Il est écrit dans la Torah, parachat Ekev : כִּי כַּאֲשֶׁר יְיַסֵּר אִישׁ אֶת בְּנוֹ יְהוָה אֱלֹהֶיךָ מְיַסְּרֶךָּ ("Si l’Eternel ton D.ieu te châtie, c’est comme un père qui châtie son fils").
Ce verset nous apprend que même lorsqu’un homme est accablé de tourments, il doit savoir que ceux-ci ne sont que pour son bien.
On raconte qu’un grand érudit tunisien était très éprouvé dans sa vie. Il était souffrant, terriblement pauvre et cette situation lui causait une peine immense. Il apprit un jour que le ’Hida, le grand maître de cette époque, devait prochainement être de passage à Tunis, pour ramasser des fonds pour les Juifs d’Israël.
A cette annonce, l’érudit se réjouit vivement, en se disant qu’il irait rendre visite au ’Hida pour lui faire part de
ses tourments et lui demander qu’il prie en sa faveur. « Je suis certain que ceci m’apportera la solution à tous mes problèmes, se convainquit-il, car jamais la prière d’un Juste n’est rejetée dans le Ciel. » Lorsque le ’Hida arriva en Tunisie, il fut invité à prononcer un discours dans un certain beth haMidrach.
Informé de ces faits, l’érudit en question décida de s’y rendre au même moment, dans l’espoir d’y rencontrer le grand maître. Lorsqu’il arriva sur les lieux, le ’Hida était en plein discours et la salle était comble. En se faufilant dans la foule, l’homme trouva une petite place libre tout près de la porte et s’y installa en attendant la fin du sermon. Une fois assis, il ressentit soudait une grande fatigue et finit par s’endormir.
Dans son sommeil, il eut un étrange songe, dans lequel il se voyait mourir, et après son propre enterrement, son âme rejoignit le monde futur. Dans les Cieux, il arriva devant le Tribunal céleste qui le jugea pour chacun de ses faits et gestes. Il vit une immense balance, dont un plateau était chargé par ses bonnes actions, et l’autre par ses fautes. Or, celles-ci s’accumulèrent à une allure effrayante et finirent par faire pencher la balance de leur côté. Mais avant que le verdict ne soit prononcé, il vit arriver un ange, tout de blanc vêtu, qui déclara devant la cour céleste qu’il avait été créé par les épreuves et les tourments que lui, l’érudit, avait endurés durant sa vie. Il demanda donc à ce que la somme de ses souffrances soit additionnée au nombre des mérites, ce qui fut fait.
Peu à peu, au fur et à mesure qu’on ajoutait des épreuves au plateau des mérites, le fléau de la balance commença à se redresser. Mais lorsque le compte fut fait, il s’avéra qu’il manquait encore un tout petit peu de souffrances pour faire pencher la balance favorablement. L’érudit éclata alors en sanglots et se plaignit amèrement de n’avoir pas été suffisamment éprouvé durant sa vie.
A ce moment précis, le sermon du ’Hida se termina et quelques fidèles récitèrent le Kaddich dans la synagogue. Lorsque toute l’assemblée répondit en choeur « Amen yéhé chémé raba », l’érudit s’éveilla soudain de son rêve. Juste après le Kaddich, le ’Hida vint lui-même le trouver et lui dit : « On m’a dit que vous me cherchiez. En quoi puis-je vous être utile ? » Se souvenant nettement de ce qu’on lui avait montré dans le rêve, l’érudit répondit : « Je ne demande rien, si ce n’est que vous priiez en ma faveur, pour que je mérite d’entrer dans le monde futur sans encombres. » Le Rav lui accorda sa bénédiction, et ils se quittèrent sur ces mots.
Cette histoire fait écho à l’enseignement de nos Sages, selon lequel « les tourments sont extrêmement précieux »… (Sanhédrin 101).