Après avoir traversé les 40 jours de Téchouva depuis le mois d’Eloul jusqu’à Yom Kipour, notre tradition nous propose comme Sidra de cette semaine un texte particulier : un chant, un poème, une « Chira ». Ce texte qui compose en grande partie la Paracha de Haazinou nous invite à prendre de la hauteur et à méditer l’œuvre de la providence à travers l’histoire.
A cet égard, un verset, parmi tant d’autres, peut retenir notre attention : « Lui, notre rocher, son œuvre est parfaite, toutes ses voies sont la justice même; Dieu de vérité, jamais inique, constamment équitable et droit » (Dévarim 32,4). Ce verset est célèbre car il témoigne de notre foi dans la justice divine absolue, même si elle échappe parfois à l’entendement humain.
Il n’est pas toujours facile pour l’homme de l’accepter car la vie lui donne l’illusion que son esprit peut comprendre les règles de fonctionnement du monde et de la nature. Aussi, lorsque certaines choses lui échappent, lui paraissent illogiques ou injustes, D.ieu nous en préserve, il peut avoir tendance à en être profondément troublé, voire révolté.
Ce verset vient nous rappeler une sagesse élémentaire mais parfois très difficile à ancrer dans son cœur : d’une part, D.ieu est notre Rocher, notre Bouclier, notre Protecteur en toute circonstance et, d’autre part, la justice de D.ieu est parfaite.
Même le pêcheur bénéficie de cette bonté infinie et cette justice absolue. Souvenons-nous des derniers mots que nous avons lu à Kippour : « Mais si le méchant revient de toutes les fautes qu'il a commises, qu'il observe toutes Mes lois, qu'il pratique le droit et la vertu, il vivra et ne mourra pas. Aucun des péchés qu'il a commis ne lui sera compté ; grâce à la justice qu'il a pratiquée, il vivra. Est-ce que Je souhaite la mort du méchant, dit le Seigneur D.ieu, ne préféré-Je pas qu'il revienne de sa conduite et qu'il vive ? […] C'est pourquoi Je vous jugerai chacun selon ses œuvres, maison d'Israël, dit le Seigneur D.ieu ; revenez, détachez-vous de tous vos péchés, pour qu'il n'y ait plus pour vous d'occasion de faute. Rejetez loin de vous tous les péchés que vous avez commis, faites-vous un cœur nouveau et une âme nouvelle, et pourquoi mourriez-vous, maison d'Israël ? Car Je ne désire pas la mort de qui meurt, dit le Seigneur D.ieu, revenez et vivez ! » (Ezechiel 18, 21-32)
En méditant ces versets, l’homme peut ainsi comprendre qu’il a le privilège d’être protégé au quotidien par l’Eternel qui souhaite lui prodiguer le Bien et l’orienter vers les chemins porteurs de vie. Il peut ainsi acquérir une conscience apaisée et un esprit en quiétude (« Yichouv Hada’at Véménou’hat Hanéfech »), qui échappe aux tourments du doute, de la révolte et du désespoir.
A cet égard, mentionnons cette histoire fameuse d’un grand maître ‘hassidique (rapportée par le Rav A. Twerski), le Rav Shimon de Yaroslav, qui avait eu le privilège de vivre longtemps, bien au-delà de l'âge de 100 ans. Lorsqu'on lui demanda quel était le mérite qui lui permit d’avoir une vie si longue et si saine, il répondit ainsi :
"Ne croyez pas que j'ai eu une vie facile. J'ai eu mon lot de difficultés et de douleurs comme tout le monde. Au contraire, parce que j'ai vécu plus longtemps, j'ai eu plus d'occasions de souffrir. Il aurait été très facile et naturel de se plaindre à Hachem : « Pourquoi cela a-t-il dû arriver ? Pourquoi ça n'aurait pas pu se passer autrement ? »
Cependant, je craignais que si je commençais à exiger une justification et une explication des voies d'Hachem, la Cour Céleste dise : "Si ce rabbin veut tant de réponses, appelons-le ici et donnons-les lui". Je n'ai donc jamais posé ce genre de questions. Je n'avais pas plus de réponses que n'importe qui d'autre, mais comme je ne les ai jamais demandées, ils m'ont laissé rester ici pendant un certain temps !"
Puissions-nous, nous aussi, avec l’aide d’Hachem, avoir le mérite de développer, chacun à son niveau, une confiance apaisée et forte dans la providence divine et jouir ainsi d’une longue vie en pleine santé, dans la voie de la Torah et des Mitsvot !