« Puis, moi-même, Je désolerai cette terre, si bien que vos ennemis, qui l'occuperont, en seront stupéfaits. » (Vayikra 26,32.)
Rachi explique : Il est bien pour Israël, que les ennemis ne trouvent pas satisfaction de leur terre, puisqu’elle sera désolée pour ses habitants.
Le Ramban ajoute que durant tous les exils, notre Terre n’accepta pas nos ennemis. C’est une preuve que l’on ne trouvera nulle part ailleurs, une terre qui est aussi bonne et large, mais qui peut être tellement dévastée par ailleurs. Ceci, parce que dès lors que nous la quittons, elle n’accepte aucun autre peuple, aucune autre langue. Tous tentent de s’y installer, sans succès.
La Paracha de cette semaine décrit de terribles malédictions, dont celle à propos de la Terre qui restera désolée quand nos ennemis y résideront. Une lecture superficielle nous laisserait penser qu’il s’agit d’une mauvaise chose, mais nos Sages soulignent que c’est en fait un point positif. Rachi et le Ramban affirment que c’est une preuve de la Providence ; cette même Terre peut être incroyablement fertile quand le peuple juif y habite et totalement dévastée quand nous sommes en exil.
Le Rav Moché Sternbuch[1] développe cette idée ; à travers les siècles, les nations se sont battues pour la Terre, mais aucune n’a réussi à la cultiver avec succès. Cela prouve la véracité de la Torah ; cette prédiction ayant été faite il y a des milliers d’années, et s’étant réalisée.
À la Yéchiva Ech Hatorah, dans un cours intitulé « les Sept merveilles de l’histoire juive », on parle, entre autres choses, de l’interdépendance entre Erets Israël et le peuple juif. On y enseigne qu’Erets Israël fait partie d’une région appelée « Croissant fertile » en raison de sa productivité. Pourtant, dès que le peuple juif quitte la terre, elle se transforme en désert et aucune des nombreuses nations qui l’ont habitée n’a réussi à la cultiver. Voici d’ailleurs le témoignage de Mark Twain, lors de sa visite du pays en 1867.
« Nous avons parcouru plusieurs kilomètres du pays désolé, au sol assez riche, mais entièrement jonché de mauvaises herbes, comme une étendue silencieuse et morose. Une désolation que personne ne pourrait imaginer. Nous sommes arrivés à Tavor en toute sécurité. [Tavor est au nord, en Galilée, la partie la plus fertile de la terre.] Nous n’avons vu aucun être humain sur toute la route. Nous avons continué en direction de la célèbre Jérusalem. Plus nous avancions, plus le soleil devenait chaud, plus le paysage devenait rocheux et nu, répugnant et morne. Il n’y avait presque pas d’arbres ou d’arbustes nulle part. Même l’olivier et le cactus, ces amis rapides d’un sol ordinaire et sans valeur, avaient presque déserté le pays. Il n’existe aucun paysage plus fatigant à l’œil que celui qui entoure Jérusalem. Jérusalem est triste, morose et sans vie. Je ne voudrais pas vivre là-bas. »
Développant cette idée, le Mé Daat[2] note qu’à cette même époque, des agronomes anglais ont analysé le sol d’Erets Israël et ont conclu qu’il était impossible d’y cultiver quoi que ce soit, sauf peut-être des pommes de terre. Imaginez comment ils auraient réagi s’ils avaient vu la terre plusieurs décennies plus tard et s’ils avaient constaté que seul le peuple juif parvient à y cultiver toutes sortes de produits avec tant de succès, tandis que les zones appartenant à des non-Juifs en Erets Israël restent stériles.
Dans le fameux cours de la Yéchivat Ech Hatorah, on évoque ce phénomène et l'on demande :
« Est-ce que cela s’est déjà produit ailleurs dans le monde ? Les "hommes blancs" sont venus en Amérique et l’ont reprise des Indiens. Des champs de blé partout… La terre est-elle soudainement devenue un désert ? Bien sûr que non ! Cela ne fait aucune différence, qui vit dans le pays. Si une terre est fertile, elle est fertile ; si c’est un désert, c’est un désert. »
Lorsque nous discutons des « preuves » de la véracité de la Torah, on omet souvent ce point, mais il est très éloquent, et ce, pour deux raisons – l’histoire montre que cela ne s’est jamais produit nulle part ailleurs, et deuxièmement, c’est la Torah elle-même, qui l’a prédit. Seul un Texte dicté par D.ieu pourrait faire une prédiction si audacieuse et avec une telle assurance.
En plus de l’aspect « preuve » de ce phénomène, cela doit renforcer notre Émouna, notre foi en la Providence et en ce lien que nous avons avec la Terre.
[1] Ta'am Vada'at, rapporté par le Mé Daat, p. 200.
[2] Ibid., p. 201.