La Paracha de cette semaine évoque un certain nombre de Korbanot et le Ramban, dans la Parachat Vayikra[1], écrit que les sacrifices[2] servaient principalement à faire reconnaitre la gravité de la faute ; les actions que l’on effectue sur l’animal montrent ce que l’individu aurait mérité recevoir. Le Ramban affirme que l’individu aurait dû mourir à cause de sa faute et l’animal le « remplace » ; ce processus sert de Kapara (expiation) pour les fautes de l’homme.

« Hachem enjoint à l’homme qui commet une faute d’apporter un Korban ; il doit poser ses mains sur la bête – allusion à son acte, et avouer avec sa bouche – ce qui correspond à la parole – puis brûler l’intérieur et les reins qui sont le siège des pensées et des désirs. Les entrailles correspondent aux mains et aux pieds de l’homme qui les utilise pour agir. Puis il jette le sang sur l’autel, ce qui correspond à son sang, à son essence. Ceci, afin que l’homme réfléchisse, quand il approche son Korban, et qu’il réalise qu’il a fauté contre D. avec son corps et son âme ; son sang aurait dû être versé et son corps brûlé, si ce n’est la bonté du Créateur qui prend le Korban à sa place pour expier la faute – le sang à la place du sang, la vie à la place de sa vie, la tête et les membres à la place des siens… »

Malheureusement, depuis la destruction du Temple, nous n’avons plus la possibilité d’apporter des sacrifices. Mais nos Sages enseignent que certaines Mitsvot sont considérées comme un Korban et octroient à la personne un mérite similaire. Par exemple, l’étude de la Torah revient à approcher plusieurs Korbanot. Il en est de même pour la prière[3]. Le Torat ’Hessed note que nos Sages emploient le terme « Kéilou – comme si ». La Mitsva est-elle véritablement considérée comme un Korban et octroyant les mêmes mérites ou est-ce juste une comparaison, mais sans être vraiment la même chose ? Cette question est sujette à débat[4].

Le Torat ’Hessed affirme, en citant le Ben Yéhoyada qu’une seule attitude équivaut vraiment, selon tous les avis, à l’expiation d’un Korban. « Quiconque faute et a honte de son acte est pardonné de toutes ses fautes »[5]. Preuve en est, quand le roi Chaoul eut honte d’évoquer Nov, la ville de Kohanim qu’il avait anéantie, et que le défunt prophète Chmouël lui apparut[6], ce dernier lui annonça qu’il mourrait le lendemain et qu’il serait « avec lui », c’est-à-dire aux côtés de Chmouël dans le Olam Haba. Cela montre bien que sa faute lui fut pardonnée, parce qu’il en avait honte.

Le Ben Yéhoyada rapporte une autre Guémara qui enseigne que le fait d’humilier quelqu’un revient à le tuer, parce que son sang quitte sa face et son visage blanchit. De même, quand un individu a honte de ses propres fautes, il vit la même sensation et est, en un sens, considéré comme s’il avait été tué. Puisque la mort expie toutes les fautes, cette personne est lavée de tous ses péchés[7], comme si elle était morte. Il est évident que de cette façon, l’expiation de la honte équivaut à l’expiation d’un Korban qui sert à réaliser que l’on aurait mérité la mort.

Le Torat ’Hessed précise qu’il ne s’agit évidemment pas d’une honte superficielle – n’importe qui peut être embarrassé par un mauvais comportement. On parle d’une honte qui implique une profonde réalisation du dommage causé par la faute, de la nécessité de se repentir. Le Chaaré Téchouva[8] explique que celui qui faute ressent la même honte que celui qui est humilié en public. Un tel niveau ne peut être atteint que si l’on réalise vraiment son erreur et que l’on prend conscience que les bienfaits prodigués par Hachem furent transformés en rébellion de notre part.

Il s’agit, bien sûr, d’un très haut niveau, très difficile à atteindre. Qui plus est, il y a un risque, dans les générations actuelles, que cette honte productive soit remplacée par un sentiment de culpabilité et de désespoir qui aura des conséquences négatives. Toutefois, nous apprenons que le fait de réaliser les dommages causés par la faute et d’avoir honte de s’être éloigné du Créateur, peut servir de vecteur à l’expiation des fautes et à l’amélioration de soi.

 

[1] Vayikra 1,9.

[2] On se focalise ici sur les sacrifices apportés à la suite d’une faute et non ceux approchés pour d’autres raisons.

[3] Voir Torat ’Hessed, Vayikra p. 38-40 pour d’autres exemples.

[4] Ibid. p. 37-48.

[5] C’est ce que Rav affirme dans la Guémara Brakhot 12b.

[6] Chmouël I, chap. 28.

[7] Voir la suite du Ben Yéhoyada qui ajoute que l’individu doit aussi faire Téchouva, c’est-à-dire suivre le processus habituel.

[8] Chaar 1,22.