Dans la Paracha de la semaine, Ekev, Moché s’adresse au peuple d’Israël en disant (10, 12) : « Et maintenant, qu’est-ce que Hachem attend de toi ? » Le Midrach explique que le terme « Qu’est-ce que », מה en hébreu, fait allusion aux Méa Brakhot (cent bénédictions) qu’un Juif a l’obligation de réciter chaque jour (comme cela est rapporté dans le Choul’han Aroukh, Siman 46 du Ora’h ‘Haïm). Ne lis pas « ma », mais « méa » continue le Midrach.
C’est le roi David qui institua l’obligation de réciter les cent bénédictions, lorsqu’il constata que chaque jour mouraient cent hommes du peuple d’Israël de manière inexpliquée. Et effectivement, dès que le peuple suivit son injonction, l’épidémie s’arrêta.
Or, en quoi les cent Brakhot journalières sont-elles si importantes qu’elles ont la force d’annuler un décret de destruction ? D’ailleurs, après l’explication des Sages selon laquelle ce verset fait allusion aux cent bénédictions, la formulation de la question « qu’est-ce que Hachem attend de toi » indique que réciter cent bénédictions par jour est fondamental.
Rav Pinkous explique que le but de la Thora est de nous permettre de nous rapprocher de la manière la plus intime possible avec Hachem. Le don de la Thora est d’ailleurs comparé à une alliance et une union entre Hachem et Son peuple. Il est donc extrêmement important qu’il y ait une communication saine et fluide entre les deux « partenaires ».
Hachem nous demande : « Parlez-Moi ! » (si l’on peut s’exprimer ainsi). Cent fois par jour, nous nous adressons donc à Hachem pour Le supplier de nous accorder telle chose ou pour Le remercier de Ses bontés. Nous tissons de la sorte avec le Créateur une relation où nous reconnaissons notre dépendance totale vis-à-vis de Lui.
La raison pour laquelle David, lors de cette épidémie, a institué la récitation des cent Brakhot journalières est qu’il a encouragé le Klal Israël à renouer son lien avec le Créateur. À quoi cela ressemble-t-il ? À deux personnes qui se sont disputées et dont un ami commun trouve une astuce pour qu’elles se reparlent de manière amicale. S’il y parvient, la majeure partie de leur colère s’atténuera. C’est ce que le roi David a enseigné au peuple d’Israël : lorsqu’Hachem est en colère, parlez-Lui avec douceur, et cela L’apaisera. Remerciez-Le de nous avoir donné du pain chaque jour, remerciez-Le de nous avoir donné de l’eau chaque jour, et ainsi de suite, cent fois par jour, et vous verrez que Son amour pour nous se fera à nouveau ressentir…
Remarquons ici que des 613 Mitsvot ordonnées par la Thora et des 7 Mitsvot instituées par les Sages (en tout 620 qui équivaut à la guématria du mot כתר, couronne), la Mitsva que nous bâclons le plus est celle des Brakhot ; nous avons malheureusement la fâcheuse tendance à avaler la Brakha avec l’aliment que nous mangeons, et la plupart du temps, en écorchant les mots.
Rappelons-nous donc que prononcer correctement une bénédiction, c’est entretenir notre lien avec Hachem, et avoir un bon contact avec le Tout-Puissant, ça vaut toujours le coup…
Qu’Hachem nous ouvre toutes les portes des bénédictions ! Amen.