendait pas à ce que le rabbin par ses mots vienne remettre en cause son mode de vie si fortement...
“Eva ? Vous êtes avec nous ?” Aïe, ça m’avait repris ! Impossible de rester concentrée et mon responsable venait de me rappeler à l’ordre devant tout le monde ! Ces dernières semaines, ces “absences” étaient apparues en tout lieu et à toute heure : dans le métro, au travail, avec les copines… (qui d’ailleurs étaient persuadées que c’était un nouvel amoureux qui occupait mes pensées).
La vérité, c’est que la soirée chez Guila m’avait profondément marquée ! Depuis, je n’arrêtais pas de tout passer à la moulinette dans ma tête. Jusqu’à ces dernières semaines, mes seules ambitions dans la vie étaient de réussir dans ma carrière (je rêvais un jour de créer ma propre agence d’événementiel) et de convaincre David (allergique à toute forme d’engagement) que j’étais la femme de sa vie.
Aux grands maux les grands remèdes ! Je me souvins qu’à la fin du cours de Torah, Guila m’avait proposé de revenir pour discuter avec elle. Peut-être que son ressenti sur cette soirée m’aiderait à y voir plus clair ? Quand je quittais le bureau en début de soirée, je n’avais pas la force d’appeler Karen et les autres pour annuler ma présence au restaurant (surtout que je ne savais même pas quelle raison leur donner), donc je me défilais à l’aide d’un sms et je me mis en route pour la maison.
J’allai directement à l’étage de Guila et je sonnais à sa porte, mais personne ne m’ouvrit. J’attendis quelques minutes, mais c’était le silence complet. Déçue, je faisais demi-tour quand Guila sortit de l’ascenseur : “Oh Eva ! Quelle bonne surprise ! Comment vas-tu ?
- Salut Guila, ça va et toi, tu rentres du travail ?” Comme d’habitude, elle était tout sourire.
“Non ! Figure-toi que j’étais à mon cours de préparation au mariage !
- Woaw ! Félicitations, je ne savais pas que tu allais te marier, c’est pour quand ?
- Dans moins de 6 mois. Viens entre, on va papoter à la maison ! Comment vas-tu au fait depuis la dernière fois qu’on s’est vues ?”
Autant être honnête avec elle (après tout, c’était pour ça que j’étais venue la voir) : “Eh ben je suis complètement larguée ! Depuis le cours de Torah et les paroles du rabbin, je n’arrête pas de me dire que je passe à côté de quelque chose, comme si ma vie était remplie, mais vide en même temps”.
Je n’étais pas sûre que Guila m’ait comprise, moi-même je n’arrivais pas à articuler mes pensées. Au bout d’un long moment de silence, elle me dit avec beaucoup de douceur : “Peut-être que tu devrais faire de nouvelles expériences ?
- Expériences ? Tu me fais un peu peur, Guila ! A quelles expériences tu penses au juste ?
- As-tu déjà fait Chabbath ?, me demanda-t-elle.
- Bah oui ! Les vendredis soir où je vais chez mes parents, mon père fait le Kiddouch et la prière sur le pain et on dîne en famille.
- Ok, mais as-tu déjà expérimenté un Chabbath de A à Z ? C’est-à-dire qu’en dehors du repas et du Kiddouch, tu t’abstiens de travailler, de toucher ton téléphone, de faire tous les autres travaux interdits et tu te concentres sur le Chabbath ?”
A cet instant, je réalisais que non, ça ne m’était jamais arrivé de lâcher mon téléphone, sauf le jour de Kippour, soit… 1 jour sur 365 !
Et là, Guila me fit une proposition folle : “Et si… Chabbath qui vient, tu éteignais ton téléphone et qu’à la place, tu m’accompagnais à la synagogue ? Peut-être que ça te changerait les idées ?”
De retour chez moi après cette soirée improvisée, je partis me coucher... toujours dans cet état de confusion. Mais au moins, j’avais passé un bon moment avec Guila ! C’était super d’en apprendre plus sur elle et sur ses fameux cours de préparation au mariage.
Le lendemain, j’étais étonnamment plus motivée que la veille et pour finir de me convaincre, je me disais : “Au pire, je rallumerai mon téléphone, qu’est-ce que je risque ?”
On était déjà vendredi et j’avais reçu le matin un message trop mignon de Guila qui me disait à quelle heure commençait Chabbath et à quelle heure on partirait pour la synagogue le vendredi soir.
A l’heure indiquée par Guila, un peu fébrile, je mis mon téléphone sur mode “avion” et je le rangeais dans un tiroir (pour ne pas être tentée). J’avais quelques minutes d’attente avant d’aller la chercher et je m’assis pour lire un peu (ce que je ne faisais plus jamais). Quand Guila frappa à ma porte, je sursautais ! C’était un moment de calme et de détente tellement agréable que je n’avais pas vu l’heure passer.
Arrivées à la synagogue, je dois dire que j’étais un peu mal à l’aise : quoi faire, quoi dire ? Je me sentais comme dans un pays étranger. Heureusement que Guila était avec moi ! On aurait dit qu’elle l’avait pressenti : elle me guida jusqu’à nos places et me tendit un livre. Enorme ! Le livre était en phonétique ! Moi qui redoutais de ne rien suivre et d’avoir l’air d’une intruse... En plus, Guila m’expliqua chacune des prières. Du coup, je me concentrais sur les airs et sur la beauté qui s’en dégageait, surtout celui du chant d’amour sincère adressé à D.ieu.
Moi qui appréhendais ce moment, c’était passé en un éclair et déjà j’embrassais Guila et lui donnais rendez-vous le lendemain matin ! Après la synagogue, je partis dîner chez ma tante qui habitait à quelques rues de là. Je me sentais si sereine, comme prise dans une bulle de douceur. Je passais un bon moment avec elle, qui d’ailleurs avait remarqué l’absence de mon portable et qui me glissa à l’oreille, en me raccompagnant après le dîner, que c’était agréable pour une fois de me trouver 100% présente. C’est drôle ! Je n’avais pas pensé à mon téléphone une seule fois. Je me sentais plus légère et je n’avais qu’une hâte : retourner le lendemain à la synagogue avec mon amie Guila.
Le samedi matin, je retrouvais de nouveau ma voisine super élégante et très apprêtée. Cette fois-ci, il y avait bien plus de femmes que la veille à la synagogue et j’étais un peu intimidée, mais j’en vis certaines qui me souriaient et ça suffit à mettre fin à mes appréhensions matinales... De nouveau, Guila me guida à travers les différentes prières et me raconta la section de Torah de la semaine (la Paracha). Le rabbin fit même un discours qui reprenait ce que m’avait expliqué Guila. C’était si profond ! A la fin de cette matinée de prières, j’étais subjuguée par le rayonnement de toutes les personnes présentes qui se souhaitaient Chabbath Chalom !
En éteignant mon téléphone, je ne m’étais pas rendue compte que je me coupais du bruit environnant. Je le racontais à Guila sur le chemin du retour et elle me dit avec un grand sourire : “Ça t’a permis d’entendre la Voix d’Hachem Qui nous demande de Lui consacrer une journée hors du temps...”
C’était fou ! J’avais toujours cru en D.ieu mais pour la première fois, je Le ressentais à mes côtés, et c’était une sensation si forte et enveloppante. Comme si une grande sérénité m’avait envahie. Je me surpris moi-même samedi soir à retarder le moment où je rallumerais le téléphone…
Une avalanche de messages m’attendaient dont celui de David (!) envoyé vendredi soir : “Tu sors ?”
La suite la semaine prochaine...